Immigration de jeunes japonaises promises à un mariage aux
Etats-Unis au début du XX° siècle,
et leur déportation après Pearl Harbour.
En exergue : L’Ecclésiaste.
« Certains
d’entre eux laissèrent un nom qu’on cite encore avec éloge.
D’autres n’ont laissé
aucun souvenir et ont disparu comme s’ils n’avaient pas existé.
Ils sont comme n’ayant
jamais été.
Et de même leurs
enfants après eux. »
Ce livre court (140 pages) et intense retrace un épisode qui
a concerné, comme j’ai pu le lire dans un article du journal « Le Monde », quelque 120 000
Japonais, en 1942, déplacés ou internés.
Le propos n’est pas historique, mais simplement humain,
terriblement humain, pour évoquer sa petite musique durassienne.
L’usage du « nous » est privilégié sans que cela
apparaisse comme un procédé.
Cela m’a paru donner une force supplémentaire à cette oeuvre
alors que d’autres lecteurs n’ont pas goûté ce qui apparaît comme trop anonyme.
L’effet de masse est admirablement rendu qui peut renforcer pour
le lecteur occidental l’idée d’un monde asiatique vu comme une foule uniforme,
mais c’est ainsi qu’elles envisagent les blancs, également.
« Est-ce vrai que
les femmes en Amérique n’ont pas à s’agenouiller devant leur mari, ni à mettre la main sur
la bouche quand elles rient ? »
« Nous » dit la solidarité mais aussi la
diversité des destins qui s’envisagent sur le bateau, les travaux variés dans
les champs mais tous difficiles, comme servantes ou dans les bordels, leurs
enfants, les distances prises avec leur
origine et leurs dilemmes. Leur départ à nouveau.
Qu’il leur a fallu du courage, de l’énergie, de la résignation,
de la dignité !
Alors les infimes
fantaisies qu’elles se permettent, prennent une dimension exceptionnelle dans
la litanie des malheurs, des humiliations.
« À la fin des
moissons, nous faisions seize kilomètres à pied pour aller en ville nous offrir un petit cadeau : une
bouteille de Coca-Cola, un nouveau tablier, un tube de rouge à lèvres, en espérant
avoir l’occasion de l’essayer un jour. »
Un chœur qui nous remet au cœur de l’actualité des
migrations depuis le point de vue de déplacés qui ont composé ce « melting
pot » dont on nous parlait jadis et qui semble bien troublé
désormais.
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