J’ai entretenu avec Plantu des rapports fluctuants, estimant
du temps où Le Monde était le journal de référence que chacun de ses dessins,
chaque après-midi, était le dessin du jour, puis je me suis lassé et je me suis placé plutôt du côté des ricaneurs
qui le trouvaient mièvre, conventionnel, souhaitant que ses colombes aillent
nicher dans des « pigeonniers contraceptifs » tels que notre ville,
apaisée… pour les oiseaux, va en introduire.
Au moment où je me suis remis au Monde après des années
d’abonnement à Libé, ma commentatrice la plus fidèle m’a offert un recueil de
190 pages sous titré « Petit lexique de l’autocensure » .
Nous sommes en 17, deux ans après les morts de Charlie ; une
innocente souris apparaît bâillonnée sur la couverture.
En ce qui concerne la liberté d’expression en France : pas
de doute, c’était mieux avant !
La mignonne petite bête, quand elle est dans son coin,
permet le contrepoint, la fugue, le surlignage, l’ajout de quelques nuances à
un premier degré devenu bien envahissant.
La récurrente
bestiole est mise dans les pattes de Hollande ou de Vals dans ce qui constitue
pour l’essentiel un rappel de dessins de l’année 2015.
Un lexique en désordre alphabétique précède une
récapitulation dramatique qui se supporte un peu mieux avec les oreilles rondes
de la rongeuse.
Les paragraphes qui commencent par « Tignous », sont titrés :
«Doigts brisés »,
« Politiquement correct et raie des fesses », « Forcing en
banlieue » « Corse »…
« Un dessin
critiquant le Syndicat du livre (il a écrit « syndicat de
l’imprimerie ») est inimaginable dans un quotidien français ».
Le caricaturiste est un gentil : il a toujours
représenté Martine Aubry comme elle était à trente ans et il choisit pour
illustrer un entretien avec Leïla Shahid, une photographie de l’ancienne
porte-parole de la Palestine
à Paris datant de quelques années.
Le dessinateur qui causa à l’oreille d’Arafat reconnaît
l’emprunt de son personnage intercesseur auprès de Géo Trouvetout et sa lampe
qui s’animait quand il avait une idée dans Le Journal de Mickey, moi j’avais
pensé à l’impertinente et flegmatique coccinelle de Gotlib.
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