Devant les amis du musée, le conférencier Fabrice Conan a rassemblé sous le titre « Le
réalisme vertueux » : Jean
Baptiste Greuze qui eut une grande notoriété de son vivant et Joseph-Marie
Vien, le seul peintre qui ait eu
les honneurs du Panthéon.
Des nuances seront
apportées aux images dites de calendriers, quand Greuze y figurait au temps où
la morale était en vue, avec ses femmes aux sentiments froissés et ses garçons
aux yeux mouillés.
Né à Tournus en 1725, sa précocité fut repérée par le
peintre lyonnais Grandon. Il monte à Paris et ne suit pas le chemin
balisé qui l’aurait conduit vers la peinture d’histoire, la plus prestigieuse.
Alors que les artistes flamands réalistes sont davantage
reconnus, le quotidien apparait dans ses toiles, loin des nymphes sur leurs
nuages et des canons académiques.
Il fut comparé à Molière pour la vérité de ses œuvres, qui au
Louvre « fixent un moment la hâte des caravanes étrangères ».
Un de ses premiers tableaux
dont le titre « Le petit paresseux » n’est
plus adapté aux convenances d’aujourd’hui, révèle un moment d’intimité simple et
émouvant.
C’est le temps de Marivaux. Si les vertus sont exaltées, la
pompe et la solennité sont éloignées. « Les œufs cassés » signifient
la perte de la virginité d’une jeune fille.
Greuze ne sera pas particulièrement attiré, comme d’autres,
par les ruines romaines en accompagnant un mécène, en Italie. Mais « Le
manège napolitain », avec le geste de la même origine, d’une jeune
fille signifiant son mépris à un faux marchand qui voulait la séduire, peut
constituer un souvenir plaisant de ce voyage.
Le marquis de Marigny lui commanda
deux tableaux pour la marquise de Pompadour, envers laquelle il ne se montra
pas particulièrement courtisan : « La
simplicité » formait le
pendant d’« Un Berger qui tente le sort pour savoir s'il est aimé
par sa bergère ».
Une de ses œuvres les plus célèbres s’intitule: « Un mariage, et l’instant où le père
de l’accordée délivre la dot à son gendre, dit « L’Accordée de village ». A son propos Diderot écrivait : « Le sujet est
pathétique, et l'on sent gagner une émotion douce en le regardant. La
composition m'en a paru très belle : c'est la chose comme elle a dû se passer.
Il y a douze figures : chacune est à sa place, et fait ce qu'elle doit ». L’auteur avait su se faire attendre, et
le succès viendra dès sa présentation ; la cote s’élèvera au dessus de la
moyenne. L’encyclopédiste qui voyait la concrétisation de son goût pour la
peinture morale avait prévu qu’il
s’agissait d’une « peinture
particulièrement destinée à être copiée ».
Madame Geoffrin, dont
le salon était célèbre, parla d’une « fricassée d’enfants » dans « La
mère bien aimée ». Il avait
aussi son franc parler, quand devant faire le portrait de la dauphine, il
demanda qu’on l’en dispense parce qu’ « il ne savait pas peindre de pareilles têtes ».
Son mariage avec la belle
Anne-Gabrielle Babuti ne fut guère heureux et sa vraie vie oublia les
scènes vertueuses de bonheur familial.
Pour le plaisir de partager ce portrait d’enfant parmi les
nombreux qu‘il proposa, je choisis « L’oiseau mort » dont il
existe plusieurs versions.
Les portraits de Bonaparte, Talleyrand, Franklin et du jeune
Mozart témoignent d’une vie riche, commencée avec Louis XV et qui se finit sous
l’empire en 1805.
Le tableau « L'Empereur Sévère reproche à
Caracalla, son fils, d'avoir voulu l'assassiner » constitue aux
yeux des historiens de l’art «un ancêtre
inattendu à la peinture néo-classique française ».
Jacques-Louis David
fut le représentant le plus connu de ce style plus épuré que les titres des tableaux, il s’agissait de « régénérer les arts en développant une
peinture que les classiques grecs et romains auraient sans hésiter pu prendre
pour la leur ».
Il eut Vien comme maître. Celui-ci fut prix de Rome avec
« David se résignant à la volonté du Seigneur qui a frappé son royaume
de la peste ».
Le montpelliérain n’honora pas seulement des commandes
royales : « Saint Thibault offre au roi Saint Louis et à la reine
Marguerite de Provence une corbeille de fleurs » sur fond
d’architecture antiquisante.
Sa « sultane
reine » et son « sultan noir », études pour « La
caravane du sultan à la Mecque »,
sont restés comme des témoignages des mascarades mémorables qui se déroulaient alors à Rome dans ces années 1748 .
Vien vécut 93 ans.
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