Même si depuis 10 ans, je ne suis plus dans l’active, je me
sens plus légitime à causer de l’école qui a employé ma vie que de la crise
grecque dont les caricatures m’accablent.
Je continue de goûter les mots autour de la maison des
promesses : l’école.
Certes avec « promesse », un tel mot fleuri, je livre
une vision poétique et niaise, ô combien datée d’une institution qui vise
aujourd’hui à flatter plutôt les paresses de préférence au travail.
Les mots
s’usent ou signifient leur contraire comme cette revendication paradoxale de
moins d’état quand les souverainistes ont le vent en poupe et en appellent à
de petites nations.
Les annonceurs s’obstinent à parler de beau temps lorsque la
terre brûle, et l’idée est vendue que pour mieux embaucher : il faut
licencier plus facilement.
Le ministère (pas le magistère) dit valoriser le latin alors
que sa suppression est actée; je me retrouve du côté de D’Ormesson à trouver
Najat VB « charmante », quitte à faire grincer les dents de celles
qui n’ont pu en dire autant de Luc Ferry qui eut pourtant ce bon mot :
« Le bac :
pour ne pas l’avoir, il faut en faire la demande »
Je me garderai de gloser sur le mot « travail »
quand une collègue raconte le soin qu’elle avait apporté pour rendre le premier
jour ludique et qu’une petite lui demanda : « quand est ce qu’on travaille ? »
Je veux juste pointer la disparition du mot
« retenir » qui dans notre univers fugitif entre mémoire
incontinente, et avalanche d’images, rejoint le terme « inscription »
dans quelque caverne de polystyrène, quant à « élever » : ne se
dit même plus pour les poulets et « instruction » figure elle encore
dans les registres de l’armée ?
Comme dit Régis
Debray : « nous créons du neuf
à partir de ce que nous avons reçu » mais que peuvent saisir des politiques
à la volonté défaillante où le surf sur l’opinion ne leur épargnera même pas le
bouillon ?
En cette rentrée des blogs, dans mes rédactions, où je
prolonge le plaisir suranné de choisir mes mots, je vais m’appliquer à ne point
trop déplorer, tout en sachant que les occasions ne manqueront pas, de
s’indigner devant quelques notoires notables, tant d’assurés si sûrs, et autres
infaillibles trompeurs.
Notre excellent député, Brottes, va chez EDF, c’est bien
payé, et pour lui on se débrouille pour qu’il n’y ait pas d’élection partielle;
notre conseiller départemental, Ribeaud, qui multiplie les fonctions, le
suppléera, un poste de sénateur n’étant pas vacant.
J’essayerai de ne pas être trop noir, garder la crise dans
des tonalités grises,
mais quand tant de copier/collé tiennent le haut du pavé,
quand à la tête du ministère dédié : « Modiano,
connais pas »
quand dans certains états aux Etats-Unis on n’apprend plus à
écrire,
quand on a depuis longtemps banni tout conseil en dessin,
est ce exagéré de voir des dangers quant au devenir des
savoirs ?
« A quoi bon
apprendre, c’est sur Internet ».
....................
Pas dessin du "Canard" cette semaine, ils m'ont semblé tellement anecdotiques, mais cette image transmise sur facebook:
Tu te souviens quand le Robert mettait en première définition du mot "travail" le labeur de la femme (dans la souffrance...) afin de mettre au monde un enfant (et non "un produit"...) ?
RépondreSupprimerSi tu t'en souviens, tu as des éléments pour comprendre à quel point "nous" nous acharnons contre le travail.
Je me répète.
Contente de te relire.