Les grilles de Ceuta et
Melilla, enclave européenne au Maroc où viennent s’agripper des
milliers de migrants, ou plutôt leur réplique, étaient installées sur la scène
de la MC2 dans le
cadre du festival des Détours de Babel dont le thème portait sur les musiques
de l’exil : nous sommes au cœur du sujet avec cet opéra circassien. Lampedusa…
Si les malheurs anciens portés sur scène nous sont
familiers, quand les tragédies contemporaines viennent sous les spots, les
risques d’indécence menacent.
C’est tout le mérite du spectacle de décrire les
souffrances des africains sans les réduire en oriflammes, ni en marionnettes.
La musique et les voix n’agrémentent pas une quelconque mélodie du bonheur,
elles apportent cependant la distance, les acrobates procurent l’intensité, la
vigueur, la plus évidente évocation de la solidarité.
Une s’entortille non dans une corde à grimper mais
dans des chaines, d’autres pirouettent dans des dispositifs périlleux. A un moment
dans l’alternance des vidéos, l’illusion est parfaite pour que l’on imagine
deux voltigeurs dans l’eau en des mouvements de tissus d’une lumineuse poésie.
Les grilles immenses permettent un ballet vertical et les écrans où sont
projetés des images, procédé plus vraiment neuf, dans ce contexte, évoquent autant
de parois, quand écran signifie séparation. Rideau. Les voix sur un livret de
Laurent Gaudé et des musiques mêlant musique baroque et jazz aux accents andalous
permettent la réflexion sur un sujet au centre de notre condition humaine.
Nous sommes nés du bon côté des grillages, dans un Eldorado,
et nous ne le savons plus. Amnesty International qui souhaite « protéger
les migrants et non les frontières » a soutenu le spectacle.
Hmmm... pourquoi est-ce devenu impensable qu'on puisse protéger les migrants EN protégeant les frontières, je me le demande ?...
RépondreSupprimerLe spectacle devait être saisissant, et beau, d'après ton compte rendu.
Merci.