Le cycle de conférences consacré au siècle d’or de la
peinture hollandaise a débuté avec Serge Legat.
Il a rappelé aux amis du musée de Grenoble que le
Rijksmuseum (« Musée d'État ») d’Amsterdam qui vient d’être à nouveau
inauguré après 10 ans de travaux était
le dernier acte officiel de la reine Béatrix. Elle excusait ainsi son
lointain ancêtre Guillaume III qui en 1885 déclara : « Jamais je ne mettrai le pied dans ce couvent ! » en parlant du bâtiment destiné à présenter toute
la peinture hollandaise.
Le style néo gothique mêlé à celui de la renaissance ne
convenait point à son protestantisme.
Etait présenté ensuite le portrait, par Adrien Thomasz Key, du père de la patrie, Guillaume d’Orange Nassau
aussi appelé « Guillaume le taciturne », pour situer le contexte
historique.
Après une guerre de 80 ans contre les espagnols, les Provinces
Unies ont gagné leur indépendance et très vite, ont accédé à la prospérité au
XVII° siècle.
Ce petit pays, qui n’a pas hésité à détruire ses digues pour
empêcher les troupes de Louis XIV de l’envahir, est bâti par un peuple dont un
habitant sur dix était marin. Sa flotte fut la première d’Europe, en lien avec
le monde entier. La bourse d’Amsterdam est alors florissante, les banques puissantes,
le négoce prospère. Pays neuf, dirigée par les classes moyennes, son art est
bourgeois et non aristocratique, réaliste et non idéaliste.
Une société tolérante, pour laquelle les livres sont
importants, accueille les persécutés (juifs) ; la religion est très présente, la rigueur est de mise. Il
n’y a pas de hiérarchie dans les genres artistiques comme en France royaume de la
peinture d’histoire. Les sujets sont populaires, la spiritualité nait du
profane.
Au pays des natures mortes somptueuses,
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/03/la-nature-morte-2-le-xvii-siecle-lage.html , quand ne subsistent que les reliefs d’un repas, cela signifie que les plaisirs de la table sont passés : la vie est brève, fragile l’existence, Dieu est tout puissant.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/03/la-nature-morte-2-le-xvii-siecle-lage.html , quand ne subsistent que les reliefs d’un repas, cela signifie que les plaisirs de la table sont passés : la vie est brève, fragile l’existence, Dieu est tout puissant.
Des sujets simples se reflètent dans les eaux, les paysages
sous des ciels en majesté, témoignent d’une fierté des artistes vis-à-vis de
leur environnement. Et quand il prend à Pieter Jansz Saenredam l’envie de peindre des églises reconverties en
temples, la sobriété est grandiose.
L’école d’Utrecht fait
entrer les lumières caravagesques dans les tableaux, dans un « concert » ou avec « l’arracheur de dents ».
Quand le chien de la
fidélité est endormi, la femme qui enlève un bas,"Femme à sa toilette", de Jan Steen, est de petite
vertu.
« Une mère épouillant son enfant » de Pieter de Hooch est une bonne mère.
Frans Hals, premier de la trilogie qui abordera Rembrandt et Vermeer, est essentiellement
un portraitiste alors qu’aux Pays Bas s’invente un marché libre de la peinture
qui n’est donc plus seulement fruit de commandes.
La légende d’un artiste violent, alcoolique, impécunieux
s’éloigne dans les biographies d’aujourd’hui qui ne sont toujours pas sûres de son
année de naissance à Anvers ; cependant depuis l’installation de la
famille à Haarlem, où il passera sa vie, les documents suivent ses deux
mariages et sa descendance nombreuse.
Dans le tableau
« Catharina Hooft et sa nourrice » le maître du noir donne toute
sa mesure et la virtuosité n’est pas que dans la collerette; les expressions
des deux personnages sont tellement vivantes.
Les touches
picturales allusives s’affirment dans leur liberté avec «Deux garçons
chantant » « Le bouffon jouant du luth » ou « Le garçon
jouant de la flute », « Le cavalier souriant ».
Les portraits de
grands bourgeois avec Monsieur sur un tableau et Madame sur un autre respirent
la force de ces flamandes de Brel, telles qu’en elles mêmes :
« Si elles
dansent, c'est parce qu'elles ont cent ans
Et qu'à cent ans il est bon de montrer
Que tout va bien qu'on a toujours bon pied
Et bon houblon et bon blé dans le pré »
Et qu'à cent ans il est bon de montrer
Que tout va bien qu'on a toujours bon pied
Et bon houblon et bon blé dans le pré »
Les visages sont superbes seuls ou en couple et les
gigantesques assemblées de groupe banquetant ou en cortège quand les
individualités sont mises en valeur sont très célèbres :
« Les archers de Saint-Georges », « de Saint-Adrien, « La Maigre Compagnie » terminée par Pieter Codde était pour Van Gogh le plus beau tableau du monde.
« Les archers de Saint-Georges », « de Saint-Adrien, « La Maigre Compagnie » terminée par Pieter Codde était pour Van Gogh le plus beau tableau du monde.
Mais ce sont les portraits de caractère, du genre de
« La bohémienne », de la « Malle
Babbe (La femme à la chouette) »,
du « Jeune garçon riant » qui
feront le plus école : de Fragonard à Courbet ou Manet.
« Peindre d’un
seul coup, autant que possible, en une fois ! » Vincent Van
Gogh
La matière glissante, les rehauts à peine brossés ; la
technique très minutieuse se libère.
Dans les « Régentes de l’hospice des vieillards de Haarlem »,
la palette se réduit, et ce témoignage de vérité peint à 80 ans divise
critiques et admirateurs : la tension intérieure annonce les
expressionnistes.
« Ni dans Goya ni
dans Gréco, il n’y a rien d’aussi magistral et d’aussi effrayant, car l’enfer
même a moins de terreur pour nous » Paul Claudel n’y allait pas avec
le dos du goupillon.
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