L’historien spécialiste de la guerre dont on commémore le
centenaire a rédigé en 140 pages un récit de filiation.
«… je m’en suis
tenu à ce que la Grande
Guerre a fait aux miens, à la manière dont elle a traversé
leur existence, quitte à inscrire ses effets au-delà même de leur propre
vie. »
Il ne met certes pas ses tripes à l’air au bord de la
tranchée éditoriale, mais avec la rigueur de l’universitaire remonte aux
souvenirs familiaux qui portent bien au-delà des quatre ans de conflit. Chaque
mot a son poids : le titre sans point d’exclamation situe l’enjeu d’un témoignage
personnel interrogeant la matière de son enseignement ; « quelle histoire » ce sont aussi
les derniers mots de son père à la veille de sa mort lorsqu’il l’emmène à
l’hôpital, comme celui-ci avait conduit le sien à la fin d’une vie détruite.
Les lettres manuscrites qui sont un support essentiel de la
mémoire, dans ce conflit en particulier, même lorsqu’elles mentent, sont
signifiantes. En prenant le temps de les replacer dans leur contexte, nous en
percevons le retentissement tout au long des événements qui ont suivi :
seconde guerre, aventure surréaliste pour le père de l’auteur, 68 en France, en
Tchécoslovaquie, et surtout la répercussion des silences !
Bien des thèses à propos de la « Grande » guerre
sont unilatérales entre le bourrage de crane et le départ vers une guerre
fraiche et joyeuse. Nous sommes amenés depuis le témoignage stéréotypé d’un
arrière grand père cocardier jusqu’au pacifisme exalté deux générations plus
tard, à revisiter à nouveau nos histoires et réviser l’histoire.
«Le tueur qui avait
fracassé les relations des pères et de des fils sur trois générations, je n’ai
jamais abandonné sa poursuite. Robert était sorti indemne de la guerre mais il
l’avait perdue. Faute d’avoir compris la défaite de son père, Philippe perdit à
son tour d’autres guerres. J’ai voulu comprendre leur défaites, j’ai tenté de
la faire par l’histoire. Ceci bien sûr, à mon insu. » écrit Stéphane,
frère de Fred Vargas.
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