Le musée national est un peu vieillot mais sa visite qui nous
fait traverser l’histoire de l’Ethiopie vient opportunément en conclusion de
notre voyage. Nous restons un moment à contempler les restes de grand maman de
3.5 millions d'années Lucy (Australopithèque afarensis) : oui Lucy celle des Beattles « in the sky with
diamonds (LSD)» et de deux autres
aïeux dont nous avons oublié les noms. Des poteries et des bronzes de l’époque
sabéenne, quelques statues ou bas relief sur un trône rappellent les
représentations égyptiennes et mésopotamiennes. Une maquette figure le palais
d’Axoum. Au centre du même étage les vitrines protègent des habits de notables,
surprenant avec leurs broderies de fil d’or dignes des uniformes de l’Empire
napoléonien avec un trône démesuré destiné au roi des rois. L’étage
intermédiaire expose des peintures de différentes époques qui ont le mérite de
raconter des évènements historiques de manière plutôt naïve accompagnées de quelques sujets religieux. De magnifiques
chaises taillées directement dans un tronc excitent notre convoitise. Le
dernier étage est consacré à l’ethnographie, les objets sont classés par
thème : belle révision de ce que nous avons pu voir.
Lorsque nous sortons, le ciel se charge de nuages sombres,
dans le parc, nous nous approchons d’une vieille Ford première voiture
d’Ethiopie appartenant à Hailé Sélassié « avant que les routes
existent » précise notre guide. Il nous raconte aussi comment le
propriétaire d'un chien qui venait d'être écrasé réclamait une compensation
financière qui prendrait en compte le préjudice des récoltes qui ne seraient
plus protégées des bêtes.
Nous nous élevons à 3200 m d’altitude sur la colline d’Entoto
encore couverte de forêt d’eucalyptus fins et serrés, peu à peu remplacés par
des essences d’origine (avant Ménélik 2).
Le temps de plus en plus bouché et la pollution empêchent
d’apprécier pleinement le paysage. Le minibus nous laisse devant l’église St
Raguel très fréquentée jusqu’au 15 août en raison du grand jeûne. Les écharpes
blanches des fidèles drapées sur la tête ou les épaules émergent de la brume. Une
file de mendiants sévèrement encadrés par un responsable attendent de percevoir
l’aumône favorisée par cette période religieuse.
Un guide nous conduit vers l’ancien palais de Ménélik II et
de l’impératrice Taitu. Il s’agit de deux grosses bâtisses modestes chaulées
surmontés de toits de chaume dont l’armature tient avec des liens de cuir. Du
chaume dépassent des morceaux de bois. Nous visitons la maison de réception qui
contient la salle à manger contigüe à la resserre munie de cornes de bœuf pour
suspendre la viande. La plus grande salle comporte cinq portes d’entrée,
chacune attribuée à des personnes bien définies. Seule la porte donnant accès à
des personnes peu importantes est plus basse, les forçant à s’incliner.
Lorsque nous sortons, la cohorte des mendiants s’est
dissoute, nous longeons le campanile et la première église provisoire, une
chapelle voulue par Ménélik.
Dès que nous revenons au centre ville s’abat une pluie
diluvienne dans une circulation compliquée par l’absence de feux rouges et de
priorité respectée. L’eau s’infiltre dans le minibus par les caoutchoucs
fatigués des fenêtres. Nous gagnons l’Alliance Française où nous devons manger.
Le temps de passer du minibus au restau de l’Alliance nous sommes trempés mais
trouvons porte close car le restau est en réfection. Le minibus fait le maximum
pour récupérer notre troupeau éparpillé. La cour de l’Alliance se transforme en
torrent déferlant d’une eau marron dont la terre saturée ne veut plus. La seule
chose aperçue de l’Alliance restent les taupières recouvrant le mur d’enceinte
comme un bas relief de verdure où se dessine la tour Eiffel.
La solution de repli est vraiment pleine de charme : le
« Taitu hôtel » est le plus vieux restaurant d’Addis créé par
l’impératrice Taitu en faveur des visiteurs pour qu’ils y trouvent repos et
confort. C’est un très joli endroit avec plusieurs salles, un escalier en bois
conduisant à un large salon à peine meublé et aux chambres aujourd’hui
sommaires mais qui laissent place à
l’imagination. Tout le monde se régale et goûte au charme des lieux, rendus
nostalgiques par un piano un peu répétitif et discret. Nous séchons.
Une accalmie nous permet de faire notre shopping au marché
artisanal. Les marchands refusent de baisser leurs prix mais dès que l’on
repasse le seuil de leur boutique, la plupart du temps ils nous
rappellent ; M. déclenche l’hilarité générale lors du marchandage d’un
petit bonnet pour ma petite fille en utilisant un langage expressif ou
« tricoti tricota » a du succès. Nous dépensons nos deniers birrs et même
davantage, M. et JJ. jouant les banquiers.
Un dernier tour de ville en minibus nous donne la mesure
d’une ville beaucoup plus moderne que dans nos premières impressions, des
immeubles se construisent, les magasins des nouveaux quartiers s’européanisent,
la voirie s’améliore.
Nous buvons le pot de l’amitié après avoir rempli le
questionnaire de l’agence Nous nous
séparons à l’aéroport : Girmay prolonge son séjour d’une semaine pour
rencontrer des amis. Au contrôle J. doit
se séparer de boutures de plantes et d’euphorbes soigneusement emballées dans
son sac de voyage.
Nous n’avons pas été prévenus d’une escale à Khartoum avant
de monter dans l’avion, elle dépasse largement les 16 minutes annoncées par
l’hôtesse. A notre réveil nous nous
apercevons que le pilote a pratiquement récupéré les retards accumulés.
Le temps du retour par Francfort parait court.
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