dimanche 16 décembre 2012

Dave Brubeck. Antoine Hervé.



GreNews a beau jeu de relever une phrase qu’ils estiment malencontreuse dans la plaquette des programmes de cette soirée à la MC2 : le « sémillant nonagénaire toujours sur la brèche »  destinée à présenter dès le mois de juin le musicien qui allait disparaitre en décembre.
La musique de Dave Brubeck est bien  là, vivante, fringante, frétillante, aux nuances changeantes.
Antoine Hervé qui nous présentait le pianiste compositeur n’a pas perdu de son humour,  sa séance a gagné en émotion.
Quand il reprend les mots de Jack Lang qui disait que le jazz « était la plus savante des musiques populaires ou la plus populaire des musiques savantes », il ne peut que rencontrer une remarque que je réitère volontiers « se cultiver, c’est reprendre » calquée sur le très couru « apprendre, c’est répéter ».
La musique d’« A bout de souffle » je me souvenais qu’elle s’appelait « Blue rondo à la turque », et peu m’importe que « Le jazz et la java » de Nougaro se soit nommé « Three to get ready », les retrouvailles furent un plaisir jubilatoire. Le récit de la manière désinvolte de titrer les morceaux de jazz fut  par ailleurs un moment de détente.
Les insertions malicieuses du pédagogue virtuose sur «Take five » clôturèrent une soirée réussie avec trois rappels d’un public qui tint le tempo. Pourtant Brubeck avait recherché parfois des rythmes novateurs pour contrarier les foules scandant des cadences trop convenues.
Les trois morceaux les plus connus figurent dans le même album : « Time out » aux rythmes asymétriques.
Sa musique déhanchée  joua sur «  Les rythmiques du diable ».
Il forma un quartet avec Paul Desmond au saxo, Joe Morello à la batterie et Eugène Wright à la contrebasse, et nourrit ses compositions des apports de chacun.
Présenté comme un cowboy avec un soupçon de sang indien, le blanc qui de surcroit connut un succès planétaire durable avait donc des caractéristiques qui tranchaient avec la culture traditionnelle du milieu jazz. Il faisait aussi le pont avec des musiques du monde,  les contre points de la musique savante : il eut Darius Milhaud comme maître et s’il rencontra Schönberg le pape du dodécaphonisme, le jeune apprenti se fia plus à ses intuitions qu’à un esprit de système.
Issu pourtant d’une famille de musiciens, il sut cacher qu’il  ne savait pas lire la musique du moins au début de ses études. A la fin de la seconde guerre mondiale après avoir débarqué à Omaha Beach il fut remarqué par un gradé qui le dispensa de la mitraille, la musique lui sauva peut être la vie à ce moment là, en tous cas il lui consacra sa vie.
Nos trajets en sont  rendus plus guillerets.

1 commentaire:

  1. j'y étais aussi! fort belle soirée! moi qui connaît si peu de solfège, j'en ai appris des choses en si peu de temps... l'idée de filmer le clavier du dessus est géniale. En particulier on a beaucoup appris sur les rythmes, je ne savais pas que le tabla indien reposait sur une telle complexité rythmique.

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