«Je te prends comme épouse Lily, dans la richesse et la maladie, dans la joie et la tristesse, jusqu’à ce que la mort nous sépare »
C’était avant la cérémonie officielle d’un mariage, ce beau serment sera respecté et parfois oublié, mais toute la vie est bien là dans ces mots qui s’opposent.
Comme dans ce roman qui ramasse des existences aux destins chaotiques ou tout tracés, là bas au Pakistan.
Je ne savais du pays que ce qu’amène la lecture des journaux : de l’oppression, de l’obscurantisme; ce livre révèle des plaisirs élémentaires, des rêves et des drames, des visages.
Dans les années 70 jusqu’en 2000 où des changements sont à l’œuvre, nonchalamment, la malice des personnages, serviteurs et maîtres, les sauve parfois de fatalités implacables.
Le style de ces nouvelles entrelacées rend agréable la lecture des 310 pages, même si parfois le dévoiement de bien des énergies agace nos occidentales mentalités.
« Ce fut un voyage qui ramena Saleema à son enfance, au travers de villes qui ressemblaient à celles autour de sa maison, cent cinquante kilomètres plus à l'est, d'innombrables rangées de vilains immeubles en béton, des bazars grouillants, des taudis, des mares d'eaux usées envahies par des nénuphars comestibles, suivis de la pleine campagne, d'orangeraies en fleur, de champs de moutarde jaunes. Mais, cette fois, elle roulait dans une belle voiture et non dans un car vétuste, empuanti par la foule. Le soir précédent, elle s'était verni les ongles : sa main reposait sur la portière, le souffle du vent lui effleurait les doigts, elle se sentait jolie. Ils traversèrent des plantations de manguiers, des champs de blé prêts pour la moisson, Rafik égrenait son chapelet en plastique usé, récitait les quatre-vingt-dix-neuf noms d'Allah, son regard voilé laissait filer le paysage sans le voir. »
......
Le blog marque une pause en juillet août,
je reprends la pose en septembre.
samedi 30 juin 2012
vendredi 29 juin 2012
La culture peut-elle donner un sens à l’Europe ?
Il y a beau avoir été fait référence à Dante, Voltaire, Garcia Lorca… Brecht, Cervantès… nous retiendrons de ce débat de haute tenue au forum de Libé, l’éloge des échanges Erasmus dont Umberto Eco dit :
« 80% des étudiants Erasmus se marient avec des étrangers et leurs enfants deviennent bilingues ; c’est un projet d’une grande valeur sexuelle »
Le modérateur Robert Maggiori a apporté sa pierre alors que Frédéric Mitterrand se la jouait faux modeste, bien qu’il sache toujours conter à défaut de beaucoup compter.
L’écrivain italien trouve « Après deux whiskies, il existe plus d’analogie entre moi et un Suédois dans sa façon de penser qu’entre moi et un Américain ».
De l’intérêt de l’ivresse pour aller plus loin que l’impalpable. Le ministre de la culture d'alors situe une frontière de l’Europe aux dernières églises en Ukraine : « Moi qui suis agnostique et européen, je suis toujours ému quand je vois une cathédrale dans un pays éloigné». Mais il ne va pas jusqu’aux racines chrétiennes qui excluraient, il appelle à l’ouverture au monde en se montrant méfiant à l’égard des langues régionales quand elles sont repliées sur elles mêmes.
Aux Etats-Unis dans les bibliothèques universitaires, la distinction de deux philosophies est un système de classement: la continentale d’un côté, et l’insulaire empirique qui relie anglais et américains de l’autre.
Il y a 371 sens au mot culture, cela laisse de l’espace pour débattre, elle n’est pas réduite exclusivement aux livres classiques, à la langue. Elle se compose « de routes pas seulement de roots. »
C’est une attention au monde, une inquiétude, un éloignement de la nature, on ne laisse pas le cadavre de son frère aux animaux, on l’enterre.
La morale devance la coutume.
Même pendant les guerres, la germanophilie pouvait se distinguer de la collaboration, bien qu’on puisse être cultivé et tyrannique.
La culture n’est pas un linceul qui uniformise, elle n’est pas pasteurisée et le rappel de Pasolini est utile.
Il regrettait la disparition des lucioles, sous l’effet des lumières aveuglantes de l’industrie du divertissement.
....
Le dessin du Canard de cette semaine:
« 80% des étudiants Erasmus se marient avec des étrangers et leurs enfants deviennent bilingues ; c’est un projet d’une grande valeur sexuelle »
Le modérateur Robert Maggiori a apporté sa pierre alors que Frédéric Mitterrand se la jouait faux modeste, bien qu’il sache toujours conter à défaut de beaucoup compter.
L’écrivain italien trouve « Après deux whiskies, il existe plus d’analogie entre moi et un Suédois dans sa façon de penser qu’entre moi et un Américain ».
De l’intérêt de l’ivresse pour aller plus loin que l’impalpable. Le ministre de la culture d'alors situe une frontière de l’Europe aux dernières églises en Ukraine : « Moi qui suis agnostique et européen, je suis toujours ému quand je vois une cathédrale dans un pays éloigné». Mais il ne va pas jusqu’aux racines chrétiennes qui excluraient, il appelle à l’ouverture au monde en se montrant méfiant à l’égard des langues régionales quand elles sont repliées sur elles mêmes.
Aux Etats-Unis dans les bibliothèques universitaires, la distinction de deux philosophies est un système de classement: la continentale d’un côté, et l’insulaire empirique qui relie anglais et américains de l’autre.
Il y a 371 sens au mot culture, cela laisse de l’espace pour débattre, elle n’est pas réduite exclusivement aux livres classiques, à la langue. Elle se compose « de routes pas seulement de roots. »
C’est une attention au monde, une inquiétude, un éloignement de la nature, on ne laisse pas le cadavre de son frère aux animaux, on l’enterre.
La morale devance la coutume.
Même pendant les guerres, la germanophilie pouvait se distinguer de la collaboration, bien qu’on puisse être cultivé et tyrannique.
La culture n’est pas un linceul qui uniformise, elle n’est pas pasteurisée et le rappel de Pasolini est utile.
Il regrettait la disparition des lucioles, sous l’effet des lumières aveuglantes de l’industrie du divertissement.
....
Le dessin du Canard de cette semaine:
jeudi 28 juin 2012
Histoires des peintures. Daniel Arasse.
25 émissions de France Culture sont rassemblées dans ce livre de 2003.
« Il faut donc savoir voir, mais aussi avoir l’outil permettant aujourd’hui de théoriser ce qu’on voit »
Voilà l’objet même de cet ouvrage qui comporte quelques passages difficiles malgré l’humour et les qualités pédagogiques du passeur.
Notre regard sur la peinture est un regard sur le temps : avec toutes les précautions pour repérer les anachronismes, nous sommes amenés à enrichir notre vision du monde en général. Nous examinons les perspectives, découvrons dans un détail des vérités cachées. En puisant encore dans le vocabulaire de l’esthétique, quand les projecteurs sont braqués sur les conditions d’une exposition, les péripéties d’une restauration, notre regard sur la politique, sur les médias en devient plus critique.
Retrouver des œuvres familières, et par l’intelligence de celui qui aimait monter sur les échafaudages des restaurateurs de fresques, les approfondir, constitue une expérience enrichissante.
De Michel Ange à la disparition de l’objet nous entrons dans la chaîne où « le propre du créateur est de s’approprier le passé pour le transformer, le digérer et en donner un autre résultat… »
Des espaces s’ouvrent quand on envisage par exemple le maniérisme comme une réponse aux crises religieuses, économiques, politiques du XVI° siècle, « au sentiment d’incertitude, d’instabilité, de fragilité du monde »
Montaigne : « Le monde est une branloire pérenne, je ne peins pas l’être, je peins le passage »
« Il faut donc savoir voir, mais aussi avoir l’outil permettant aujourd’hui de théoriser ce qu’on voit »
Voilà l’objet même de cet ouvrage qui comporte quelques passages difficiles malgré l’humour et les qualités pédagogiques du passeur.
Notre regard sur la peinture est un regard sur le temps : avec toutes les précautions pour repérer les anachronismes, nous sommes amenés à enrichir notre vision du monde en général. Nous examinons les perspectives, découvrons dans un détail des vérités cachées. En puisant encore dans le vocabulaire de l’esthétique, quand les projecteurs sont braqués sur les conditions d’une exposition, les péripéties d’une restauration, notre regard sur la politique, sur les médias en devient plus critique.
Retrouver des œuvres familières, et par l’intelligence de celui qui aimait monter sur les échafaudages des restaurateurs de fresques, les approfondir, constitue une expérience enrichissante.
De Michel Ange à la disparition de l’objet nous entrons dans la chaîne où « le propre du créateur est de s’approprier le passé pour le transformer, le digérer et en donner un autre résultat… »
Des espaces s’ouvrent quand on envisage par exemple le maniérisme comme une réponse aux crises religieuses, économiques, politiques du XVI° siècle, « au sentiment d’incertitude, d’instabilité, de fragilité du monde »
Montaigne : « Le monde est une branloire pérenne, je ne peins pas l’être, je peins le passage »
mercredi 27 juin 2012
Mots d’enfants # 3
Merci à la grand-mère de Titouan et Lilou d’avoir transmis ces mots :
« Ça me fait des guilis sur mes cuisses, les étoiles d'araignée sous ta table. »
« - Mamie j'ai faim
- Déjà? Tu viens de prendre un bon goûter!
- Oui, mais ça va vite, mon corps, il est en pente! »
Titouan découvre que dieu n'existe pas.
"Un jour j'ai voulu le prier, eh ben il a même pas répondu....alors....."
Devant une petite souris au pied d'une énorme citrouille:
« - Oh, qu’est-ce qu'elle voit, la souris?
- Un potiron
- Non! Un gros rond »
Un jour devant une image de vaches:
« - C'est quoi ce veau?
- Son nouveau - né.
- Ah, et l'ancien, il est où? »
« Les militaires, ils doivent se mettre en garde à vue ».
Lilou, a eu quatre ans, elle est en vacances à Niort.
Au bord de la Sèvre elle observe les canards: ils vont souvent par deux.
« Ah oui, le canard et sa canaille! »
Quand Lilou n'est pas contente elle boude, elle se cache la tête dans les coussins du canapé.
« - Alors Lilou, tu boudes?
- Non, je regarde le coussin de près. »
« Ça me fait des guilis sur mes cuisses, les étoiles d'araignée sous ta table. »
« - Mamie j'ai faim
- Déjà? Tu viens de prendre un bon goûter!
- Oui, mais ça va vite, mon corps, il est en pente! »
Titouan découvre que dieu n'existe pas.
"Un jour j'ai voulu le prier, eh ben il a même pas répondu....alors....."
Devant une petite souris au pied d'une énorme citrouille:
« - Oh, qu’est-ce qu'elle voit, la souris?
- Un potiron
- Non! Un gros rond »
Un jour devant une image de vaches:
« - C'est quoi ce veau?
- Son nouveau - né.
- Ah, et l'ancien, il est où? »
« Les militaires, ils doivent se mettre en garde à vue ».
Lilou, a eu quatre ans, elle est en vacances à Niort.
Au bord de la Sèvre elle observe les canards: ils vont souvent par deux.
« Ah oui, le canard et sa canaille! »
Quand Lilou n'est pas contente elle boude, elle se cache la tête dans les coussins du canapé.
« - Alors Lilou, tu boudes?
- Non, je regarde le coussin de près. »
mardi 26 juin 2012
L’appel des origines. Nairobi. Callède Séjourné Vernet.
A la recherche de son père, une belle métisse revient en Afrique.
Nous sommes dans les années 20, sur un beau paquebot entre deux prises de vues d'un truculent réalisateur, elle file le parfait amour avec un bel anthropologue à la recherche du premier homme de l’humanité.
Destins parallèles : « un même souffle résonne au fond de leur cœur ».Too much.
Le chef de l’expédition, plein de sagesse, a la tête d’Einstein.
Les dessins, les couleurs sont bien jolis mais les personnages sont vraiment trop simplistes même si nous croisons Karen Blixen et son beau chasseur, nous sommes loin du charme d’ « Out of Africa ».
L’intérêt de cette B.D. trop lisse est limité.
A retenir seulement : Roosevelt vint faire un safari de plusieurs mois en Afrique au cours duquel 3000 animaux furent abattus.
Nous sommes dans les années 20, sur un beau paquebot entre deux prises de vues d'un truculent réalisateur, elle file le parfait amour avec un bel anthropologue à la recherche du premier homme de l’humanité.
Destins parallèles : « un même souffle résonne au fond de leur cœur ».Too much.
Le chef de l’expédition, plein de sagesse, a la tête d’Einstein.
Les dessins, les couleurs sont bien jolis mais les personnages sont vraiment trop simplistes même si nous croisons Karen Blixen et son beau chasseur, nous sommes loin du charme d’ « Out of Africa ».
L’intérêt de cette B.D. trop lisse est limité.
A retenir seulement : Roosevelt vint faire un safari de plusieurs mois en Afrique au cours duquel 3000 animaux furent abattus.
lundi 25 juin 2012
La petite Venise. Andréa Segre.
Qu’il est bon de retrouver le cinéma italien qui parle avec humanité du monde le plus actuel à travers de beaux personnages ! « O sono Li » est le titre original.
Nous en apprenons de belles sur des procédés des filières de l’immigration chinoise et aussi sur une tradition avec des lumignons flottant sur l’eau pour célébrer le poète Qu’ Yuan qui s’est suicidé 300 ans avant J.C.
Nous découvrons dans la lagune de Venise, hors saison, les pêcheurs de l’île de Chioggia qui abordent une retraite apaisée avec les copains à coup de grappa. L’eau submerge parfois les rues mais chacun vaque naturellement à ses occupations.
La tendresse entre Bépi, veuf Yougoslave depuis 30 ans en Italie, et Shun Li, une jeune fille mère chinoise arrivée sans son fils est finement traitée.
Cette amitié ne pourra durer, les communautés y sont hostiles, jusqu’à la violence.
Mais la poésie les unit au dessus des préjugés xénophobes.
Les images sont belles sans tomber dans l’esthétisme, et nous passons un moment agréable malgré quelques surlignages pas indispensables à mon avis.
Nous en apprenons de belles sur des procédés des filières de l’immigration chinoise et aussi sur une tradition avec des lumignons flottant sur l’eau pour célébrer le poète Qu’ Yuan qui s’est suicidé 300 ans avant J.C.
Nous découvrons dans la lagune de Venise, hors saison, les pêcheurs de l’île de Chioggia qui abordent une retraite apaisée avec les copains à coup de grappa. L’eau submerge parfois les rues mais chacun vaque naturellement à ses occupations.
La tendresse entre Bépi, veuf Yougoslave depuis 30 ans en Italie, et Shun Li, une jeune fille mère chinoise arrivée sans son fils est finement traitée.
Cette amitié ne pourra durer, les communautés y sont hostiles, jusqu’à la violence.
Mais la poésie les unit au dessus des préjugés xénophobes.
Les images sont belles sans tomber dans l’esthétisme, et nous passons un moment agréable malgré quelques surlignages pas indispensables à mon avis.
dimanche 24 juin 2012
Dracula. Philip Glass et Kronos Quartet.
Je vais souvent aux concerts de musique avec un brin d’appréhension surtout que la réputation de l’américain en minimaliste répétitif peut refroidir.
Je suis revenu de cette soirée de musique vivante au cinéma, emballé, et si je goûte en général surtout les images, cette fois j’ai préféré de loin la musique.
Le film de 1931 n’est pas démodé, il est au-delà des modes, un archétype à connaître, mais je préfère la mésange à la chauve-souris, un Côte du Rhône à une resucée d’hémoglobine fut elle prélevée à un cou mignon et les espaces d’un thé au Sahara plutôt que le carton pâte Transylvanien.
Au début du cinématographe, un musicien jouait du piano sous l’écran, ce soir ils étaient quatre à la MC2, le Kronos Quartet, avec des cordes et deux en plus aux claviers, à illustrer les images déjà expressives, créant une ambiance bien plus sophistiquée que ne le décrivaient les décors et les mines sans surprise des acteurs.
La tension était là avec ce qu’il faut de reprises, de montées : de quoi ressortir exsangue, mais c’était pour de rire.
Ce type de concert est pédagogique et si, comme pour une rock star, de jeunes lycéennes sont allées solliciter des autographes, à celui qui a composé aussi la musique de « The hours », c’est que c’était gagné ! La pop avait rencontré la musique savante.
Je suis revenu de cette soirée de musique vivante au cinéma, emballé, et si je goûte en général surtout les images, cette fois j’ai préféré de loin la musique.
Le film de 1931 n’est pas démodé, il est au-delà des modes, un archétype à connaître, mais je préfère la mésange à la chauve-souris, un Côte du Rhône à une resucée d’hémoglobine fut elle prélevée à un cou mignon et les espaces d’un thé au Sahara plutôt que le carton pâte Transylvanien.
Au début du cinématographe, un musicien jouait du piano sous l’écran, ce soir ils étaient quatre à la MC2, le Kronos Quartet, avec des cordes et deux en plus aux claviers, à illustrer les images déjà expressives, créant une ambiance bien plus sophistiquée que ne le décrivaient les décors et les mines sans surprise des acteurs.
La tension était là avec ce qu’il faut de reprises, de montées : de quoi ressortir exsangue, mais c’était pour de rire.
Ce type de concert est pédagogique et si, comme pour une rock star, de jeunes lycéennes sont allées solliciter des autographes, à celui qui a composé aussi la musique de « The hours », c’est que c’était gagné ! La pop avait rencontré la musique savante.
samedi 23 juin 2012
Le sel de la vie. Françoise Héritier.
Parce qu’un de ses amis lui a envoyé une carte postale commençant par « Une semaine volée de vacances en Ecosse… », l’anthropologue, professeur au collège de France égraine sur 70 pages tous les petits bonheurs de la vie, des plus anodins aux émotions les plus profondes, ceux de l’âge mûr ou de l’enfance.
La couverture douce est un premier plaisir comme cette énumération agréable à lire qui nous invite à raviver nos souvenirs et à dresser à notre tour une liste de nos gourmandises.
Depuis « les fous rires » jusqu’à « entrer dans une maison qui sent les pommes à la cannelle », façon de faire de « chaque épisode de sa vie un trésor de beauté et de grâce qui s’accroît sans cesse, tout seul, et où l’on peut se ressourcer chaque jour … » « des jalons goûteux de notre vie ».
Si elle cite par deux fois « garder les vaches », j’ai souri quand la féministe se souvient : « avoir tapé à coups de bâton sur les coqs qui à leur yeux d’enfant s’en prenaient à d’innocentes poules en leur sautant dessus »
Ma pincée de grains de sel :
L’odeur des foins, du sapin à Noël, la musique cristalline du Carnaval des animaux en lever de rideau d’un nouveau festival de Cannes, quand une carte de France à main levée ressemble à quelque chose, arriver en même temps à un rendez-vous, fumer un cigare Bamiléké, un joli retourné qui fait mouche, la petite qui scrute son monde, un chaton mal assuré sur ses pattes qui veut saisir une poussière dans un rayon de soleil …
La couverture douce est un premier plaisir comme cette énumération agréable à lire qui nous invite à raviver nos souvenirs et à dresser à notre tour une liste de nos gourmandises.
Depuis « les fous rires » jusqu’à « entrer dans une maison qui sent les pommes à la cannelle », façon de faire de « chaque épisode de sa vie un trésor de beauté et de grâce qui s’accroît sans cesse, tout seul, et où l’on peut se ressourcer chaque jour … » « des jalons goûteux de notre vie ».
Si elle cite par deux fois « garder les vaches », j’ai souri quand la féministe se souvient : « avoir tapé à coups de bâton sur les coqs qui à leur yeux d’enfant s’en prenaient à d’innocentes poules en leur sautant dessus »
Ma pincée de grains de sel :
L’odeur des foins, du sapin à Noël, la musique cristalline du Carnaval des animaux en lever de rideau d’un nouveau festival de Cannes, quand une carte de France à main levée ressemble à quelque chose, arriver en même temps à un rendez-vous, fumer un cigare Bamiléké, un joli retourné qui fait mouche, la petite qui scrute son monde, un chaton mal assuré sur ses pattes qui veut saisir une poussière dans un rayon de soleil …
vendredi 22 juin 2012
Comment relancer l’Europe ?
« L’Europe ne sera bientôt plus qu’une banlieue de l’Esprit, incapable de se penser, de se voir autrement que dans le miroir déformant tendu par ses créanciers. »
« l’Européen d’aujourd’hui […] Avachi sur ses avantages acquis, recroquevillé sur sa gloire passée, dissolu dans ses mœurs et incertain dans sa volonté, c’est un consommateur et un commentateur de l’Histoire bien plus qu’un acteur. »
Alexandre Kateb dans une récente tribune dans Libération.
Les débats portant sur l’Europe ne manquaient pas au forum du même journal à Lyon en novembre 2011, loin du temps où ce thème était un passage obligé quelque peu décoratif mais sans enjeu dans ce type de rencontres. De surcroit le titre de cette année « Nouvelles frontières » en imposait.
Et je ne trouve pas inintéressant, six bons mois après, de relire quelques notes d’alors.
Au moment où la crise investit le noyau dur des pays fondateurs de l’UE, les générations futures convoquées jadis dans les discours mais qui devaient s’inquiéter seulement plus tard, sont là.
Jean Pierre Jouyet reconnaît qu’il est nécessaire de combler le déficit démocratique dont souffre l’UE, revoir sa gouvernance, et utiliser la justice pour la croissance, alors que des gouvernements tombaient sous la pression des marchés. Il souhaite une meilleure liaison des parlements nationaux à l’UE.
J’ai découvert Viviane Reding vice présidente de la commission Européenne, sa nouveauté relative, alliée à une certaine force de conviction m’a parue revigorante quand tout porte au doute. Elle assurait que l’Euro, deuxième devise mondiale, n’est pas le problème mais la solution.
« Si l’on n’agit pas ensemble, on coule séparément. »
Le dosage rigueur et soutien de l’activité économique semble de bon sens, de même que la nécessité d’une incarnation de l’Europe en un président ; les approches intergouvernementales ayant montré leurs limites. Erasmus étendu à la formation professionnelle se présente comme une bonne idée. Je ne sais former une opinion personnelle concernant des réponses économiques, les économistes les plus experts ayant beaucoup failli, je me contente de répercuter un bref extrait d’ « Alternatives économiques » :
« La BCE devrait aussi rendre davantage de comptes devant les Parlements européen et nationaux et devant les opinions publiques. Autant d'évolutions qui ne nécessitent pas un nouveau traité. Au-delà, il conviendrait d'assurer une plus grande coordination des politiques budgétaires, ainsi qu'une harmonisation de la fiscalité et des systèmes de sécurité sociale. »
....
Le dessin de la couverture de Charlie de cette semaine.
« l’Européen d’aujourd’hui […] Avachi sur ses avantages acquis, recroquevillé sur sa gloire passée, dissolu dans ses mœurs et incertain dans sa volonté, c’est un consommateur et un commentateur de l’Histoire bien plus qu’un acteur. »
Alexandre Kateb dans une récente tribune dans Libération.
Les débats portant sur l’Europe ne manquaient pas au forum du même journal à Lyon en novembre 2011, loin du temps où ce thème était un passage obligé quelque peu décoratif mais sans enjeu dans ce type de rencontres. De surcroit le titre de cette année « Nouvelles frontières » en imposait.
Et je ne trouve pas inintéressant, six bons mois après, de relire quelques notes d’alors.
Au moment où la crise investit le noyau dur des pays fondateurs de l’UE, les générations futures convoquées jadis dans les discours mais qui devaient s’inquiéter seulement plus tard, sont là.
Jean Pierre Jouyet reconnaît qu’il est nécessaire de combler le déficit démocratique dont souffre l’UE, revoir sa gouvernance, et utiliser la justice pour la croissance, alors que des gouvernements tombaient sous la pression des marchés. Il souhaite une meilleure liaison des parlements nationaux à l’UE.
J’ai découvert Viviane Reding vice présidente de la commission Européenne, sa nouveauté relative, alliée à une certaine force de conviction m’a parue revigorante quand tout porte au doute. Elle assurait que l’Euro, deuxième devise mondiale, n’est pas le problème mais la solution.
« Si l’on n’agit pas ensemble, on coule séparément. »
Le dosage rigueur et soutien de l’activité économique semble de bon sens, de même que la nécessité d’une incarnation de l’Europe en un président ; les approches intergouvernementales ayant montré leurs limites. Erasmus étendu à la formation professionnelle se présente comme une bonne idée. Je ne sais former une opinion personnelle concernant des réponses économiques, les économistes les plus experts ayant beaucoup failli, je me contente de répercuter un bref extrait d’ « Alternatives économiques » :
« La BCE devrait aussi rendre davantage de comptes devant les Parlements européen et nationaux et devant les opinions publiques. Autant d'évolutions qui ne nécessitent pas un nouveau traité. Au-delà, il conviendrait d'assurer une plus grande coordination des politiques budgétaires, ainsi qu'une harmonisation de la fiscalité et des systèmes de sécurité sociale. »
....
Le dessin de la couverture de Charlie de cette semaine.
jeudi 21 juin 2012
Le garage de l’électro bus
Au Villard du Planay sur la route de Pralognan en Savoie, dans la vallée de la Tarentaise, un petit musée retrace la vie de l’usine qui tirait de la montagne de quoi alimenter les fours gourmands en électricité produite par les torrents abondants de la Vanoise.
L’usine a fermé, un musée s’est ouvert.
Peu après la découverte de l’électricité, des industriels, qui n’hésitaient pas alors à investir, ont financé un trolley sur pneus alimenté à l’électricité qui acheminait les produits de l’usine, les ouvriers et les voyageurs jusqu’à Moutiers.
A l’heure des recherches pour des transports sans rejet de CO2, redécouvrir ce moyen de transport réchauffe la confiance en l’inventivité humaine.
Même si les préoccupations écologiques n’étaient pas prioritaires au début du XX° siècle : la seule sauvegarde face à la pollution était d’interdire aux femmes de sortir certains jours. Quand l’usine électrométallurgique s’était reconvertie à la chimie, on dit que les épingles à cheveux étaient attaquées par l’air chargé d’acide.
Dans le vestiaire, on ouvre un casier et avec de écouteurs nous pouvons entendre le témoignage d’un ouvrier qui était resté paysan.
Ses fils sont moniteurs de ski : 2000 en Savoie, chiffre devenu supérieur à celui des ouvriers de l’électro métallurgie.
L’usine a fermé, un musée s’est ouvert.
Peu après la découverte de l’électricité, des industriels, qui n’hésitaient pas alors à investir, ont financé un trolley sur pneus alimenté à l’électricité qui acheminait les produits de l’usine, les ouvriers et les voyageurs jusqu’à Moutiers.
A l’heure des recherches pour des transports sans rejet de CO2, redécouvrir ce moyen de transport réchauffe la confiance en l’inventivité humaine.
Même si les préoccupations écologiques n’étaient pas prioritaires au début du XX° siècle : la seule sauvegarde face à la pollution était d’interdire aux femmes de sortir certains jours. Quand l’usine électrométallurgique s’était reconvertie à la chimie, on dit que les épingles à cheveux étaient attaquées par l’air chargé d’acide.
Dans le vestiaire, on ouvre un casier et avec de écouteurs nous pouvons entendre le témoignage d’un ouvrier qui était resté paysan.
Ses fils sont moniteurs de ski : 2000 en Savoie, chiffre devenu supérieur à celui des ouvriers de l’électro métallurgie.
mercredi 20 juin 2012
Haïku.
Parmi le cercle alangui des amateurs de poésie, il n’est plus question que de Haïku.
Cette forme laconique me semble être à la poésie ce qu’une citation est à un roman, même si leur douce fulgurance peut surprendre, réjouir ou laisser de glace.
Dans le jardin des mots rares où persiste la poésie, les auteurs contemporains sont sans visage.
Quelques syllabes parcimonieuses venues du Levant, accompagnent la fin d’un genre qui sollicita des écoliers, fit pleurer des pierres, sourire des nuages, prêta des ailes aux enfants rêveurs.
Marie Treize m’en avait transmis quelques uns :
Perce-neige
tout le cosmos est éveillé
au son du tambour .
Un flocon de neige
est venu mourir
vite j'irai l'enterrer.
Tout le ciel
est contenu
dans un bol vide.
Je m'assoupis
un nuage de canicule
sur les genoux.
Sur l'image sainte
elle lâche
une fiente l'hirondelle.
Si seul
que je fais bouger
mon ombre pour voir.
La lampe éteinte
les étoiles fraîches
se glissent par la fenêtre.
Cette forme laconique me semble être à la poésie ce qu’une citation est à un roman, même si leur douce fulgurance peut surprendre, réjouir ou laisser de glace.
Dans le jardin des mots rares où persiste la poésie, les auteurs contemporains sont sans visage.
Quelques syllabes parcimonieuses venues du Levant, accompagnent la fin d’un genre qui sollicita des écoliers, fit pleurer des pierres, sourire des nuages, prêta des ailes aux enfants rêveurs.
Marie Treize m’en avait transmis quelques uns :
Perce-neige
tout le cosmos est éveillé
au son du tambour .
Un flocon de neige
est venu mourir
vite j'irai l'enterrer.
Tout le ciel
est contenu
dans un bol vide.
Je m'assoupis
un nuage de canicule
sur les genoux.
Sur l'image sainte
elle lâche
une fiente l'hirondelle.
Si seul
que je fais bouger
mon ombre pour voir.
La lampe éteinte
les étoiles fraîches
se glissent par la fenêtre.
mardi 19 juin 2012
L’enragé. Baru.
Le dessinateur des banlieues ouvrières, qui me parle le mieux, s’appuie cette fois sur un scénario qui ne brille pas pour son originalité mais peu importe !
Le dessin est toujours aussi efficace et la vigueur du trait du lorrain convient à merveille pour traduire la rage d’Anton Witkowsky s’éloignant un moment de sa cité pour une carrière fulgurante de boxeur.
Le beau garçon ne renie pas ses origines même s’il se fâche avec son père et provisoirement avec son meilleur pote Mo devenu reporter à l’Equipe,
il reviendra « Cité des oiseaux » après les belles pépés et les voitures rouges.
Il a d‘ailleurs financé en secret un gymnase pour Marco son premier entraineur.
Un cœur d’or pour un caractère de cochon particulièrement obstiné.
Les clichés sont au rendez-vous et le personnage principal n’attire pas forcément la sympathie. Je n’ai pas une connaissance fine du milieu de la boxe, mais en ces lieux où la logique est binaire : on perd ou on perd, se retrouvent souvent les mêmes schémas narratifs. Ascenseur pour la frime.
Les enfants des milieux populaires en prennent plein la gueule mais ils ont l’impression d’avoir choisi, alors que passer son bac comme dit la maman aurait été préférable mais sûrement moins romanesque.
Le dessin est toujours aussi efficace et la vigueur du trait du lorrain convient à merveille pour traduire la rage d’Anton Witkowsky s’éloignant un moment de sa cité pour une carrière fulgurante de boxeur.
Le beau garçon ne renie pas ses origines même s’il se fâche avec son père et provisoirement avec son meilleur pote Mo devenu reporter à l’Equipe,
il reviendra « Cité des oiseaux » après les belles pépés et les voitures rouges.
Il a d‘ailleurs financé en secret un gymnase pour Marco son premier entraineur.
Un cœur d’or pour un caractère de cochon particulièrement obstiné.
Les clichés sont au rendez-vous et le personnage principal n’attire pas forcément la sympathie. Je n’ai pas une connaissance fine du milieu de la boxe, mais en ces lieux où la logique est binaire : on perd ou on perd, se retrouvent souvent les mêmes schémas narratifs. Ascenseur pour la frime.
Les enfants des milieux populaires en prennent plein la gueule mais ils ont l’impression d’avoir choisi, alors que passer son bac comme dit la maman aurait été préférable mais sûrement moins romanesque.
lundi 18 juin 2012
Journal de France. Raymond Depardon. Claudine Nougaret.
Des critiques sur France Culture faisaient la fine bouche concédant que ce film pouvait se laisser voir à la rigueur par ceux qui ne connaitraient pas l’auteur de la photographie officielle de notre normal président.
Comme on aime revoir ses amis, moi, j’aurai continué volontiers à apprécier cette agréable déambulation au delà de l’heure quarante.
Depuis des premières images de jeunes gens près des autos tamponneuses pour qui la caméra n’était pas alors un objet familier, jusqu’à la plage finale qui vire à la surexposition, crainte des photographes, nous voyageons dans un échantillon de notre histoire, bien au-delà de nos frontières.
Le désert, le monde, Prague, le Venezuela quand les balles sifflent ; en contrepoint les routes de France sont accueillantes.
A travers des évocations de films antérieurs nous révisons les incertitudes du fils de paysan qui témoignent de remises en questions permanentes, à la recherche d’une vérité, « modeste et géniale ».
J’ai ri lorsque celui à qui on a confisqué son permis de conduire répond à la juge, et je n’oublierai pas la mort d’un mercenaire si sûr de lui dans une séquence précédente.
La sensualité est palpable quand il rencontre Claudine ou d’autres femmes. La caméra ne veut pas s’arrêter, elle veut tout embrasser.
La subtilité du maître de la photographie éloigne les cadrages moqueurs, le trash, le pittoresque, les trop belles lumières, et c’est beau.
Comme on aime revoir ses amis, moi, j’aurai continué volontiers à apprécier cette agréable déambulation au delà de l’heure quarante.
Depuis des premières images de jeunes gens près des autos tamponneuses pour qui la caméra n’était pas alors un objet familier, jusqu’à la plage finale qui vire à la surexposition, crainte des photographes, nous voyageons dans un échantillon de notre histoire, bien au-delà de nos frontières.
Le désert, le monde, Prague, le Venezuela quand les balles sifflent ; en contrepoint les routes de France sont accueillantes.
A travers des évocations de films antérieurs nous révisons les incertitudes du fils de paysan qui témoignent de remises en questions permanentes, à la recherche d’une vérité, « modeste et géniale ».
J’ai ri lorsque celui à qui on a confisqué son permis de conduire répond à la juge, et je n’oublierai pas la mort d’un mercenaire si sûr de lui dans une séquence précédente.
La sensualité est palpable quand il rencontre Claudine ou d’autres femmes. La caméra ne veut pas s’arrêter, elle veut tout embrasser.
La subtilité du maître de la photographie éloigne les cadrages moqueurs, le trash, le pittoresque, les trop belles lumières, et c’est beau.
dimanche 17 juin 2012
Si je meurs, laissez le balcon ouvert. Raimud Hoghe.
« Si je meurs
laissez le balcon ouvert
L'enfant cueille les oranges
Je le vois depuis mon balcon
Le paysan moissonne le blé
Je l'entends depuis mon balcon » Llorca.
J’avais choisi ce spectacle pour son titre, il m’a convenu dans sa lenteur.
Je n’avais aucune clef pour saisir ce qui revenait à l’hommage rendu au chorégraphe Dominique Bagouet, mais de savoir sa vie achevée à 41 ans par le SIDA, a affirmé le caractère essentiel de cette représentation : une méditation sur la disparition.
« Gigi l’amoroso » de Dalida est futile et aussi poignant que « l’air du génie du froid » de Purcell.
Et s’il est dérisoire de payer pour s’arrêter un peu au bord des heures énervées, j’ai apprécié la durée de trois heures à la MC2.
Le maître de cérémonie promène son corps tordu au milieu de ses danseurs avec lesquels il se montre parfois tyrannique ou délicat à d’autres moments.
Il nous amène à apprécier des gestes infimes et laisse deviner ou éclater la virtuosité de chacun des neufs artistes solitaires ne se rencontrant que furtivement au cours de leur trajectoires implacables.
Funèbre, mais il n’y a pas que le rigolo dans la vie.
L'enfant cueille les oranges
Je le vois depuis mon balcon
Le paysan moissonne le blé
Je l'entends depuis mon balcon » Llorca.
J’avais choisi ce spectacle pour son titre, il m’a convenu dans sa lenteur.
Je n’avais aucune clef pour saisir ce qui revenait à l’hommage rendu au chorégraphe Dominique Bagouet, mais de savoir sa vie achevée à 41 ans par le SIDA, a affirmé le caractère essentiel de cette représentation : une méditation sur la disparition.
« Gigi l’amoroso » de Dalida est futile et aussi poignant que « l’air du génie du froid » de Purcell.
Et s’il est dérisoire de payer pour s’arrêter un peu au bord des heures énervées, j’ai apprécié la durée de trois heures à la MC2.
Le maître de cérémonie promène son corps tordu au milieu de ses danseurs avec lesquels il se montre parfois tyrannique ou délicat à d’autres moments.
Il nous amène à apprécier des gestes infimes et laisse deviner ou éclater la virtuosité de chacun des neufs artistes solitaires ne se rencontrant que furtivement au cours de leur trajectoires implacables.
Funèbre, mais il n’y a pas que le rigolo dans la vie.
samedi 16 juin 2012
Pylône. William Faulkner.
Je suis volontiers les conseils en littérature, alors quand des amateurs me recommandent une des valeurs les plus considérables à la bourse des livres, je ne peux que m’appliquer.
Face à ce roman dense, j’ai été satisfait d’avoir persisté, même si une lecture distendue m’avait rendu énigmatiques les raisons qui tenaient les personnages ensemble et inattendues quelques péripéties.
Le style est précis, le natif du Mississipi nous promène d’un gros plan attentif vers des ellipses qui accélèrent le mouvement.
« Jiggs tendit sa main ; pendant un instant, la paume brûlante, robuste, souple, rugueuse, transpira contre celle du reporter comme si celui-ci eût touché un bout de courroie de machine »
Après la première guerre mondiale, un pilote d’avion, sa compagne qui est aussi celle du parachutiste, vont de meetings aériens en démonstrations sans que même leur hébergement soit assuré. Un mécanicien appartient à ce groupe de « paumés » dont un enfant suit aussi les pérégrinations.
L’argent est rare, alors il en est beaucoup question comme souvent dans la littérature américaine.
Un reporter alcoolique va participer de très près à un moment de la vie de cette équipe désinvolte et pathétique qui cherche l’absolu sans en avoir l’air : « Il s’efforçait d’expliquer ce qu’il ne savait pas. »
Ces 340 pages ont beau être présentées comme faisant partie d’ « un roman anti-faulknérien », je retrouverai volontiers cet auteur exigeant et puissant.
Face à ce roman dense, j’ai été satisfait d’avoir persisté, même si une lecture distendue m’avait rendu énigmatiques les raisons qui tenaient les personnages ensemble et inattendues quelques péripéties.
Le style est précis, le natif du Mississipi nous promène d’un gros plan attentif vers des ellipses qui accélèrent le mouvement.
« Jiggs tendit sa main ; pendant un instant, la paume brûlante, robuste, souple, rugueuse, transpira contre celle du reporter comme si celui-ci eût touché un bout de courroie de machine »
Après la première guerre mondiale, un pilote d’avion, sa compagne qui est aussi celle du parachutiste, vont de meetings aériens en démonstrations sans que même leur hébergement soit assuré. Un mécanicien appartient à ce groupe de « paumés » dont un enfant suit aussi les pérégrinations.
L’argent est rare, alors il en est beaucoup question comme souvent dans la littérature américaine.
Un reporter alcoolique va participer de très près à un moment de la vie de cette équipe désinvolte et pathétique qui cherche l’absolu sans en avoir l’air : « Il s’efforçait d’expliquer ce qu’il ne savait pas. »
Ces 340 pages ont beau être présentées comme faisant partie d’ « un roman anti-faulknérien », je retrouverai volontiers cet auteur exigeant et puissant.
vendredi 15 juin 2012
La Première dame le pion à la Dame du Poitou.
Valérie Tweeterweiler cherchait un nom pour décrire sa position,
l’appellation « première dame » ne lui convenait pas, alors qu’elle n’a pas renoncé au prestige de la situation.
Elle vient de rencontrer quelques mots : la « première gaffe » de France.
Depuis Paris Match qui n’est pas vraiment l’organe politique historique de la gauche, madame De-quoi-je-me-mêle détourne l’attention médiatique en faisant passer ses passions privées devant l’intérêt collectif. Que Tweeter soit le support qu’elle privilégie comme Morano est signifiant d’une conduite intuituitive qui vise à bruiter, sans idée des conséquences. Des chroniqueurs ayant évoqué Marie Antoinette, voilà un sujet pour son prochain article chez Lagardère.
Ivresse médiatique plus jouet technologique, les pulsions personnelles peuvent dévaster les constructions collectives. La politesse, la retenue sont méprisée.
C’est le « tout à l’égo », comme disait Régis Debray,
et le Tout Sauf Ségo comme d’hab’.
L’autorité du chef de l’état en est affectée, alors que jadis, les médias qui savaient par exemple les positions de Danielle Mitterrand concernant le Tibet plus fondamentales qu’une appréciation concernant une circonscription Charentaise, n’étaient pas aussi hystériques.
Certes la présidence annoncée par Ségolène Royal au perchoir a pu être présomptueuse et contredire la position antérieure de la présidente de région se refusant alors à cumuler avec la députation. La démocratie participative qui aurait pu être un moyen de décider de la personnalité à présenter dans cette circonscription comme dans d’autres fut également oubliée. Le président eut été avisé de ne pas se mêler de ces querelles dans un débat ramené au label de « l’homme du terroir » opposé à « femme vue à la télé », guère glorieux.
L’irresponsabilité de la « compagne de François » est flagrante et bien peu
« normale », dans la continuité d’une dérive où les vies privées tonitruantes effacent les perspectives symboliques, les projets publics.
Pour abuser avec les mots : elle ne vise pas à devenir « compagne de France » mais illustre des mœurs qui n’ont pas disparu avec le départ du fieffé des Hauts de Seine : sans gène.
A gauche, la triste sortie de la douche du président du FMI qui nous a ouvert les yeux après en avoir rincé un, laissait penser que l’arrogance n’était plus de mise, que la mesure, la discrétion, le respect de la fonction présidentielle devaient être rétablis : quelques efforts se trouvent bafoués par la journaliste actionnaire de « Direct 8 » de chez Bolloré.
Comme tant d’autres, je me sens tellement petit face aux tremblements économiques qui touchent notre vieux continent que je ne sais que poser des mots sur ce qui est à ma portée : les petites faiblesses des grands.
La formule de Léon Blum devrait tenir en 140 caractères, elle date de 1919:
« Le socialisme est donc une morale et presque une religion autant qu’une doctrine »
.......
Dans le Canard de cette semaine:
l’appellation « première dame » ne lui convenait pas, alors qu’elle n’a pas renoncé au prestige de la situation.
Elle vient de rencontrer quelques mots : la « première gaffe » de France.
Depuis Paris Match qui n’est pas vraiment l’organe politique historique de la gauche, madame De-quoi-je-me-mêle détourne l’attention médiatique en faisant passer ses passions privées devant l’intérêt collectif. Que Tweeter soit le support qu’elle privilégie comme Morano est signifiant d’une conduite intuituitive qui vise à bruiter, sans idée des conséquences. Des chroniqueurs ayant évoqué Marie Antoinette, voilà un sujet pour son prochain article chez Lagardère.
Ivresse médiatique plus jouet technologique, les pulsions personnelles peuvent dévaster les constructions collectives. La politesse, la retenue sont méprisée.
C’est le « tout à l’égo », comme disait Régis Debray,
et le Tout Sauf Ségo comme d’hab’.
L’autorité du chef de l’état en est affectée, alors que jadis, les médias qui savaient par exemple les positions de Danielle Mitterrand concernant le Tibet plus fondamentales qu’une appréciation concernant une circonscription Charentaise, n’étaient pas aussi hystériques.
Certes la présidence annoncée par Ségolène Royal au perchoir a pu être présomptueuse et contredire la position antérieure de la présidente de région se refusant alors à cumuler avec la députation. La démocratie participative qui aurait pu être un moyen de décider de la personnalité à présenter dans cette circonscription comme dans d’autres fut également oubliée. Le président eut été avisé de ne pas se mêler de ces querelles dans un débat ramené au label de « l’homme du terroir » opposé à « femme vue à la télé », guère glorieux.
L’irresponsabilité de la « compagne de François » est flagrante et bien peu
« normale », dans la continuité d’une dérive où les vies privées tonitruantes effacent les perspectives symboliques, les projets publics.
Pour abuser avec les mots : elle ne vise pas à devenir « compagne de France » mais illustre des mœurs qui n’ont pas disparu avec le départ du fieffé des Hauts de Seine : sans gène.
A gauche, la triste sortie de la douche du président du FMI qui nous a ouvert les yeux après en avoir rincé un, laissait penser que l’arrogance n’était plus de mise, que la mesure, la discrétion, le respect de la fonction présidentielle devaient être rétablis : quelques efforts se trouvent bafoués par la journaliste actionnaire de « Direct 8 » de chez Bolloré.
Comme tant d’autres, je me sens tellement petit face aux tremblements économiques qui touchent notre vieux continent que je ne sais que poser des mots sur ce qui est à ma portée : les petites faiblesses des grands.
La formule de Léon Blum devrait tenir en 140 caractères, elle date de 1919:
« Le socialisme est donc une morale et presque une religion autant qu’une doctrine »
.......
Dans le Canard de cette semaine:
jeudi 14 juin 2012
Quand les livres s’amusent.
Au Musée de l’imprimerie à Lyon se termine le 24 juin 2012 une exposition sur les livres animés.
Il faut traverser des salles de l’exposition permanente qui nous font mesurer le basculement culturel auquel on assiste avec de belles casses garnies de caractères minutieusement conçus quand un clic aujourd’hui transfigure un texte. J’en ai vu user de ces imprimeries primales dans des classes où un miroir était nécessaire pour lire les caractères quand « b » et « d » se croisaient, on avait le temps.
Dans ce beau bâtiment du XV°, des « livres joujoux » datant du XIV°jusqu’aux créations contemporaines sont bien mis en valeur.
Des châteaux surgissent des albums, des dragons se tortillent, des balançoires s’envolent, mus par des pliages astucieux, des tirettes, se découvrant derrière des fenêtres, ou des tunnels de frondaisons luxuriantes.
Certains ouvrages sont de véritables sculptures et à l’ère de la 3 D certaines trouvailles n’en ont que plus de prix.
Il est permis de faire des photographies et des livres récents sont mis à la disposition des enfants qui peuvent emmener leurs parents.
On retrouve Queneau qui proposait des bouquets de phrases à combiner, des échappées poétiques, mais aussi des documents scientifiques, le Chaperon Rouge ou le Petit Prince dont je ne me lasse pas.
Il faut traverser des salles de l’exposition permanente qui nous font mesurer le basculement culturel auquel on assiste avec de belles casses garnies de caractères minutieusement conçus quand un clic aujourd’hui transfigure un texte. J’en ai vu user de ces imprimeries primales dans des classes où un miroir était nécessaire pour lire les caractères quand « b » et « d » se croisaient, on avait le temps.
Dans ce beau bâtiment du XV°, des « livres joujoux » datant du XIV°jusqu’aux créations contemporaines sont bien mis en valeur.
Des châteaux surgissent des albums, des dragons se tortillent, des balançoires s’envolent, mus par des pliages astucieux, des tirettes, se découvrant derrière des fenêtres, ou des tunnels de frondaisons luxuriantes.
Certains ouvrages sont de véritables sculptures et à l’ère de la 3 D certaines trouvailles n’en ont que plus de prix.
Il est permis de faire des photographies et des livres récents sont mis à la disposition des enfants qui peuvent emmener leurs parents.
On retrouve Queneau qui proposait des bouquets de phrases à combiner, des échappées poétiques, mais aussi des documents scientifiques, le Chaperon Rouge ou le Petit Prince dont je ne me lasse pas.
mercredi 13 juin 2012
« On refait le voyage » : Saint Petersburg 2004 # 11
Pas de nuage ce matin à 7h30, à la fin de notre dernière nuit Saint-pétersbourgeoise.
Nous laissons nos bagages à la consigne de l’hôtel. La météo télévisée prévoit –14° : caleçon supplémentaire.Durant la nuit, les services de la voirie ont débarrassé la ville de la neige abondante d’hier, mais les trottoirs recouverts d’une fine pellicule glacée se révèlent traîtres. Nous projetons de diriger nos pas vers l’église baroque Notre-Dame-Vladimir. Nous la découvrons sous le soleil, dominatrice, jaune et blanche, chapeautée de cinq bulbes noirs. Nous y pénétrons pendant un office; les quatre popes se relaient pour chanter et la chorale répond de la tribune. Pour prétendre être pope, il doit falloir impérativement être chanteur, de préférence basse ! C’est magnifique !
Quelques remontrances aimables ou plus courroucées nous remettent sur le droit chemin car nous avons piétiné le tapis déroulé pour les popes, parlé trop fort ou tourné le dos aux icônes.Lorsque nous sortons, nous faisons l’aumône à trois vieilles dames. A deux pas, nous assistons au contrôle d’identité et à la fouille des poches d’un jeune par la police. L’une d’entre nous remarque que la fermeture de la petite poche de son sac est souvent ouverte, et ce n’est pas un oubli de sa part… Nous rentrons presque immédiatement dans le marché Kouznietsni. Le marché couvert propose un choix et une grande variété de marchandises. Les commerçants aux dents en or nous interpellent pour que nous goûtions leurs denrées. Leur provenance fait parfois rêver : abricots secs de Samarkand ! Derrière les étals, une armada de serveurs se disputent le peu de clients présents. Pourtant, quel choix de produits : miel, fruits séchés, peakles, salades russes, légumes, verdures, poissons, les bouchers débitent devant tout le monde de grosses pièces qui patientent sur des chariots. Nous suivons la promenade en direction de l’église de Saint-Sauveur du sang versé, fermée aujourd’hui. Nous traversons le marché aux souvenirs tant décrié par le routard, mais je déniche des poupées russes à l’effigie des personnalités politiques russes.
Nous longeons un canal qui nous mène sur le côté de la grande place du palais d’hiver avec sa colonne centrale. En tant que touristes, nous sommes vite identifiés et repérés par les vendeurs de chapkas en renard, vison ou en synthétique, de caviar douteux vu le prix ou de poupées russes, le tout à l’abri dans de gros sacs de voyages. La température ne s’améliore guère malgré la présence incontestée du soleil : Dany constate que son en-cas en pain d’épice rangé dans son sac est inconsommable, il a gelé. Sur les bords de la Neva vers la statue de Pierre le grand à cheval et l’église St Isaac, nous pouvons voir de plus près l’impact des bombardements sur les colonnes du bâtiment. Nous envisageons de retourner à l’église St Nicolas des marins, mais auparavant nous nous réchauffons dans un café en sous-sol. Nous pouvons commander des soupes chaudes, borchtch ou soupes de poissons, suivies d’une douceur (Jean essaie la glace avec du vin dedans) et d’un café. Nous serions tentés de prolonger le moment de torpeur qui succède au repas, mais le temps n’est pas un élastique et nous partons à la recherche de St Nicolas des marins. Nous la retrouvons dans le calme, hors cérémonie quoique dans un coin, le pope procède à un baptême devant une famille peu nombreuse. La lumière du soleil entre par les fenêtres et caresse l’or des icônes et de leurs cadres. Nous avons tout loisir d’observer la diversité des icônes. Les femmes en blouse noire grattent à quatre pattes la cire des bougies répandue sur le sol et surveillent celles qui se consument dans leur bougeoir.
Mais soudain, dans ce lieu respirant la tranquillité, nous prenons conscience de l’heure avancée (15h25) et c’est au pas de charge, sur des trottoirs inégaux et dangereux que nous regagnons l’hôtel à notre rendez-vous fixé à 16h avec Igor. La course nous réchauffe, nous avons juste le temps de reprendre possession de nos bagages à la consigne et de les jeter dans le Mercédès d’Igor, et nous voilà sur le chemin de l’aéroport. Nous reconnaissons le chemin qui passe par le mémorial des morts de 1940-1945. St Pete nous devenait familière. A la douane nous devons abandonner une bouteille de Vodka, confisquée parce qu’entamée.
Quelques remontrances aimables ou plus courroucées nous remettent sur le droit chemin car nous avons piétiné le tapis déroulé pour les popes, parlé trop fort ou tourné le dos aux icônes.Lorsque nous sortons, nous faisons l’aumône à trois vieilles dames. A deux pas, nous assistons au contrôle d’identité et à la fouille des poches d’un jeune par la police. L’une d’entre nous remarque que la fermeture de la petite poche de son sac est souvent ouverte, et ce n’est pas un oubli de sa part… Nous rentrons presque immédiatement dans le marché Kouznietsni. Le marché couvert propose un choix et une grande variété de marchandises. Les commerçants aux dents en or nous interpellent pour que nous goûtions leurs denrées. Leur provenance fait parfois rêver : abricots secs de Samarkand ! Derrière les étals, une armada de serveurs se disputent le peu de clients présents. Pourtant, quel choix de produits : miel, fruits séchés, peakles, salades russes, légumes, verdures, poissons, les bouchers débitent devant tout le monde de grosses pièces qui patientent sur des chariots. Nous suivons la promenade en direction de l’église de Saint-Sauveur du sang versé, fermée aujourd’hui. Nous traversons le marché aux souvenirs tant décrié par le routard, mais je déniche des poupées russes à l’effigie des personnalités politiques russes.
Nous longeons un canal qui nous mène sur le côté de la grande place du palais d’hiver avec sa colonne centrale. En tant que touristes, nous sommes vite identifiés et repérés par les vendeurs de chapkas en renard, vison ou en synthétique, de caviar douteux vu le prix ou de poupées russes, le tout à l’abri dans de gros sacs de voyages. La température ne s’améliore guère malgré la présence incontestée du soleil : Dany constate que son en-cas en pain d’épice rangé dans son sac est inconsommable, il a gelé. Sur les bords de la Neva vers la statue de Pierre le grand à cheval et l’église St Isaac, nous pouvons voir de plus près l’impact des bombardements sur les colonnes du bâtiment. Nous envisageons de retourner à l’église St Nicolas des marins, mais auparavant nous nous réchauffons dans un café en sous-sol. Nous pouvons commander des soupes chaudes, borchtch ou soupes de poissons, suivies d’une douceur (Jean essaie la glace avec du vin dedans) et d’un café. Nous serions tentés de prolonger le moment de torpeur qui succède au repas, mais le temps n’est pas un élastique et nous partons à la recherche de St Nicolas des marins. Nous la retrouvons dans le calme, hors cérémonie quoique dans un coin, le pope procède à un baptême devant une famille peu nombreuse. La lumière du soleil entre par les fenêtres et caresse l’or des icônes et de leurs cadres. Nous avons tout loisir d’observer la diversité des icônes. Les femmes en blouse noire grattent à quatre pattes la cire des bougies répandue sur le sol et surveillent celles qui se consument dans leur bougeoir.
Mais soudain, dans ce lieu respirant la tranquillité, nous prenons conscience de l’heure avancée (15h25) et c’est au pas de charge, sur des trottoirs inégaux et dangereux que nous regagnons l’hôtel à notre rendez-vous fixé à 16h avec Igor. La course nous réchauffe, nous avons juste le temps de reprendre possession de nos bagages à la consigne et de les jeter dans le Mercédès d’Igor, et nous voilà sur le chemin de l’aéroport. Nous reconnaissons le chemin qui passe par le mémorial des morts de 1940-1945. St Pete nous devenait familière. A la douane nous devons abandonner une bouteille de Vodka, confisquée parce qu’entamée.
mardi 12 juin 2012
ZMinus n° 1.
J’aime les journaux, les commencements, et souvent j’ai apprécié des numéros 1 prometteurs.
Mais ce bimestriel consacré aux dessins de toutes sortes (BD, strips, images satiriques, avec ou sans paroles…), découvert en kiosque après une brève dans Libé, m’a paru fade.
Je n’ai pas décelé d’originalité particulière, sinon quelques provocations faisant presque passer Wuillemin pour un gentil, genre :
« Abruti ! Je t’avais dit de ne pas aller trop vite avec ton doigt, t’as monté mes pertes en neige !... »
Si ! Un dialogue d’images Panini entre footballeurs style gravure sur bois, pas mal.
Sinon la routine : un chameau porte le voile intégral dans le Nord Mali, et les « cons »sempiternels, qui prospèrent malgré les piques des humoristes, deviennent à mon goût un carburant un peu frelaté.
Ayrault en Droopy et une peau de banane qui attend Hollande ne constituent pas des sommets dans l’impertinence en politique.
Les reportages sont maigres.
24 pages vite feuilletées, vite oubliées.
Mais ce bimestriel consacré aux dessins de toutes sortes (BD, strips, images satiriques, avec ou sans paroles…), découvert en kiosque après une brève dans Libé, m’a paru fade.
Je n’ai pas décelé d’originalité particulière, sinon quelques provocations faisant presque passer Wuillemin pour un gentil, genre :
« Abruti ! Je t’avais dit de ne pas aller trop vite avec ton doigt, t’as monté mes pertes en neige !... »
Si ! Un dialogue d’images Panini entre footballeurs style gravure sur bois, pas mal.
Sinon la routine : un chameau porte le voile intégral dans le Nord Mali, et les « cons »sempiternels, qui prospèrent malgré les piques des humoristes, deviennent à mon goût un carburant un peu frelaté.
Ayrault en Droopy et une peau de banane qui attend Hollande ne constituent pas des sommets dans l’impertinence en politique.
Les reportages sont maigres.
24 pages vite feuilletées, vite oubliées.
lundi 11 juin 2012
Sur la route. Walter Salles.
Comme je n’aurai pas le temps de lire toutes les œuvres « cultes » des siècles passés, je suis allé voir le film inspiré du livre de Kerouac, malgré des critiques mitigées avec lesquelles je suis d'accord : c’est du « light ». J’étais bien dans la cible avec ceux à qui le livre a été vendu au prix d’un film.
Je ne sais la distance qu’apporte l’adaptation, mais pendant 2h 20, l’écrivain d’origine québécoise apparaît comme un simple spectateur assis à l’arrière d’une voiture américaine des années 50, sans dilemme, sans passion.
Les paysages sont beaux, oui ! Les images du début passant du noir à une route qu’arpentent vivement une paire de jambes étaient pourtant de bon augure et les personnes qui ont vu le film avec moi ont aimé les musiques : c’est bien le moins pour le père de tous les road books traduit en sages images.
Il y a bien vers la fin une poussée de fièvre mais due à une tourista un peu sévère, autrement peu de sueur, pas de flamme sinon celle de briquets pour joints et Camel, pas vraiment d’ivresse, ni même de désir qui passerait entre des personnages que j’ai trouvé trop lisses.
La réalisation est trop conformiste pour traiter de ceux qui désiraient s’évader des conventions dont la quête initiatique est dépourvue ici de spiritualité.
Il ne semble être question que du passage de l’adolescence à l’âge adulte sur fond d’amitié bancale.
Ce n’est pas désagréable mais trop sage.
Je ne sais la distance qu’apporte l’adaptation, mais pendant 2h 20, l’écrivain d’origine québécoise apparaît comme un simple spectateur assis à l’arrière d’une voiture américaine des années 50, sans dilemme, sans passion.
Les paysages sont beaux, oui ! Les images du début passant du noir à une route qu’arpentent vivement une paire de jambes étaient pourtant de bon augure et les personnes qui ont vu le film avec moi ont aimé les musiques : c’est bien le moins pour le père de tous les road books traduit en sages images.
Il y a bien vers la fin une poussée de fièvre mais due à une tourista un peu sévère, autrement peu de sueur, pas de flamme sinon celle de briquets pour joints et Camel, pas vraiment d’ivresse, ni même de désir qui passerait entre des personnages que j’ai trouvé trop lisses.
La réalisation est trop conformiste pour traiter de ceux qui désiraient s’évader des conventions dont la quête initiatique est dépourvue ici de spiritualité.
Il ne semble être question que du passage de l’adolescence à l’âge adulte sur fond d’amitié bancale.
Ce n’est pas désagréable mais trop sage.
dimanche 10 juin 2012
Louis Armstrong. Antoine Hervé&Michel Delakian.
Comme d’habitude, Antoine Hervé évoque avec talent tous les instruments de l’orchestre, mais cette fois il est venu avec un complice trompettiste plus convainquant d’ailleurs avec son instrument qu’avec sa voix, pour une évocation de « Satchmo » (satchelmouth, « bouche en forme de besace »).
Sont mis en évidence, les suraigus et les vibratos de celui dont le premier conservatoire fut une maison de correction.
Depuis les orchestres sur les bateaux à aube du Mississipi à ses formations « hot » five ou seven :
« ce que nous jouons c’est la vie » disait il.
De la Nouvelle Orléans à NewYork en passant par Chicago, des racines afro Caraïbes jusqu’à la consécration mondiale, la figure tutélaire du jazz a donné au soliste toute sa place et popularisé le scat, aussi inventif avec sa voix qu’avec sa trompette.
« Je viens d’une ville où tout le monde rit, chante, danse et tape du pied »
Sa personnalité généreuse a contribué à sa popularité
« Pourquoi souriez- vous toujours ? »
« Parce que je suis payé pour ça »
Pour donner une leçon à un de ses batteurs qui était venu à un concert diminué par une consommation excessive d’alcool, il l’invita à un plantureux repas bien arrosé et à la fin de la fête, en claquant la porte il lui dit :« ça, pas avant un concert ! ».
Les batteurs, nous dit Hervé, sont comme les capotes :
« c’est plus sûr avec, mais sans c’est quand même meilleur ».
Le conférencier qui sera dans le off à Avignon, considère que
« le jazz est comme une gambas, à décortiquer »
et Roland Yvanez ajoute qu’ « Antoine Hervé le débarrasse d’une enveloppe pédante indigeste pour retrouver sa pleine saveur originelle ; en particulier dans sa relation au corps, au rythme, à la danse. Sa métaphore culinaire affiche d’emblée les tonalités principales de ses leçons : simplicité et humour… en contrepoids d’une érudition encyclopédique. »
J’avais trop confiance en Internet pour me redonner la citation qu’il fit de Gerber qui a si bien écrit sur Louie mais je ne l’ai pas retrouvée. Nous avons eu droit à « Hello dolly » à « When the saints » mais pas de « Wonderful world » mais rien que dans l’introduction de « West End Blues » deux phrases permettent à Gunther Schuller d’écrire « à elles seules, résument presque entièrement le style de Louis Armstrong et son apport au langage du jazz. La première est saisissante, en raison de la force, du dynamisme de ses quatre premières notes (sol, mi bémol, ut, fa dièse). Nous sommes immédiatement sensibles au swing terrifiant qu’elles expriment, bien qu’elles soient jouées sur le temps, non syncopées, et qu’aucune référence rythmique ne nous soit fournie, puisque Louis Armstrong joue sans accompagnement. »
samedi 9 juin 2012
France culture papier.
Format et périodicité de XXI pour une lecture confortable de 200 pages de textes courts et variés.
« En moyenne on prend sa retraite ou on perd ses parents à l’âge de 63 ans. On vit toute sa vie sous le regard des parents. » Jean Viard.
« En France 800 000 enfants de 4 à 10 ans sont encore devant la télé à 22h. »
De Rousseau :
« Il est donc à croire que les besoins dictèrent les premiers gestes et que les passions arrachèrent les premières voix »
à Frédéric Pommier qui « dresse un bilan humoristique des pathologies langagières des hommes politiques » :
« en amont », « s’inviter dans la campagne électorale », « il ne faut pas stigmatiser »,
« faire bouger les lignes », « indigné »…
Où apparaît le paravent de Karen Blixen, les racines « White trash » d’Eminem, où j’ai découvert Alan Turing inventeur de l’informatique et apprécié de relire un entretien avec Tavernier alors que Sicco Mansholt ressurgit depuis les années 70 dans un dialogue avec PMF (Pierre Mendès France) c’était au moment des prophéties du Club de Rome : saisissant d’actualité !
Et Vilar avec Varda quand ses innovations pour un théâtre populaire passaient par les horaires, le vestiaire gratuit, un prix des places unique, la suppression des pourboires …
Il est question de Santé avec Servier et les PIP (prothèses mammaires), du vin qui gagne en degrés, du Sahara et de Vienne, d’un déjeuner sous l’herbe, quand Spoerri avait enterré les restes d’un pique nique et fait appel à des archéologues aujourd’hui.
Politique avec Clémentine Autain, Philippe Meyer, le retour des rois, et une plaisante radiographie de la France quand à Hénin Beaumont les pompes funèbres sont florissantes alors qu’une photo témoigne à Sarcelles du « ï »de laïcité qui disparaît chaque fois qu’il est réinstallé sur une façade pour ne laisser voir que « La cité », un prof se désespère à entendre: « faire de l’argent comme on fait du fromage » et il ne parle pas que des élèves.
De l’actualité et du temps long.
« Quand l’enfant dessine un rond, il montre qu’il a construit un espace de sécurité interne suffisamment fermé et que le rond peut se refermer »
Alors à deux ans il peut dire « Oui »
« Dire oui, c’est accepter que quelque chose de l’autre vienne en soi »
« En moyenne on prend sa retraite ou on perd ses parents à l’âge de 63 ans. On vit toute sa vie sous le regard des parents. » Jean Viard.
« En France 800 000 enfants de 4 à 10 ans sont encore devant la télé à 22h. »
De Rousseau :
« Il est donc à croire que les besoins dictèrent les premiers gestes et que les passions arrachèrent les premières voix »
à Frédéric Pommier qui « dresse un bilan humoristique des pathologies langagières des hommes politiques » :
« en amont », « s’inviter dans la campagne électorale », « il ne faut pas stigmatiser »,
« faire bouger les lignes », « indigné »…
Où apparaît le paravent de Karen Blixen, les racines « White trash » d’Eminem, où j’ai découvert Alan Turing inventeur de l’informatique et apprécié de relire un entretien avec Tavernier alors que Sicco Mansholt ressurgit depuis les années 70 dans un dialogue avec PMF (Pierre Mendès France) c’était au moment des prophéties du Club de Rome : saisissant d’actualité !
Et Vilar avec Varda quand ses innovations pour un théâtre populaire passaient par les horaires, le vestiaire gratuit, un prix des places unique, la suppression des pourboires …
Il est question de Santé avec Servier et les PIP (prothèses mammaires), du vin qui gagne en degrés, du Sahara et de Vienne, d’un déjeuner sous l’herbe, quand Spoerri avait enterré les restes d’un pique nique et fait appel à des archéologues aujourd’hui.
Politique avec Clémentine Autain, Philippe Meyer, le retour des rois, et une plaisante radiographie de la France quand à Hénin Beaumont les pompes funèbres sont florissantes alors qu’une photo témoigne à Sarcelles du « ï »de laïcité qui disparaît chaque fois qu’il est réinstallé sur une façade pour ne laisser voir que « La cité », un prof se désespère à entendre: « faire de l’argent comme on fait du fromage » et il ne parle pas que des élèves.
De l’actualité et du temps long.
« Quand l’enfant dessine un rond, il montre qu’il a construit un espace de sécurité interne suffisamment fermé et que le rond peut se refermer »
Alors à deux ans il peut dire « Oui »
« Dire oui, c’est accepter que quelque chose de l’autre vienne en soi »
vendredi 8 juin 2012
Revenu maximal, revenu moral ?
« Dans les années 1970, les ouvriers pouvaient espérer atteindre le niveau de vie des cadres supérieurs en un peu plus de trente ans. Contre 150 ans aujourd’hui... »
Les droits étaient différenciés mais des relations d’interdépendance étaient possibles, continuer à «faire société» devient donc au XXI° siècle de plus en plus difficile quand les pourvoyeurs en huile sur le feu sont légion.
Les images peuvent se multiplier pour évoquer l’explosion des inégalités mais le sociologue Robert Castel et Christophe Deltombe Président d’Emmaüs ne se sont pas attardés sur les constats au forum de Libération à Grenoble quand « une masse croissante vit au jour la journée ».
Jean Luc Mélenchon a lancé dans le débat public, la proposition d’un revenu maximal à hauteur de 20 fois le Smic. Cette proposition permettrait d’améliorer la condition des plus démunis. Dès le début de son mandat, Hollande a pris des mesures concernant les dirigeants du secteur public et les salaires de ses ministres et de lui-même : bravo !
Mais finalement au cours de ce forum, il a été plus question du minimal que du maximal.
« Le renforcement des minima sociaux et du RSA pourrait fournir une réponse plus consistante, à condition qu’il soit reformé. Ainsi le RSA étendu aux jeunes pourrait inclure aussi, outre l’API, la SS et la prime pour l’emploi, couvrant de ce fait la plupart des situations sociales déficitaires. L’allocation de base devrait être augmentée. Surtout, il devrait devenir un dispositif accès à l’emploi durable et non un palliatif qui risque d’entretenir la précarité. Sous ces conditions le RSA pourrait accomplir la double fonction de garantir un revenu assurant la satisfaction des besoins de base de ceux et de celles qui sont à distance de l’emploi durable, et d’accompagner les bénéficiaires sur la voie du retour à cet emploi durable. »
A distinguer d’une allocation universelle ou revenu d’existence qui semble une formule dangereuse car d’un montant forcément médiocre, elle déstructurerait le marché du travail. Les protections les plus fortes étant historiquement liées au travail.
Si l’importance de revenir à ses questions va de soi pour ceux qui fréquentent ces colloques, où le partage du travail n’est pas un gros mot, où chacun réserve sa tolérance à d’autres domaines que l’écart entre le salaire des hommes et des femmes, l’écho de ses belles intentions était étouffé à l’époque par le brouhaha autour des beefsteaks Hallal ou les extases de Carla !
Alors qu’au-delà de l’économie qui accepte plus de huit millions de personnes sous le seuil de pauvreté(< 954€) sur notre sol où il y a 1 700 000 travailleurs pauvres, et selon l'INSEE, environ 90 000 sans abris, il s’agit encore de cette lutte sempiternelle qui voudrait que chaque homme soit un sujet de droit. 1/3 des ménages éligibles au RSA n’y recourent pas.
....
Dans le Canard de cette semaine:
Les droits étaient différenciés mais des relations d’interdépendance étaient possibles, continuer à «faire société» devient donc au XXI° siècle de plus en plus difficile quand les pourvoyeurs en huile sur le feu sont légion.
Les images peuvent se multiplier pour évoquer l’explosion des inégalités mais le sociologue Robert Castel et Christophe Deltombe Président d’Emmaüs ne se sont pas attardés sur les constats au forum de Libération à Grenoble quand « une masse croissante vit au jour la journée ».
Jean Luc Mélenchon a lancé dans le débat public, la proposition d’un revenu maximal à hauteur de 20 fois le Smic. Cette proposition permettrait d’améliorer la condition des plus démunis. Dès le début de son mandat, Hollande a pris des mesures concernant les dirigeants du secteur public et les salaires de ses ministres et de lui-même : bravo !
Mais finalement au cours de ce forum, il a été plus question du minimal que du maximal.
« Le renforcement des minima sociaux et du RSA pourrait fournir une réponse plus consistante, à condition qu’il soit reformé. Ainsi le RSA étendu aux jeunes pourrait inclure aussi, outre l’API, la SS et la prime pour l’emploi, couvrant de ce fait la plupart des situations sociales déficitaires. L’allocation de base devrait être augmentée. Surtout, il devrait devenir un dispositif accès à l’emploi durable et non un palliatif qui risque d’entretenir la précarité. Sous ces conditions le RSA pourrait accomplir la double fonction de garantir un revenu assurant la satisfaction des besoins de base de ceux et de celles qui sont à distance de l’emploi durable, et d’accompagner les bénéficiaires sur la voie du retour à cet emploi durable. »
A distinguer d’une allocation universelle ou revenu d’existence qui semble une formule dangereuse car d’un montant forcément médiocre, elle déstructurerait le marché du travail. Les protections les plus fortes étant historiquement liées au travail.
Si l’importance de revenir à ses questions va de soi pour ceux qui fréquentent ces colloques, où le partage du travail n’est pas un gros mot, où chacun réserve sa tolérance à d’autres domaines que l’écart entre le salaire des hommes et des femmes, l’écho de ses belles intentions était étouffé à l’époque par le brouhaha autour des beefsteaks Hallal ou les extases de Carla !
Alors qu’au-delà de l’économie qui accepte plus de huit millions de personnes sous le seuil de pauvreté(< 954€) sur notre sol où il y a 1 700 000 travailleurs pauvres, et selon l'INSEE, environ 90 000 sans abris, il s’agit encore de cette lutte sempiternelle qui voudrait que chaque homme soit un sujet de droit. 1/3 des ménages éligibles au RSA n’y recourent pas.
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Dans le Canard de cette semaine:
jeudi 7 juin 2012
Au Musée d’art moderne de Saint Etienne : Jan Fabre.
Le belge qui fit scandale en tant que metteur en scène à Avignon en 2005 présente de sages productions néanmoins fortes dont le titre « l’heure bleue » suggère une approche poétique.
Les œuvres parfois gigantesques impressionnent par l’intensité du travail avec des stylos bleus recouvrant le papier usés en quantité industrielle. De l’entrelacs des gribouillis naissent des formes crayonnées ou arrachées aux feuilles.
Le classique recul nécessaire pour voir naitre des formes qui n’apparaissent pas d’emblée est renouvelé, notre admiration devant tant d’énergie au service d’une démarche originale n’était pas offerte à priori. La visite sur place la rend incontestable.
J’avais acheté il y a fort longtemps, sans connaître la notoriété du belge, un poster intitulé « le facteur Rollin » où n’apparaissaient telles des étoiles dans le ciel provençal, que les boutons de la vareuse du modèle de Van Gogh, il m’avait déjà bien plu.
« Je crois à la beauté parce que la beauté est la couleur de la liberté, et la liberté la couleur de la beauté »
Par ailleurs la diversité d’artistes Coréens invités exposés avec six artistes stéphanois est stimulante.
La finesse est un trait commun à beaucoup et si je ne suis toujours pas convaincu par certaines vidéos qui squattent trop largement les installations d’art contemporain, j’adhère plus facilement aux choix de ce musée qu’à ceux de notre « Magasin » grenoblois.
Le travail de Jee Soo Kim enchante le quotidien, les dessins sur calque de Sylvia Marquet sont émouvants, les gouaches d’Elzevir familières et rafraichissantes, les trames de Park et les lignes de Chung minutieuses et sensibles.
mardi 5 juin 2012
Nyarlathotep. Rotomago Julien Noirel.
Séduit par le graphisme et persistant à essayer de lire du Lovecraft, j’ai emprunté cette belle bande dessinée. Mais décidément je suis imperméable au fantastique bien qu’une ville crépusculaire où la chaleur devient étouffante puisse nous évoquer des préoccupations bien réelles :
« Et chacun sentit que la terre et peut être même l’univers tout entier, avaient échappé au contrôle des dieux ou des forces qui régnaient jusqu’ici pour tomber sous l’emprise des dieux ou de forces parfaitement inconnus »
Déjà qu’avec un dieu, j’ai du mal, alors si une flopée s’en mêle, je tourne vite les pages.
Il est question d’un cauchemar qui donne naissance à une nouvelle où un conférencier qui a tout d’un prophète annonce évidemment un cataclysme.
« Les foules affluaient à ses côtés, n'attendant que ses ordres,
Mais le quittant, ne pouvaient plus dire ce qu'elles avaient entendu ;
Cependant parmi les nations se répandait la nouvelle stupéfiante
Que les bêtes sauvages le suivaient et lui léchaient les mains. »
Je n’ai pas suivi.
lundi 4 juin 2012
Moonrise Kingdom. Royaume au clair de lune. Wes Anderson.
Quel enfant des années 60 n’a imaginé vivre sur une île, être un trappeur intrépide fuyant le monde avec une petite amie ? Etre orphelin.
Le réalisateur de Fantastic Mr. Fox nous offre une parenthèse enchantée aux couleurs de miel avec tout le sérieux qui sied à l’enfance, alors que les adultes sont fragiles et démunis.
Un petit garçon ingénieux élevé chez les scouts, fait coïncider la nature avec la carte de ses rêves, au temps où les livres étaient encore des boîtes à trésors et l’aquarelle une manière de saisir les lumières.
Le rythme est enlevé, la poésie facétieuse, l’humour dans tous les coins. Des scarabées au bout d’un hameçon font de belles boucles d’oreilles et même pas mal, la foudre ne laisse qu’un peu de noir sur les joues. De nouvelles inventions pour un couteau à lames multiples. Spectacle familial par excellence.
La musique de Benjamin Britten accompagne tout le film qui se conclut par Françoise Hardy :
« C’est le temps des copains, le temps de l’amour, et de l’aventure. Quand le temps va et vient, on ne pense à rien, malgré ses blessures…».
dimanche 3 juin 2012
Duke Ellington. Antoine Hervé.
Antoine Hervé est revenu à la MC2 et c’est comme si tout l’orchestre du « Duke » était là autour de son piano bavard où il fait swinguer saxos, trompettes, trombones et contrebasses imaginaires.
Les manières aristocratiques du « king », du « boss », joueur de base ball en son enfance à Washington, lui ont valu le surnom de « Duke » qu’il portera d’un siècle à l’autre (1899-1974) dans un milieu qui compta aussi un « Count » (Basie).
Il a embauché sans compter des musiciens pour son big band, et ne s’est pas trompé sur leurs talents, qu’il a su valoriser, ainsi Juan Tizol avec « Caravan ».
Il fut apprécié comme interprète, compositeur, chef d’orchestre mais également comme graphiste : 170 titres enregistrés, pour 14 labels différents, sous 18 pseudonymes...
C’est l’époque où la maffia sponsorise les clubs, où New York donne le « la », la radio valorise la musique : le « Cotton Club » sera connu de tout le pays.
Son style « jungle » un des marqueurs du jazz se souvient de racines africaines et en joue. Il traverse des moments palpitants de l’histoire de la musique, il devient post romantique tout en proclamant qu’il n’y a que deux musiques : « la bonne et la mauvaise ».
Savons nous que les grands du « classique » improvisaient ?
La leçon que je retiens de ces cycles de concerts commentés par Hervé, divertissant et instructif, c’est l’imbrication des genres : le morceau de jazz que le brillant pédagogue a joué en rappel faisait penser à Debussy.
Les manières aristocratiques du « king », du « boss », joueur de base ball en son enfance à Washington, lui ont valu le surnom de « Duke » qu’il portera d’un siècle à l’autre (1899-1974) dans un milieu qui compta aussi un « Count » (Basie).
Il a embauché sans compter des musiciens pour son big band, et ne s’est pas trompé sur leurs talents, qu’il a su valoriser, ainsi Juan Tizol avec « Caravan ».
Il fut apprécié comme interprète, compositeur, chef d’orchestre mais également comme graphiste : 170 titres enregistrés, pour 14 labels différents, sous 18 pseudonymes...
C’est l’époque où la maffia sponsorise les clubs, où New York donne le « la », la radio valorise la musique : le « Cotton Club » sera connu de tout le pays.
Son style « jungle » un des marqueurs du jazz se souvient de racines africaines et en joue. Il traverse des moments palpitants de l’histoire de la musique, il devient post romantique tout en proclamant qu’il n’y a que deux musiques : « la bonne et la mauvaise ».
Savons nous que les grands du « classique » improvisaient ?
La leçon que je retiens de ces cycles de concerts commentés par Hervé, divertissant et instructif, c’est l’imbrication des genres : le morceau de jazz que le brillant pédagogue a joué en rappel faisait penser à Debussy.
samedi 2 juin 2012
Bachelard. Hexagone de Meylan.
La société alpine de philosophie organisait, à l’Hexagone de Meylan, un séminaire concernant Gaston Bachelard dont les travaux ont porté sur les pensées scientifiques et poétiques.
C’était vraiment le bon endroit. La salle de spectacle située au bord d’une fameuse technopole porte avec constance dans ses programmes l’ambition de marier science et culture.
Je n’aurai pas le temps de me plonger dans les ouvrages de l’épistémologue( qui étudie la théorie de la connaissance), j’essaye avec cet article de gratter quelques mots pour aller plus loin qu’un nom sur un stade Grenoblois.
Le barbu de Bar sur Aube exerce une influence qui va au-delà d’un cercle de spécialistes, riche d’une œuvre à la « pluralité cohérente ».
Comme le jour et la nuit, les démarches scientifiques et poétiques se différencient, s’entrecroisent, se complètent. L’esprit tourné vers le passé peut envisager la nouveauté, la créativité, surpasser les résistances.
Les intervenants : un scientifique accessible, un poète du Québec autour d’un philosophe pédagogue ont été plus convaincants lorsqu’ils ont dialogué avec un public averti, se montrant par ailleurs, à mon avis, paresseux lorsqu’inévitablement il fut question de l’école.
Je pense que la suppression des chaises dans les salles de classe n’est pas vécue comme une métaphore par certains casseurs.
Mais il est bien vrai que l’enseignement en sciences des seuls résultats, qui ferait l’impasse sur les erreurs en cours de cheminement, perd le temps qu’il croyait gagner.
Etre patient, le courage de l’acte génère la déstabilisation.
L’alchimiste des temps anciens exerçait dans une maison solitaire, le nouvel esprit scientifique doit se réconcilier avec le groupe. La spécialisation n’est pas un problème puisqu’elle abandonne le survol, en allant vers la profondeur, elle ne s’enferme pas fatalement.
Les mathématiques permettent de s’éloigner de soi et la démarche scientifique peut prendre ses distances vis-à-vis du réel avec lequel la rêverie sympathise.
L’homme appartient aux générations précédentes et les catégories d’Aristote : l’eau, le feu, la terre, l’air, peuvent être fécondes.
Nous ne pouvons écrire dans le tumulte.
A résumer rapidement une pensée, elle parait aller de soi, alors qu’il suffit d’un échantillon pour ouvrir de stimulantes perspectives :
« Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l'objet, Elle doit d'abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante, l'étymologie enfin, car le verbe, qui est fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée. Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser. Sans cette vigilance malveillante, nous ne prendrons jamais une attitude vraiment objective. S'il s'agit d'examiner des hommes, des égaux, des frères, la sympathie est le fond de la méthode. Mais devant ce monde inerte qui ne vit pas de notre vie, qui ne souffre d'aucune de nos peines et que n'exalte aucune de nos joies, nous devons arrêter toutes les expansions, nous devons brimer notre personne. Les axes de la science et de la poésie sont d'abord inverses. Tout ce que peut espérer la philosophie, c'est de rendre la science et la poésie complémentaires, de les unir comme deux contraires bien faits. Il faut donc opposer à l'esprit poétique expansif, l'esprit scientifique taciturne pour lequel l'antipathie préalable est une saine précaution ».
C’était vraiment le bon endroit. La salle de spectacle située au bord d’une fameuse technopole porte avec constance dans ses programmes l’ambition de marier science et culture.
Je n’aurai pas le temps de me plonger dans les ouvrages de l’épistémologue( qui étudie la théorie de la connaissance), j’essaye avec cet article de gratter quelques mots pour aller plus loin qu’un nom sur un stade Grenoblois.
Le barbu de Bar sur Aube exerce une influence qui va au-delà d’un cercle de spécialistes, riche d’une œuvre à la « pluralité cohérente ».
Comme le jour et la nuit, les démarches scientifiques et poétiques se différencient, s’entrecroisent, se complètent. L’esprit tourné vers le passé peut envisager la nouveauté, la créativité, surpasser les résistances.
Les intervenants : un scientifique accessible, un poète du Québec autour d’un philosophe pédagogue ont été plus convaincants lorsqu’ils ont dialogué avec un public averti, se montrant par ailleurs, à mon avis, paresseux lorsqu’inévitablement il fut question de l’école.
Je pense que la suppression des chaises dans les salles de classe n’est pas vécue comme une métaphore par certains casseurs.
Mais il est bien vrai que l’enseignement en sciences des seuls résultats, qui ferait l’impasse sur les erreurs en cours de cheminement, perd le temps qu’il croyait gagner.
Etre patient, le courage de l’acte génère la déstabilisation.
L’alchimiste des temps anciens exerçait dans une maison solitaire, le nouvel esprit scientifique doit se réconcilier avec le groupe. La spécialisation n’est pas un problème puisqu’elle abandonne le survol, en allant vers la profondeur, elle ne s’enferme pas fatalement.
Les mathématiques permettent de s’éloigner de soi et la démarche scientifique peut prendre ses distances vis-à-vis du réel avec lequel la rêverie sympathise.
L’homme appartient aux générations précédentes et les catégories d’Aristote : l’eau, le feu, la terre, l’air, peuvent être fécondes.
Nous ne pouvons écrire dans le tumulte.
A résumer rapidement une pensée, elle parait aller de soi, alors qu’il suffit d’un échantillon pour ouvrir de stimulantes perspectives :
« Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l'objet, Elle doit d'abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante, l'étymologie enfin, car le verbe, qui est fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée. Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser. Sans cette vigilance malveillante, nous ne prendrons jamais une attitude vraiment objective. S'il s'agit d'examiner des hommes, des égaux, des frères, la sympathie est le fond de la méthode. Mais devant ce monde inerte qui ne vit pas de notre vie, qui ne souffre d'aucune de nos peines et que n'exalte aucune de nos joies, nous devons arrêter toutes les expansions, nous devons brimer notre personne. Les axes de la science et de la poésie sont d'abord inverses. Tout ce que peut espérer la philosophie, c'est de rendre la science et la poésie complémentaires, de les unir comme deux contraires bien faits. Il faut donc opposer à l'esprit poétique expansif, l'esprit scientifique taciturne pour lequel l'antipathie préalable est une saine précaution ».
vendredi 1 juin 2012
Y a-t-il une gauche moderne ?
De jeunes spectatrices à ce forum de Libération à Grenoble étaient déçues que l’octogénaire Rocard ne soit pas de la partie.
Mais la table était bien garnie autour d’un Demorand décidément moins déférent que Joffrin :
« La salle voudrait que vous clarifiez votre rapport à l’ultra libéralisme. »
avec Michel Destot, «nous sommes beaucoup trop dans une culture de réparation sociale».
Cécile Pavageau avocate, «rocardienne des inrockuptibles», Guillaume Hannezo des Gracques et Bernard Spitz.
«Une société qui ne fait pas confiance à sa jeunesse est une société en décadence».
La question initiale pourrait appartenir à une autre époque depuis que la deuxième gauche a disparu des écrans. Alors que les problèmes de dettes et de déficit occupent toute la place, ceux qui reconnaissent que c’est l’entreprise qui créée les richesses peuvent avoir voix au chapitre.
Quant à la perspective de gagner deux élections générales de suite comme Lula et Clinton certes enviable… déjà gagner la présidentielle, une fois !
Il s’agit pour ces intellectuels de produire une expertise, en sortant de l’entre soi ; ils appartiennent à une élite certes mais responsable qui participe à un destin commun, en tenant un discours authentique. Avec comme boussole la justice, imaginer un avenir qui passe par une ouverture au monde, à ses cultures et une prise en compte des changements : le vieillissement démographique, l’urbanisation passée en 100 ans de 30% à 60%, le réchauffement de la planète… Les problèmes sont mondiaux : migrations, écologie.
« L’inflation est un impôt sur les vieux et les pauvres, la dette un impôt sur les jeunes »
Et ce n’est pas qu’un jeu de mots dans ce débat sur la modernité quand revient pour sortir de la désespérance le titre « Les jours heureux ». Ces mots nommaient le programme du conseil national de la résistance alors que l’état tenait le rôle central.
Les réponses à l’égard des plus faibles sont à porter sur le logement et le transport. Ce sont souvent des familles mono parentales a en milieu rural.
Des innovations peuvent bousculer : 80 000 emplois créés à Londres avec « la petite remise » ( des taxis occasionnels).
Les services publics doivent s’adapter, le travail social doit se situer le plus en amont possible et à l’heure où le médecin généraliste devient un dieu laïque, un bouclier sanitaire est nécessaire pour que l’universalité soit proclamée avec une part qui resterait à charge selon les revenus.
....
Dessin dans Libération de fin mai 2012.
Mais la table était bien garnie autour d’un Demorand décidément moins déférent que Joffrin :
« La salle voudrait que vous clarifiez votre rapport à l’ultra libéralisme. »
avec Michel Destot, «nous sommes beaucoup trop dans une culture de réparation sociale».
Cécile Pavageau avocate, «rocardienne des inrockuptibles», Guillaume Hannezo des Gracques et Bernard Spitz.
«Une société qui ne fait pas confiance à sa jeunesse est une société en décadence».
La question initiale pourrait appartenir à une autre époque depuis que la deuxième gauche a disparu des écrans. Alors que les problèmes de dettes et de déficit occupent toute la place, ceux qui reconnaissent que c’est l’entreprise qui créée les richesses peuvent avoir voix au chapitre.
Quant à la perspective de gagner deux élections générales de suite comme Lula et Clinton certes enviable… déjà gagner la présidentielle, une fois !
Il s’agit pour ces intellectuels de produire une expertise, en sortant de l’entre soi ; ils appartiennent à une élite certes mais responsable qui participe à un destin commun, en tenant un discours authentique. Avec comme boussole la justice, imaginer un avenir qui passe par une ouverture au monde, à ses cultures et une prise en compte des changements : le vieillissement démographique, l’urbanisation passée en 100 ans de 30% à 60%, le réchauffement de la planète… Les problèmes sont mondiaux : migrations, écologie.
« L’inflation est un impôt sur les vieux et les pauvres, la dette un impôt sur les jeunes »
Et ce n’est pas qu’un jeu de mots dans ce débat sur la modernité quand revient pour sortir de la désespérance le titre « Les jours heureux ». Ces mots nommaient le programme du conseil national de la résistance alors que l’état tenait le rôle central.
Les réponses à l’égard des plus faibles sont à porter sur le logement et le transport. Ce sont souvent des familles mono parentales a en milieu rural.
Des innovations peuvent bousculer : 80 000 emplois créés à Londres avec « la petite remise » ( des taxis occasionnels).
Les services publics doivent s’adapter, le travail social doit se situer le plus en amont possible et à l’heure où le médecin généraliste devient un dieu laïque, un bouclier sanitaire est nécessaire pour que l’universalité soit proclamée avec une part qui resterait à charge selon les revenus.
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Dessin dans Libération de fin mai 2012.