L’élégant trimestriel l’Alpe édité par les éditions Glénat et le Musée dauphinois consacre sa livraison de cet hiver à « La planète Grenoble » avec en couverture une vue à 360° de la capitale des Alpes prise depuis la tour Perret.
Beaucoup de photographies sont l’œuvre de Vincent Costarella qui a déjà cadré les différentes cultures caractéristiques d’une des villes les plus cosmopolites de France.
Un article original donne le point de vue des montagnes, et un navigateur passe des océans aux nuages, alors qu’une canadienne qui compare la ville à d’autres dans leur rapport à la montagne qui les environne livre son regard affectueux.
Doisneau était venu à Grenoble et si ces photos là ne sont pas passées à la postérité, elles illustrent des pages consacrées aux travailleuses de Brun en particulier, alors que les hommes en bleu de Nerpic par exemple ne sont pas oubliés.
Les discours à propos de Grenoble sont décryptés par Pierre Frappat, un expert qui publia en 1979 « Grenoble, le mythe blessé ».
Michel Destot en montagnard urbain dialogue avec un alpiniste parisien Robert Paragot.
Nous suivons JJ Rousseau herborisant dans les parages.
Et avant les pages recensant les expos, les rencontres, un article concernant la convention alpine pose, pour cette institution qui fête ses vingt ans, la question de sa raison d’être.
Un port folio chamarré ajoute du charme aux 86 pages qui reflètent bien le souci pédagogique permanent du Musée dauphinois.
mercredi 29 février 2012
mardi 28 février 2012
Paul en appartement. Michel Rabagliati.
J’avais adoré « Paul au Québec », chronique de la vie d’une grande famille, plus fort ; là j’ai retrouvé le gentil Paul dans ses années où il passe à l’âge adulte en s’installant avec Lucie.
Changement d’époque dans les années 80 : découverte du design et du marketing dans l’école de graphisme et approche de l’art contemporain. Pas de drame, la grand tante leur fait cadeau d’un masque africain témoin de sa vie aventureuse, on en verra la photographie à la fin des 110 pages du livre quand les petites nièces se cacheront derrière à la sortie du bain.
Familier, apaisant, chaleureux, limpide.
Changement d’époque dans les années 80 : découverte du design et du marketing dans l’école de graphisme et approche de l’art contemporain. Pas de drame, la grand tante leur fait cadeau d’un masque africain témoin de sa vie aventureuse, on en verra la photographie à la fin des 110 pages du livre quand les petites nièces se cacheront derrière à la sortie du bain.
Familier, apaisant, chaleureux, limpide.
lundi 27 février 2012
Un homme qui dort. Georges Perec Bernard Queysanne.
Dans le cadre du cycle « Traversées Urbaines » la Cinémathèque de Grenoble présentait un film culte, « hypnotique » m’avait averti un de mes collègues cinéphile qui m’a permis d’étoffer cet article.
Plus que la déambulation dans la ville de Paris débarrassée de tout aspect touristique, c’est toute une époque parfumée à la Gauloise qui resurgit.
1974. Un étudiant vivant sous les toits, se déprend du monde en continuant à le lire
« Le Monde ». Une dépression douce où l’acteur Jacques Spiesser sur un texte lu par Ludmilla Mikaël, se montre indifférent, mesure la vacuité de la vie, en arrive à ne plus penser, sa seule attente est celle de la pluie.
Perec écrivait: « C'était le contraire des Choses..."Un homme qui dort " face à la multiplication des signes, la fascination, dit: « Vous m'emmerdez, ça ne me concerne pas votre petite échelle, vos promotions sociales. Je suis sac de sable sur un lit, je resterai sac de sable sur un lit. »
S’il est des « films miroirs » celui-ci est fendu, et en prolongeant une métaphore sculpturale : cette œuvre est née d’une soustraction de matière. Le cinéma a visé parfois à regrouper tous les arts : ici la musique née d’une goutte vient rejoindre une littérature à la recherche du mystère de l’individu : très occidental, très seventies.
Perec a été inspiré par Bartelby de Melville, décidément tendance ; est ce pour sa résistance, l'anti-transparence, chez un homme qui préfèrerait n'en rien faire : « I would prefer not to » ?
«Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas: la solitude, l'indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout: d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as côtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traîner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancœur opportuniste et lâche des liaisons qui s'effilochent.»
Plus que la déambulation dans la ville de Paris débarrassée de tout aspect touristique, c’est toute une époque parfumée à la Gauloise qui resurgit.
1974. Un étudiant vivant sous les toits, se déprend du monde en continuant à le lire
« Le Monde ». Une dépression douce où l’acteur Jacques Spiesser sur un texte lu par Ludmilla Mikaël, se montre indifférent, mesure la vacuité de la vie, en arrive à ne plus penser, sa seule attente est celle de la pluie.
Perec écrivait: « C'était le contraire des Choses..."Un homme qui dort " face à la multiplication des signes, la fascination, dit: « Vous m'emmerdez, ça ne me concerne pas votre petite échelle, vos promotions sociales. Je suis sac de sable sur un lit, je resterai sac de sable sur un lit. »
S’il est des « films miroirs » celui-ci est fendu, et en prolongeant une métaphore sculpturale : cette œuvre est née d’une soustraction de matière. Le cinéma a visé parfois à regrouper tous les arts : ici la musique née d’une goutte vient rejoindre une littérature à la recherche du mystère de l’individu : très occidental, très seventies.
Perec a été inspiré par Bartelby de Melville, décidément tendance ; est ce pour sa résistance, l'anti-transparence, chez un homme qui préfèrerait n'en rien faire : « I would prefer not to » ?
«Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas: la solitude, l'indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout: d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as côtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traîner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancœur opportuniste et lâche des liaisons qui s'effilochent.»
dimanche 26 février 2012
J'y suis, j'y reste. Raymond Vincy et Jean Valmy.
La compagnie de théâtre amateur « La dent du loup » présentait cette pièce des années 50 dans la salle bien garnie du Pont de Vence.
Ce vaudeville tint sa place dans les riches heures du « théâtre ce soir » quand trois coups étaient frappés avant que le rideau s’ouvre.
Prototype du théâtre de boulevard, avec boniche qui a perdu son plumeau, majordome, des personnages sautillants ingénus, sans-gênes, coincées ou roublards.
Mon jugement manquera de distance puisque je connaissais deux des comédiens qui nous ont fait partager leur plaisir de jouer.
Il est question de baronne, de cardinal, d’amoureux qui veulent se marier, dans un autre temps où dans ce milieu se disait « on ne divorce pas chez nous ».
Les convenances ont bien changé, mais c’est toujours jouissif quand elles explosent, en trois actes rythmés.
Un moment agréable.
Ce vaudeville tint sa place dans les riches heures du « théâtre ce soir » quand trois coups étaient frappés avant que le rideau s’ouvre.
Prototype du théâtre de boulevard, avec boniche qui a perdu son plumeau, majordome, des personnages sautillants ingénus, sans-gênes, coincées ou roublards.
Mon jugement manquera de distance puisque je connaissais deux des comédiens qui nous ont fait partager leur plaisir de jouer.
Il est question de baronne, de cardinal, d’amoureux qui veulent se marier, dans un autre temps où dans ce milieu se disait « on ne divorce pas chez nous ».
Les convenances ont bien changé, mais c’est toujours jouissif quand elles explosent, en trois actes rythmés.
Un moment agréable.
samedi 25 février 2012
Le Postillon. Décembre 2011.
Un camarade, veillant à mon salut idéologique, m’a recommandé la lecture du
« Postillon » que je ne m’étais pas privé de critiquer déjà sur ce blog.
Suite :
Dommage qu’il ne garde pas le format A 4 qu’il présente chez le marchand de journaux : une autre mise en page amènerait peut être plus de nerfs à des articles trop bavards qui ne tiennent pas ce qu’ils promettent dans les titres.
Ainsi « Moody’s sévit aussi à Grenoble » nous accroche mais il ressort essentiellement que « le boss n’a même pas de cravate, mais une simple chemise et un pull très classique ». C’est du journalisme alternatif ?
Par ailleurs concernant le buraliste de la Place des Géants à la lecture de l’article, il s’avère qu’il n’est pas harcelé que par la police.
Le reportage sur les boulistes de Catane est vivant et le rédacteur a l’honnêteté de retranscrire l’avis de Marcel qui juge que « Destot a bien fait son boulot ».
Ce témoignage tranche avec le ton général d’un journal accusateur, hostile, dénigrant, donneur de leçons contre les journalistes du Dauphiné Libéré, Grenew’s, M6, Jérôme Safar, Minatec, le SMTC, les maires de La Tronche, Echirolles, Pont de Claix …
Leur proximité avec les technophobes de « Pièces et main d’œuvre » les amène à traiter des mêmes sujets sur le même mode : Monéo, Clinatec.
Ils dénoncent « la pensée unique » tout en excluant dans chaque article la moindre mention d’une opinion qui n’est pas la leur. Ainsi ils s’opposent à la ligne ferroviaire Lyon-Turin .
Et quand ils évoquent les débats de « La république des idées » à la MC 2, leur mépris me range vigoureusement à l’opposé de ces postures.
Les statues du communisme ne sont plus présentes que dans quelques musées sous forme d’installations ironiques. Mais « le gauchisme, » qui fut disait Lénine en 1920, « la maladie infantile du communisme », même à dose résiduelle,cette grosse gauche godiche me donne toujours autant d’acné.
« Postillon » que je ne m’étais pas privé de critiquer déjà sur ce blog.
Suite :
Dommage qu’il ne garde pas le format A 4 qu’il présente chez le marchand de journaux : une autre mise en page amènerait peut être plus de nerfs à des articles trop bavards qui ne tiennent pas ce qu’ils promettent dans les titres.
Ainsi « Moody’s sévit aussi à Grenoble » nous accroche mais il ressort essentiellement que « le boss n’a même pas de cravate, mais une simple chemise et un pull très classique ». C’est du journalisme alternatif ?
Par ailleurs concernant le buraliste de la Place des Géants à la lecture de l’article, il s’avère qu’il n’est pas harcelé que par la police.
Le reportage sur les boulistes de Catane est vivant et le rédacteur a l’honnêteté de retranscrire l’avis de Marcel qui juge que « Destot a bien fait son boulot ».
Ce témoignage tranche avec le ton général d’un journal accusateur, hostile, dénigrant, donneur de leçons contre les journalistes du Dauphiné Libéré, Grenew’s, M6, Jérôme Safar, Minatec, le SMTC, les maires de La Tronche, Echirolles, Pont de Claix …
Leur proximité avec les technophobes de « Pièces et main d’œuvre » les amène à traiter des mêmes sujets sur le même mode : Monéo, Clinatec.
Ils dénoncent « la pensée unique » tout en excluant dans chaque article la moindre mention d’une opinion qui n’est pas la leur. Ainsi ils s’opposent à la ligne ferroviaire Lyon-Turin .
Et quand ils évoquent les débats de « La république des idées » à la MC 2, leur mépris me range vigoureusement à l’opposé de ces postures.
Les statues du communisme ne sont plus présentes que dans quelques musées sous forme d’installations ironiques. Mais « le gauchisme, » qui fut disait Lénine en 1920, « la maladie infantile du communisme », même à dose résiduelle,cette grosse gauche godiche me donne toujours autant d’acné.
vendredi 24 février 2012
La faim dans le monde, une fatalité ?
« Toutes les cinq secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim » : tout est dit.
Et pourtant le sujet n’est plus très à la mode bien que dans les révolutions arabes la flambée des prix des céréales ait été la base des mouvements dont facebook n’a été que l’amplificateur.
Au forum de Libé à Lyon deux pointures pour aller chercher les causes du mal : Jean Ziegler et Jean Christophe Ruffin.
Le sociologue suisse remue la fourchette dans la plaie : « La production agricole actuelle peut alimenter 12 milliards d’humains » mais la spéculation sur les produits agricoles venant après la crise financière empêche les pays de constituer des réserves. Le riz a augmenté de 115% dans les 18 derniers mois :
« les spéculateurs sont coupables de crimes contre l’humanité ».
A cela s’ajoute le dumping qui rend, sur les marchés de Dakar, les fruits et légumes d’Europe deux fois moins chers que les produits africains équivalents. Et ces tonnes de blé et de maïs destinés aux agrocarburants qui partent en fumée au détriment de l’alimentation.
L’écrivain ex-ambassadeur précise que les famines ne sont pas que des phénomènes climatiques mais aussi humains avec des politiques agricoles inadaptées. Il ne désigne pas l’occident et ses institutions internationales comme uniques coupables mais pointe la responsabilité des gouvernements locaux concernant aussi les phénomènes de sous alimentation chronique.
Des marques de l’héritage colonial perdurent : le riz brisé tellement prisé au Sénégal est une survivance des premiers envois vers l’Afrique des débris des productions du Tonkin.
Les campagnes sont négligées, l’Afrique a perdu de ses ressources agricoles en devenant à moitié urbaine et la vente des terres arables à la Chine menace les populations locales.
Le bon sens qu’on prêtait aux paysans a bien disparu puis qu’il est utile de repréciser qu’il conviendrait de
« donner la priorité à l’alimentation dans l’agriculture »
....
Un dessin du Canard de cette semaine:
Et pourtant le sujet n’est plus très à la mode bien que dans les révolutions arabes la flambée des prix des céréales ait été la base des mouvements dont facebook n’a été que l’amplificateur.
Au forum de Libé à Lyon deux pointures pour aller chercher les causes du mal : Jean Ziegler et Jean Christophe Ruffin.
Le sociologue suisse remue la fourchette dans la plaie : « La production agricole actuelle peut alimenter 12 milliards d’humains » mais la spéculation sur les produits agricoles venant après la crise financière empêche les pays de constituer des réserves. Le riz a augmenté de 115% dans les 18 derniers mois :
« les spéculateurs sont coupables de crimes contre l’humanité ».
A cela s’ajoute le dumping qui rend, sur les marchés de Dakar, les fruits et légumes d’Europe deux fois moins chers que les produits africains équivalents. Et ces tonnes de blé et de maïs destinés aux agrocarburants qui partent en fumée au détriment de l’alimentation.
L’écrivain ex-ambassadeur précise que les famines ne sont pas que des phénomènes climatiques mais aussi humains avec des politiques agricoles inadaptées. Il ne désigne pas l’occident et ses institutions internationales comme uniques coupables mais pointe la responsabilité des gouvernements locaux concernant aussi les phénomènes de sous alimentation chronique.
Des marques de l’héritage colonial perdurent : le riz brisé tellement prisé au Sénégal est une survivance des premiers envois vers l’Afrique des débris des productions du Tonkin.
Les campagnes sont négligées, l’Afrique a perdu de ses ressources agricoles en devenant à moitié urbaine et la vente des terres arables à la Chine menace les populations locales.
Le bon sens qu’on prêtait aux paysans a bien disparu puis qu’il est utile de repréciser qu’il conviendrait de
« donner la priorité à l’alimentation dans l’agriculture »
....
Un dessin du Canard de cette semaine:
jeudi 23 février 2012
La nature morte de l’antiquité à nos jours. #1 Entre réalité et symbolique
Serge Legat commençait un cycle de conférences aux amis du musée.
La nature morte c'est la peinture d'objets. L'expression, assez péjorative, apparaît en France au 18ème, alors que, depuis le 16ème les Provinces Unies parlent de « Modèle Immobile » et que les Anglais utilisent le plus poétique « Still Live » (vie tranquille). Assez lié au monde du théâtre (trompe l'œil, décors), le genre est considéré comme mineur en France jusqu'au 18°, il figure au cinquième rang, le dernier du classement académique.
Peu de traces de cette catégorie de représentations subsistent aujourd'hui, venues du monde grec et hellénistique.
Par contre d’Herculanum et Pompéi du 1er au 4ème siècle à Rome, abondent les décors de scène, imitations d'objets, trompe l'œil, sur les mosaïques et les fresques.
L'effondrement du monde romain entraîne la décadence de la nature morte qui devient uniquement « symbolique » du christianisme : l'objet n'a pas de raison d'être par lui-même, il est complément et se doit d'être beau car associé au message mystique comme dans la Cène. Avec l'Art Occidental, c'est le retour à l'observation et au naturalisme.
La pensée d'Aristote le rationaliste, soucieux des choses matérielles, des inventaires méthodiques et de la systématisation. est redécouverte. L'influence de St François d'Assise, de St Thomas d'Aquin qui écrivent sur l'importance de la nature, font, à la fin du Moyen Age, que l'objet devient digne de l'amour du chrétien. A Padoue, à Sienne, à Florence les artistes comme Giotto s'y intéressent. L’Italie cherche la perfection et en Flandre les peintres amènent de l'homme à Dieu. Dans le monde nordique, on représente de plus en plus d'objets du monde religieux ou profane. La Vierge par exemple est peinte dans le cadre de la vie quotidienne, souvent dans des intérieurs flamands bourgeois chez Van Eyck ou Campin. La représentation de l'objet prend de plus en plus d'importance dans le tableau, chargée de symboles : Le lys est l’immaculée conception, la pureté, la rose c’est Marie et la bougie éclairée la lumière de Dieu qui éclaire l'humanité
Au 17eme au revers de triptyques ou diptyques apparaissent « les vanités ».
Merci à Dany qui a pris ces notes.
La nature morte c'est la peinture d'objets. L'expression, assez péjorative, apparaît en France au 18ème, alors que, depuis le 16ème les Provinces Unies parlent de « Modèle Immobile » et que les Anglais utilisent le plus poétique « Still Live » (vie tranquille). Assez lié au monde du théâtre (trompe l'œil, décors), le genre est considéré comme mineur en France jusqu'au 18°, il figure au cinquième rang, le dernier du classement académique.
Peu de traces de cette catégorie de représentations subsistent aujourd'hui, venues du monde grec et hellénistique.
Par contre d’Herculanum et Pompéi du 1er au 4ème siècle à Rome, abondent les décors de scène, imitations d'objets, trompe l'œil, sur les mosaïques et les fresques.
L'effondrement du monde romain entraîne la décadence de la nature morte qui devient uniquement « symbolique » du christianisme : l'objet n'a pas de raison d'être par lui-même, il est complément et se doit d'être beau car associé au message mystique comme dans la Cène. Avec l'Art Occidental, c'est le retour à l'observation et au naturalisme.
La pensée d'Aristote le rationaliste, soucieux des choses matérielles, des inventaires méthodiques et de la systématisation. est redécouverte. L'influence de St François d'Assise, de St Thomas d'Aquin qui écrivent sur l'importance de la nature, font, à la fin du Moyen Age, que l'objet devient digne de l'amour du chrétien. A Padoue, à Sienne, à Florence les artistes comme Giotto s'y intéressent. L’Italie cherche la perfection et en Flandre les peintres amènent de l'homme à Dieu. Dans le monde nordique, on représente de plus en plus d'objets du monde religieux ou profane. La Vierge par exemple est peinte dans le cadre de la vie quotidienne, souvent dans des intérieurs flamands bourgeois chez Van Eyck ou Campin. La représentation de l'objet prend de plus en plus d'importance dans le tableau, chargée de symboles : Le lys est l’immaculée conception, la pureté, la rose c’est Marie et la bougie éclairée la lumière de Dieu qui éclaire l'humanité
Au 17eme au revers de triptyques ou diptyques apparaissent « les vanités ».
Merci à Dany qui a pris ces notes.
jeudi 16 février 2012
La rigoureuse géométrie de Mondrian.
Pieter Cornelis Mondriaan, le peintre complexe, va aussi simplifier son nom en Piet Mondrian.
Né en 1872 en Hollande dans une famille calviniste, il est inquiet du passage vers l’an 1900.
Ses paysages influencés par Van Gogh traitent des données permanentes des Pays Bas : l’eau, le ciel, la terre, puis il abandonne le vert pour le rouge, le bleu, le jaune : les primaires.
Ses références remontent à l’âge d’or de son plat pays, au XVII° siècle: quand il sera reconnu comme « le Rembrandt de la modernité », quelle lumineuse consécration !
Catherine De Buzon conférencière a apporté ses éclairages aux amis du musée de Grenoble:
« comment ce jeune homme fragile, pauvre, peu instruit va-t-il, au fil d’une traversée de l’image, conduire la peinture sur les terres conceptuelles de l’abstraction ? Des années de recherches formelles pour travailler ensuite durant vingt ans sur l’exclusive (ou à peu près) d’une surface peinte avec verticales et horizontales, le noir et le blanc et les trois couleurs primaires.
Sept signes, comme sept notes et toute la musique du monde ! »
La peinture est « una cosa mentale » depuis Léonard de Vinci, autrement dit, avec Klimt, une affaire intellectuelle : la peinture se fait dans l’atelier, les sous bois forment des rythmes une fois que les images de la promenade se sont sédimentées.
S’il peint des fleurs pour répondre au goût du public, il poursuit ses recherches apportant dans une grande rapidité d’exécution, des couleurs tonitruantes.
Il revendique l’artificialité de la peinture, la perspective disparaît, mais pas sa ferveur quand les branches sont comme des arches de cathédrale.
En 1909, année heureuse, il se fiance et révèle au public un rouge moulin archétypal incandescent, audacieux, extravagant. Ses dunes sensuelles, ses accords chromatiques évoluent vers plus de froideur mais lorsqu’il dérive vers les théosophes, le public ne le suit plus. Kröller-Müller va l’aider financièrement, un moment.
Avec les cubistes Picasso, Braque, à Paris, ses formes se décomposent, se recomposent. A partir de la représentation d’un immeuble en démolition, il fortifie sa géométrie peuplée de signes plus et de minus (moins) qui apparaissent dans des ovales, des carrés reposant sur un angle.
Un critique d’art Theo van Doesburg lui propose un vitrail à partir d’une de ses propositions ; désormais les couleurs primaires enchâssées dans des lignes noires vont constituer son champ de recherche de pureté, son chant d’amour divin. Il ne veut pas de cadre à ses tableaux, pour que la lumière respire.
Une bombe dans son jardin de Londres lui fait surmonter ses réticences à partir pour New York.
Lui qui influencera l’architecture était fait pour rencontrer cette ville.
Il recommandera Pollock à Peggy Guggenheim et saura exprimer les rythmes le jazz rigoureusement, harmonieusement.
....
Je reprends la publication des articles sur ce blog dans une semaine.
Né en 1872 en Hollande dans une famille calviniste, il est inquiet du passage vers l’an 1900.
Ses paysages influencés par Van Gogh traitent des données permanentes des Pays Bas : l’eau, le ciel, la terre, puis il abandonne le vert pour le rouge, le bleu, le jaune : les primaires.
Ses références remontent à l’âge d’or de son plat pays, au XVII° siècle: quand il sera reconnu comme « le Rembrandt de la modernité », quelle lumineuse consécration !
Catherine De Buzon conférencière a apporté ses éclairages aux amis du musée de Grenoble:
« comment ce jeune homme fragile, pauvre, peu instruit va-t-il, au fil d’une traversée de l’image, conduire la peinture sur les terres conceptuelles de l’abstraction ? Des années de recherches formelles pour travailler ensuite durant vingt ans sur l’exclusive (ou à peu près) d’une surface peinte avec verticales et horizontales, le noir et le blanc et les trois couleurs primaires.
Sept signes, comme sept notes et toute la musique du monde ! »
La peinture est « una cosa mentale » depuis Léonard de Vinci, autrement dit, avec Klimt, une affaire intellectuelle : la peinture se fait dans l’atelier, les sous bois forment des rythmes une fois que les images de la promenade se sont sédimentées.
S’il peint des fleurs pour répondre au goût du public, il poursuit ses recherches apportant dans une grande rapidité d’exécution, des couleurs tonitruantes.
Il revendique l’artificialité de la peinture, la perspective disparaît, mais pas sa ferveur quand les branches sont comme des arches de cathédrale.
En 1909, année heureuse, il se fiance et révèle au public un rouge moulin archétypal incandescent, audacieux, extravagant. Ses dunes sensuelles, ses accords chromatiques évoluent vers plus de froideur mais lorsqu’il dérive vers les théosophes, le public ne le suit plus. Kröller-Müller va l’aider financièrement, un moment.
Avec les cubistes Picasso, Braque, à Paris, ses formes se décomposent, se recomposent. A partir de la représentation d’un immeuble en démolition, il fortifie sa géométrie peuplée de signes plus et de minus (moins) qui apparaissent dans des ovales, des carrés reposant sur un angle.
Un critique d’art Theo van Doesburg lui propose un vitrail à partir d’une de ses propositions ; désormais les couleurs primaires enchâssées dans des lignes noires vont constituer son champ de recherche de pureté, son chant d’amour divin. Il ne veut pas de cadre à ses tableaux, pour que la lumière respire.
Une bombe dans son jardin de Londres lui fait surmonter ses réticences à partir pour New York.
Lui qui influencera l’architecture était fait pour rencontrer cette ville.
Il recommandera Pollock à Peggy Guggenheim et saura exprimer les rythmes le jazz rigoureusement, harmonieusement.
....
Je reprends la publication des articles sur ce blog dans une semaine.
mercredi 15 février 2012
Toulouse.
Quelle ville en dehors de Paname a pu se voir dédier une chanson comme Nougaro le fit si bien ?
C’est que la ville rose ne manque ni de caractère ni de couleurs :
quelques traits verts (46 jardins) et trois canaux,
du violet des violettes rapportées de Parme par un soldat de Napoléon qui ont bien poussé quand les maraichers avaient un répit,
avec le bleu du pastel qui fit la fortune éphémère de la ville occitane,
le rouge et noir des capitouls est depuis 1907 celui du stade toulousain.
Capitale de la région la plus vaste Midi Pyrénées, 3° ville universitaire, avec 15 000 habitants nouveaux dans l’agglomération par an.
Au Nord : le bourg autour de la basilique Saint Sernin occupe un des lobes d’une ville en forme de cœur alors que la cité autour du Capitole en dessine l’autre moitié sur la rive droite où la Garonne change de cap. Après les romains au premier siècle et les Volques Tectosages, tribu gauloise, les Wisigoths se sont arrêtés là entre océan et Méditerranée.
J’ai appris à cette conférence de Myriam Pastor, aux amis du musée de Grenoble, qu’un plat emblématique français, le cassoulet, était à l’origine un ragout de mouton bien sarrasin.
La ville est prospère au temps des comtes de Toulouse et des capitouls ; les Raimond se succèdent. La religion cathare a séduit 2000 personnes dans la ville qui comptait déjà 40 000 habitants. La croisade contre ces albigeois menée par Simon de Montfort qui fut tué lors du siège de Toulouse, laissa des traces durables. Des épidémies ravagèrent la population et un incendie gigantesque détruisit 7000 maisons, mais si l’indigo des colonies supplanta le pastels, des fortunes eurent le temps de s’édifier pendant l’âge d’or où les coques , boulettes qui rassemblaient ces herbes précieuses, valurent le terme de « pays de cocagne » à la région.
Cent clochers dominent les toits de tuile et 49 tours capitulaires dépassent des bâtiments assez peu élevés en raison de la nature alluviale des sols.
De nombreuses confréries ont laissé des cloitres agréables, des chapelles remarquables.
Les anciens abattoirs reçoivent des œuvres contemporaines depuis un rideau de scène gigantesque de Picasso, et la fondation Bamberg accueille dans un hôtel particulier renaissance 35 tableaux de Bonnard. Le métro, dans chacune de ses 38 stations, présente une œuvre contemporaine.
L’aéronautique emploie 30 000 salariés mais la ville ne veut pas s’enfermer dans une monoculture industrielle qui fait sa renommée.
La description d’une telle ville convenait tout à fait bien à une évocation artistique, historique.
Pourtant s’il a été fait mention de l’accueil des républicains espagnols, quelques mots concernant par exemple le quartier du Mirail auraient pu étonner les amateurs de cartes postales mais m’auraient personnellement contenté, car il me semble qu’on y travaille à la police de proximité, malgré l’autre.
C’est que la ville rose ne manque ni de caractère ni de couleurs :
quelques traits verts (46 jardins) et trois canaux,
du violet des violettes rapportées de Parme par un soldat de Napoléon qui ont bien poussé quand les maraichers avaient un répit,
avec le bleu du pastel qui fit la fortune éphémère de la ville occitane,
le rouge et noir des capitouls est depuis 1907 celui du stade toulousain.
Capitale de la région la plus vaste Midi Pyrénées, 3° ville universitaire, avec 15 000 habitants nouveaux dans l’agglomération par an.
Au Nord : le bourg autour de la basilique Saint Sernin occupe un des lobes d’une ville en forme de cœur alors que la cité autour du Capitole en dessine l’autre moitié sur la rive droite où la Garonne change de cap. Après les romains au premier siècle et les Volques Tectosages, tribu gauloise, les Wisigoths se sont arrêtés là entre océan et Méditerranée.
J’ai appris à cette conférence de Myriam Pastor, aux amis du musée de Grenoble, qu’un plat emblématique français, le cassoulet, était à l’origine un ragout de mouton bien sarrasin.
La ville est prospère au temps des comtes de Toulouse et des capitouls ; les Raimond se succèdent. La religion cathare a séduit 2000 personnes dans la ville qui comptait déjà 40 000 habitants. La croisade contre ces albigeois menée par Simon de Montfort qui fut tué lors du siège de Toulouse, laissa des traces durables. Des épidémies ravagèrent la population et un incendie gigantesque détruisit 7000 maisons, mais si l’indigo des colonies supplanta le pastels, des fortunes eurent le temps de s’édifier pendant l’âge d’or où les coques , boulettes qui rassemblaient ces herbes précieuses, valurent le terme de « pays de cocagne » à la région.
Cent clochers dominent les toits de tuile et 49 tours capitulaires dépassent des bâtiments assez peu élevés en raison de la nature alluviale des sols.
De nombreuses confréries ont laissé des cloitres agréables, des chapelles remarquables.
Les anciens abattoirs reçoivent des œuvres contemporaines depuis un rideau de scène gigantesque de Picasso, et la fondation Bamberg accueille dans un hôtel particulier renaissance 35 tableaux de Bonnard. Le métro, dans chacune de ses 38 stations, présente une œuvre contemporaine.
L’aéronautique emploie 30 000 salariés mais la ville ne veut pas s’enfermer dans une monoculture industrielle qui fait sa renommée.
La description d’une telle ville convenait tout à fait bien à une évocation artistique, historique.
Pourtant s’il a été fait mention de l’accueil des républicains espagnols, quelques mots concernant par exemple le quartier du Mirail auraient pu étonner les amateurs de cartes postales mais m’auraient personnellement contenté, car il me semble qu’on y travaille à la police de proximité, malgré l’autre.
mardi 14 février 2012
Inès. Loïc Dauvillier. Jérôme d’Aviau.
Femme battue.
Face à l’incroyable : quand en France par exemple, une femme meurt tous les trois jours des suites de violences domestiques, on s’indigne et on oublie.
Le traitement de ce sujet, dans cette BD, est vraiment bien mené :
ce n’est pas un fait divers spectaculaire, mais une histoire inscrite dans un univers banal où les mots sont rares. Les voisins doivent-ils intervenir ?
Le copain qui passe et ne voit rien, ou ne veut pas voir.
Les images montrent la monstruosité mais aussi la tendresse désespérée, la petite si petite et ses grands yeux innocents et la maman qui s’accroche.
Pas d’effets grandiloquents, l’efficacité est plus évidente dans le dépouillement et la sobriété.
Face à l’incroyable : quand en France par exemple, une femme meurt tous les trois jours des suites de violences domestiques, on s’indigne et on oublie.
Le traitement de ce sujet, dans cette BD, est vraiment bien mené :
ce n’est pas un fait divers spectaculaire, mais une histoire inscrite dans un univers banal où les mots sont rares. Les voisins doivent-ils intervenir ?
Le copain qui passe et ne voit rien, ou ne veut pas voir.
Les images montrent la monstruosité mais aussi la tendresse désespérée, la petite si petite et ses grands yeux innocents et la maman qui s’accroche.
Pas d’effets grandiloquents, l’efficacité est plus évidente dans le dépouillement et la sobriété.
lundi 13 février 2012
Sur la planche. Leïla Kilani.
Une jeune ouvrière venue de la campagne travaille le jour à décortiquer à la chaîne des crevettes dans le port de Tanger.
Le soir, sous sa robe traditionnelle, elle a enfilé un blouson et un jean pour se livrer à des trafics, à des larcins : elle se déchaîne.
Elle n’est pas folle la guêpe, pas épaisse de corps, mais d’une vitalité, d’une verve poétique qui transmet une énergie extraordinaire au film.
La réalisatrice marocaine pour sa première fiction décrit une réalité sociale crue à travers une intrigue policière qui se permet de commencer par la conclusion, en restant passionnante, tant les rapports dans la petite bande de voleuses, « bricoleuses de l’urgence » qui jubilent, bougent, se cassent, sont au cœur de la vie.
Les clichés ensoleillés sont loin, mais la mondialisation a les coudées franches au bord des zones tranchantes.
Le soir, sous sa robe traditionnelle, elle a enfilé un blouson et un jean pour se livrer à des trafics, à des larcins : elle se déchaîne.
Elle n’est pas folle la guêpe, pas épaisse de corps, mais d’une vitalité, d’une verve poétique qui transmet une énergie extraordinaire au film.
La réalisatrice marocaine pour sa première fiction décrit une réalité sociale crue à travers une intrigue policière qui se permet de commencer par la conclusion, en restant passionnante, tant les rapports dans la petite bande de voleuses, « bricoleuses de l’urgence » qui jubilent, bougent, se cassent, sont au cœur de la vie.
Les clichés ensoleillés sont loin, mais la mondialisation a les coudées franches au bord des zones tranchantes.
dimanche 12 février 2012
Zebda. Second tour.
Le phénomène politique et musical, avait séduit il y a huit ans à la fois les campings et Le Lubéron : les toulousains sont enfin de retour.
Les temps ont changé depuis le toilettage des grands chants de lutte, désormais la question devient lancinante : où en sont les promesses ?
« Dans le parcours qu’ils appellent Jules Ferry
C’est les mêmes qui ont les places les plus pourries »
La pochette du CD est illustrée par la photographie de1952 de Mimoun derrière Zatopek grimaçant dans le sprint final. Un athlète dont on a oublié le nom chute derrière le duo mythique.
Dans le morceau qui passe le plus volontiers, un marché s’installe autour de l’église, le dimanche matin, alors les marchés-de-Provence chantés par Bécaud sont définitivement fossilisés,
« Des roumaines même l’air vague
Te font regretter une bague
Il faut qu’elles fassent de l’argent
Sinon on les astique au détergent »
Une chanson est consacrée aux femmes voilées et leurs silhouettes en traversent d’autres.
« Est-ce un principe de précaution
Ces barricades de chiffons
Et s’il fait peur à l’Amérique
Ce look casse pas des briques »
Les certitudes en ont pris un coup et si l’ironie, l’énergie sont là, la forme interrogative prime.
« Deux écoles chez nous se tiraient la bourre
L’une disait « soit érudit »
L’autre chuchotait « remplis ton caddie »
Si je crois percevoir quelques désillusions dans leurs paroles, j’aime que leurs musiques continuent à m’entrainer.
« Ce jour là je me sens pas seul
Putain qu’est ce quelle prend dans la gueule l’identité nationale »
Leur démarche est civique, mais la belle chanson sur les mains ne constitue pas vraiment une défense du travail manuel, alors qu’ils se veulent des « ouvriers » de la musique et de la poésie. Parole d’instit’ qui échappa à la fourche. Leur faculté d’interpeller est intacte dans la « correction » quand la société n’arrive pas à aller au bout de la phrase : « les hommes naissent … libres et égaux… »
Non, Mouss ne finira pas en « guitariste chilien », mais la politique avec ces airs là reprend de la couleur et une grinta de bon aloi.
...
F. Morel de vendredi sur Inter :
Les mots des pauvres gens par franceinter
Les temps ont changé depuis le toilettage des grands chants de lutte, désormais la question devient lancinante : où en sont les promesses ?
« Dans le parcours qu’ils appellent Jules Ferry
C’est les mêmes qui ont les places les plus pourries »
La pochette du CD est illustrée par la photographie de1952 de Mimoun derrière Zatopek grimaçant dans le sprint final. Un athlète dont on a oublié le nom chute derrière le duo mythique.
Dans le morceau qui passe le plus volontiers, un marché s’installe autour de l’église, le dimanche matin, alors les marchés-de-Provence chantés par Bécaud sont définitivement fossilisés,
« Des roumaines même l’air vague
Te font regretter une bague
Il faut qu’elles fassent de l’argent
Sinon on les astique au détergent »
Une chanson est consacrée aux femmes voilées et leurs silhouettes en traversent d’autres.
« Est-ce un principe de précaution
Ces barricades de chiffons
Et s’il fait peur à l’Amérique
Ce look casse pas des briques »
Les certitudes en ont pris un coup et si l’ironie, l’énergie sont là, la forme interrogative prime.
« Deux écoles chez nous se tiraient la bourre
L’une disait « soit érudit »
L’autre chuchotait « remplis ton caddie »
Si je crois percevoir quelques désillusions dans leurs paroles, j’aime que leurs musiques continuent à m’entrainer.
« Ce jour là je me sens pas seul
Putain qu’est ce quelle prend dans la gueule l’identité nationale »
Leur démarche est civique, mais la belle chanson sur les mains ne constitue pas vraiment une défense du travail manuel, alors qu’ils se veulent des « ouvriers » de la musique et de la poésie. Parole d’instit’ qui échappa à la fourche. Leur faculté d’interpeller est intacte dans la « correction » quand la société n’arrive pas à aller au bout de la phrase : « les hommes naissent … libres et égaux… »
Non, Mouss ne finira pas en « guitariste chilien », mais la politique avec ces airs là reprend de la couleur et une grinta de bon aloi.
...
F. Morel de vendredi sur Inter :
Les mots des pauvres gens par franceinter
samedi 11 février 2012
Ecrire est une enfance. Philippe Delerm
« Le petit maître » que le prof de lettres aurait aimé être en peinture, il l’est pour moi en littérature. L’amateur de Proust, ambitionnait d’être édité dans la blanche de Gallimard mais sa sincérité, sa simplicité, sa modestie n’en font qu’un écrivain pour instituteur. C’est pour cela que je le comprends, que je l’aime, avec toutes ses contradictions, dans sa fidélité à son amour de jeunesse, Martine sa femme, et dans son admiration sans vergogne envers son fils Vincent.
Il revient sur ce qui l’a constitué comme écrivain, ses premières lectures, Crin Blanc,
« l’école comme un royaume », ses phares inattendus : Léautaud et Jules Renard,
ses soutiens dans le monde des lettres : D’Ormesson, Le Clézio, Gerber.
Il remonte à la genèse de certains de ses livres, et dit son admiration d’Hamerchoï, Barbara, des Vestiges du jour.
Lui qui sait bien doser mélancolie et bonheur, revendique ce qu’on médisait de lui :
« l’art d’accommoder les restes ».
Il évoque les images de vocabulaire qui occupaient les murs des classes :
« Une perfection douloureuse émanait de ces représentations du monde saisies dans la ligne claire du graphisme. Douloureuse, parce que dans le jardin potager, le jardinier qui bêche son coin de terre ne se disputera jamais avec la jardinière, que l’enfant qui cueille les cerises les pieds sur le quatrième barreau de l’échelle profite à l’infini de cette harmonie indestructible, qu’il peut être tout aux cerises, rien ne sera jamais menacé. Bienfaisante pour les mêmes raisons, bien sûr. Le monde de l’école protège, arrête sur image. Tout est simple clair. »
Du Delerm.
Il revient sur ce qui l’a constitué comme écrivain, ses premières lectures, Crin Blanc,
« l’école comme un royaume », ses phares inattendus : Léautaud et Jules Renard,
ses soutiens dans le monde des lettres : D’Ormesson, Le Clézio, Gerber.
Il remonte à la genèse de certains de ses livres, et dit son admiration d’Hamerchoï, Barbara, des Vestiges du jour.
Lui qui sait bien doser mélancolie et bonheur, revendique ce qu’on médisait de lui :
« l’art d’accommoder les restes ».
Il évoque les images de vocabulaire qui occupaient les murs des classes :
« Une perfection douloureuse émanait de ces représentations du monde saisies dans la ligne claire du graphisme. Douloureuse, parce que dans le jardin potager, le jardinier qui bêche son coin de terre ne se disputera jamais avec la jardinière, que l’enfant qui cueille les cerises les pieds sur le quatrième barreau de l’échelle profite à l’infini de cette harmonie indestructible, qu’il peut être tout aux cerises, rien ne sera jamais menacé. Bienfaisante pour les mêmes raisons, bien sûr. Le monde de l’école protège, arrête sur image. Tout est simple clair. »
Du Delerm.
vendredi 10 février 2012
C’est quoi être de gauche ?
Pour conclure ma tournée des débats au forum Libération de Lyon en novembre 2011, j’ai suivi une discussion que j’aurai jugée bien inutile quand les clivages allaient de soi, mais depuis quelque Kouchner est passé par là et des missions dévolues à Rocard, Lang ont rimé avec démission, érosion.
Je connaissais ce vieux routier d’Henry Weber, j’ai découvert avec plaisir la philosophe Cynthia Fleury.
- Liberté, égalité, droit de l’homme, solidarité, laïcité, écologie… La liberté est entrelacée à l’égalité, c’est l’indivisibilité des lois.
- Indépendance du parquet, respect de la parité, fin du cumul des mandats …
- La gauche du XXIe siècle sera internationaliste, éco-socialiste, alter européenne et féministe.
- Clinton: « Il faut que la marée fasse monter tous les navires »
- Pour la maitrise du devenir collectif une puissance publique revigorée ira de soi et la suprématie de l’être sur l’avoir adviendra.
- Dans la formule « Le marché est un excellent serviteur, c’est un mauvais maître »
le mot « marché » a remplacé « l’argent » du proverbe.
A reprendre mes notes, bien des formulations paraissent tellement pieuses, comme se raréfie l’attitude de se laisser affecter par le malheur d’autrui.
- Le peuple existe, le peuple est raisonnable, le peuple est souverain : c’est cela la démocratie.
Le rappel des fondamentaux n’est pas inutile avec ce mot « peuple » qui en arrivait à paraître obscène dans certaines bouches, avec droits sociaux, projet de civilisation, éducation.
Dans une atmosphère dont le réchauffement inquiète, les sentences s’accompagnent désormais de précautions envers la planète.
- L’homme devra se réconcilier avec la nature.
...........
Dans le Canard de cette semaine:
Je connaissais ce vieux routier d’Henry Weber, j’ai découvert avec plaisir la philosophe Cynthia Fleury.
- Liberté, égalité, droit de l’homme, solidarité, laïcité, écologie… La liberté est entrelacée à l’égalité, c’est l’indivisibilité des lois.
- Indépendance du parquet, respect de la parité, fin du cumul des mandats …
- La gauche du XXIe siècle sera internationaliste, éco-socialiste, alter européenne et féministe.
- Clinton: « Il faut que la marée fasse monter tous les navires »
- Pour la maitrise du devenir collectif une puissance publique revigorée ira de soi et la suprématie de l’être sur l’avoir adviendra.
- Dans la formule « Le marché est un excellent serviteur, c’est un mauvais maître »
le mot « marché » a remplacé « l’argent » du proverbe.
A reprendre mes notes, bien des formulations paraissent tellement pieuses, comme se raréfie l’attitude de se laisser affecter par le malheur d’autrui.
- Le peuple existe, le peuple est raisonnable, le peuple est souverain : c’est cela la démocratie.
Le rappel des fondamentaux n’est pas inutile avec ce mot « peuple » qui en arrivait à paraître obscène dans certaines bouches, avec droits sociaux, projet de civilisation, éducation.
Dans une atmosphère dont le réchauffement inquiète, les sentences s’accompagnent désormais de précautions envers la planète.
- L’homme devra se réconcilier avec la nature.
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Dans le Canard de cette semaine:
jeudi 9 février 2012
Musée d’art catalan. Collection romane.
Dans le parc de Monjuic à Barcelone ont été rassemblés des trésors de l’époque romane.
Leur présentation m’a rappelé que cette époque n’était pas qu’architecture mais aussi fresques.
Elles ont échappé à l’usure du temps et aux amateurs d’Outre Atlantique.
Sur les peintures qui n’ont pas subi de restaurations intempestives, les représentations de Dieu faisaient débat encore au XI° siècle. N’avait-on pas recommandé à Moïse ?
« Ne représente pas ce qu'il y a là-haut dans le ciel, en bas sur la terre, ou dans l'eau sous la terre. Ne te mets pas à genoux devant ces dieux, ne les adore pas. »
Les corps peints ne devaient pas s’enfler dans une épaisseur qui aurait fait offense à Dieu.
Plus tard, les vents de l’esprit animeront les personnages et Masaccio apportera des ombres.
La vierge au IV° siècle devient fédératrice avec sa maternité et par la codification des ses représentations, elle se différencie des idoles antiques.
Damien Capellazzi conférencier aux amis du musée de Grenoble pointe le pléonasme : « une abside orientée à l’Est » (orient/orienté).
Il nous fait prendre conscience du temps nécessaire pour que « l’image se lève » et reconnaître que tout est symbole : Saint Michel porte les forces de l’automne et la résurrection est située côté Ouest.
Le Christ est souvent entouré d’une mandorle, en forme d’amande, fruit du premier arbre à fleurir.
Le tétramorphe, animal en kit, rassemble l’aigle de Jean, le taureau de Luc, l’ange de Mathieu, le lion de Marc.
J’ai appris aussi que Saint Martin n’était pas radin, l’autre moitié de son manteau appartenait à l’Empire.
Saint Etienne est lapidé et ceux qui l’assaillent semblent jongler, les corps sont mis en mouvement.
Au-delà d’une marque laissée par les Lombards aux fenêtres des églises, la reconnaissance de leur civilisation au patrimoine mondial abolit la notion de barbare.
La virtuosité des artisans s’exprime aux pourtours des œuvres peintes sur les cuves absidiales, les couleurs primaires trouvent leurs complémentaires. Les figures humaines stylisées se juxtaposent avec les décorations apportées par des nomades passés par Bysance.
Les « brûlants » anges gardiens sont spectaculaires avec leurs yeux multiples et leurs plumes déployées.
Les mains expressives symbolisent l’action ; quand elles sont voilées, elles se montrent respectueuses comme les gendarmes quand ils mettent les gants blancs.
Les statues semblent avoir parfois leurs yeux fermés. Celles qui ont conservé leurs peintures ont une toute autre allure et les devants d’autel ont gardé aussi leur fraîcheur.
L’inscription SCS figure le chant d’un triple sanctus et m’évoque une bulle de bande dessinée.
En prenant le temps de zoomer, les symboles foisonnent : la belette et l’écureuil étaient recommandés pour les repas des femmes enceintes.
Et c’est encore ce soir que j’ai appris que le contraire de symbolique était diabolique.
Leur présentation m’a rappelé que cette époque n’était pas qu’architecture mais aussi fresques.
Elles ont échappé à l’usure du temps et aux amateurs d’Outre Atlantique.
Sur les peintures qui n’ont pas subi de restaurations intempestives, les représentations de Dieu faisaient débat encore au XI° siècle. N’avait-on pas recommandé à Moïse ?
« Ne représente pas ce qu'il y a là-haut dans le ciel, en bas sur la terre, ou dans l'eau sous la terre. Ne te mets pas à genoux devant ces dieux, ne les adore pas. »
Les corps peints ne devaient pas s’enfler dans une épaisseur qui aurait fait offense à Dieu.
Plus tard, les vents de l’esprit animeront les personnages et Masaccio apportera des ombres.
La vierge au IV° siècle devient fédératrice avec sa maternité et par la codification des ses représentations, elle se différencie des idoles antiques.
Damien Capellazzi conférencier aux amis du musée de Grenoble pointe le pléonasme : « une abside orientée à l’Est » (orient/orienté).
Il nous fait prendre conscience du temps nécessaire pour que « l’image se lève » et reconnaître que tout est symbole : Saint Michel porte les forces de l’automne et la résurrection est située côté Ouest.
Le Christ est souvent entouré d’une mandorle, en forme d’amande, fruit du premier arbre à fleurir.
Le tétramorphe, animal en kit, rassemble l’aigle de Jean, le taureau de Luc, l’ange de Mathieu, le lion de Marc.
J’ai appris aussi que Saint Martin n’était pas radin, l’autre moitié de son manteau appartenait à l’Empire.
Saint Etienne est lapidé et ceux qui l’assaillent semblent jongler, les corps sont mis en mouvement.
Au-delà d’une marque laissée par les Lombards aux fenêtres des églises, la reconnaissance de leur civilisation au patrimoine mondial abolit la notion de barbare.
La virtuosité des artisans s’exprime aux pourtours des œuvres peintes sur les cuves absidiales, les couleurs primaires trouvent leurs complémentaires. Les figures humaines stylisées se juxtaposent avec les décorations apportées par des nomades passés par Bysance.
Les « brûlants » anges gardiens sont spectaculaires avec leurs yeux multiples et leurs plumes déployées.
Les mains expressives symbolisent l’action ; quand elles sont voilées, elles se montrent respectueuses comme les gendarmes quand ils mettent les gants blancs.
Les statues semblent avoir parfois leurs yeux fermés. Celles qui ont conservé leurs peintures ont une toute autre allure et les devants d’autel ont gardé aussi leur fraîcheur.
L’inscription SCS figure le chant d’un triple sanctus et m’évoque une bulle de bande dessinée.
En prenant le temps de zoomer, les symboles foisonnent : la belette et l’écureuil étaient recommandés pour les repas des femmes enceintes.
Et c’est encore ce soir que j’ai appris que le contraire de symbolique était diabolique.
mercredi 8 février 2012
Au nord de la Bourgogne.
Avec un tel nom de région, pas loin de la Champagne, peut on imaginer un tourisme qui n’aille pas que de vigne en cave ?
A Fontenay, les moines cisterciens qui construisirent l’abbaye au XII°siècle eurent d’abord à assainir l’endroit aujourd’hui charmant, car comme l’indique son nom, l’eau était abondante. Nous visitons l’église sobre selon la volonté de Saint Bernard qui ne voulait pas de distraction à la prière. Le dortoir sous une magnifique charpente, le cloître, la salle capitulaire sont plus habituels en ces lieux que la forge qui utilisait le fer extrait à proximité.
Une enfermerie était-elle destinée à ceux qui n’avaient pas respecté la loi ou conservait-elle les biens précieux de la communauté ? Un pigeonnier de belle allure, un chenil et une boulangerie complètent le circuit. Il ne reste rien de la papeterie des Montgolfier qui possédèrent un temps cette vaste propriété.
Nous avons préféré la modestie du musée des arts naïfs et populaires de Noyers sur Serein au palais de la renaissance italienne d’Ancy Le Franc qui recèle une des collections de peintures murales des plus importantes.
Dans un village aimable, ce musée rassemble des objets en terre, métaux précieux ou commun, des toiles, de l’autre bout du monde et ceux d’à côté : du kitch, de l’inventivité, des arts traditionnels, des dingueries contemporaines, des trésors originaux et du bric à brac, de l’art brut, des expressions engagées. Un hommage chaleureux est célébré à l’art au quotidien. Une riche caverne pour les enfants et ceux qui n’ont jamais cessé de s’étonner, loin des bousculades, pour des rencontres intimes et variées. Dans cet ancien collège à la poésie entêtante, la ferveur des collectionneurs est palpable, il y a une âme dans ces murs.
A Fontenay, les moines cisterciens qui construisirent l’abbaye au XII°siècle eurent d’abord à assainir l’endroit aujourd’hui charmant, car comme l’indique son nom, l’eau était abondante. Nous visitons l’église sobre selon la volonté de Saint Bernard qui ne voulait pas de distraction à la prière. Le dortoir sous une magnifique charpente, le cloître, la salle capitulaire sont plus habituels en ces lieux que la forge qui utilisait le fer extrait à proximité.
Une enfermerie était-elle destinée à ceux qui n’avaient pas respecté la loi ou conservait-elle les biens précieux de la communauté ? Un pigeonnier de belle allure, un chenil et une boulangerie complètent le circuit. Il ne reste rien de la papeterie des Montgolfier qui possédèrent un temps cette vaste propriété.
Nous avons préféré la modestie du musée des arts naïfs et populaires de Noyers sur Serein au palais de la renaissance italienne d’Ancy Le Franc qui recèle une des collections de peintures murales des plus importantes.
Dans un village aimable, ce musée rassemble des objets en terre, métaux précieux ou commun, des toiles, de l’autre bout du monde et ceux d’à côté : du kitch, de l’inventivité, des arts traditionnels, des dingueries contemporaines, des trésors originaux et du bric à brac, de l’art brut, des expressions engagées. Un hommage chaleureux est célébré à l’art au quotidien. Une riche caverne pour les enfants et ceux qui n’ont jamais cessé de s’étonner, loin des bousculades, pour des rencontres intimes et variées. Dans cet ancien collège à la poésie entêtante, la ferveur des collectionneurs est palpable, il y a une âme dans ces murs.
mardi 7 février 2012
Coloscopie de La France du XXI° siècle. Lefred-Thouron.
Quand le dessinateur nancéen fut admis à l’Académie de l’humour politique paraissant tous les mercredis, le monde avait bien changé.
Au pays de Cabu et Kerleroux … fameux dessinateurs, un des successeurs de Reiser en moins vibrant eut désormais son rond de serviette. Il exerce aussi son humour ravageur à « l’Equipe Magazine », mettant en scène des créatures autour d’un comptoir où il sait être bref.
Dans ce recueil il écrit également et ce n’est pas triste. Ses personnages sont avachis mais toujours surprenants, leur décalage nous décolle d’une réalité consternante dont ils mettent l’absurdité en relief.
Un jeune en prison a obtenu une permission de sortie pour faire sa première communion.
Une dame s’interroge sur tous ces gens qui font des études pour savoir si les prix augmentent alors que son voisin lui dit qu’il suffit de faire ses courses.
Au moment où un Guéant vient crachoter sur les civilisations, il n’y a pas besoin de forcer le trait, ses paroles se situent bien dans la zone examinée et ça pue!
Au pays de Cabu et Kerleroux … fameux dessinateurs, un des successeurs de Reiser en moins vibrant eut désormais son rond de serviette. Il exerce aussi son humour ravageur à « l’Equipe Magazine », mettant en scène des créatures autour d’un comptoir où il sait être bref.
Dans ce recueil il écrit également et ce n’est pas triste. Ses personnages sont avachis mais toujours surprenants, leur décalage nous décolle d’une réalité consternante dont ils mettent l’absurdité en relief.
Un jeune en prison a obtenu une permission de sortie pour faire sa première communion.
Une dame s’interroge sur tous ces gens qui font des études pour savoir si les prix augmentent alors que son voisin lui dit qu’il suffit de faire ses courses.
Au moment où un Guéant vient crachoter sur les civilisations, il n’y a pas besoin de forcer le trait, ses paroles se situent bien dans la zone examinée et ça pue!
lundi 6 février 2012
Edgar. J. Clint Eastwood.
Hoover commença par mettre en fiches des livres dans la bibliothèque du congrès puis indexa tous les individus qu’il considérait comme des ennemis de sa patrie : 450 00 personnes.
Il passa 48 ans à la tête du « bureau » fédéral, au service de huit présidents des E.U. avec un zèle et une perversité qui le conduiront à outrepasser les lois qu’il était chargé de faire respecter. Il va moderniser les méthodes et utiliser les médias.
Le film aborde la complexité qui ne l’embarrassait pas, lui, un des plus influents personnages du monde.
Avec sa vision manichéenne il rangeait dans le camp des méchants : les communistes, les nègres, les pédés. Alors qu’il traquait voire inventait des secrets pour les puissants qu’ « il tenait par les couilles », il ne pouvait affronter sa vérité : il se cacha son homosexualité.
Une connaissance historique est nécessaire pour suivre l’enchainement des évènements dans cette période chargée, même si le propos du film construit autour d’aller-retour n’est pas essentiellement politique.
Les couleurs m’ont bien plu et le maquillage pour Di Caprio est réussi mais pas pour l’interprète de Clyde Tolson le numéro 2 ; dans le genre j’ai préféré « Il Divo » qui évoque la vie d’Andréotti, sulfureux personnage lui aussi, donc intéressant.
Il passa 48 ans à la tête du « bureau » fédéral, au service de huit présidents des E.U. avec un zèle et une perversité qui le conduiront à outrepasser les lois qu’il était chargé de faire respecter. Il va moderniser les méthodes et utiliser les médias.
Le film aborde la complexité qui ne l’embarrassait pas, lui, un des plus influents personnages du monde.
Avec sa vision manichéenne il rangeait dans le camp des méchants : les communistes, les nègres, les pédés. Alors qu’il traquait voire inventait des secrets pour les puissants qu’ « il tenait par les couilles », il ne pouvait affronter sa vérité : il se cacha son homosexualité.
Une connaissance historique est nécessaire pour suivre l’enchainement des évènements dans cette période chargée, même si le propos du film construit autour d’aller-retour n’est pas essentiellement politique.
Les couleurs m’ont bien plu et le maquillage pour Di Caprio est réussi mais pas pour l’interprète de Clyde Tolson le numéro 2 ; dans le genre j’ai préféré « Il Divo » qui évoque la vie d’Andréotti, sulfureux personnage lui aussi, donc intéressant.
dimanche 5 février 2012
Ithaque. Botho Stauss. Jean Louis Martinelli.
Homère : huit siècles avant JC.
Strauss : auteur de théâtre contemporain le plus joué en Europe.
Martinelli, directeur des Amandiers, joue habilement avec les codes antiques et ceux d’aujourd’hui, pourtant en ce moment on ne dit plus « homérique », mais « péplum » comme tant de critiques l’inscrivent, alors qu’il s’agit de la fin d’une épopée mythique.
Ulysse touche terre.
Il revient dans son île, vingt ans après son départ, avec sous des oripeaux de vieux mendiant, des muscles d’acier.
Pénélope mettra bien du temps à le reconnaître.
Il est vrai que Charles Berling se travestit, joue de ses contradictions : un peu pleurnichard, crâneur ressassant sa gloire passée, tout en ayant aboli le temps qui fut quand même celui d’une absence qui dura.
Nos dieux sont désormais lointains, alors que le rusé guerrier et bon conteur doit sa toute puissance à une Athéna un peu ninja qui l’aide à surmonter tous les obstacles, allant jusqu’à permettre l’oubli des crimes.
Il fallait ça, parce qu’Ulysse est avant tout un humain et il a tenu ses 29 siècles.
Tous les prétendants à la succession, « morfals » qui se goinfrent, me rappelaient les bruits de la ville où se joue le bal des Woerth, Lefebvre, Bertrand, Copé autour de sa Dispendieuse Majesté. Ils finissent mal.
Plus intimement se rejoue le thème du temps, de la reconnaissance, de la fidélité.
Je craignais ne pas tenir les 3h20 de la représentation, mais idéalement placé, j’ai apprécié les nuances qui font partager par exemple les difficultés de Télémaque à succéder à un père aussi prestigieux, grâce à une mise en scène dynamique sans être tapageuse, respectueuse sans être ennuyeuse.
Strauss : auteur de théâtre contemporain le plus joué en Europe.
Martinelli, directeur des Amandiers, joue habilement avec les codes antiques et ceux d’aujourd’hui, pourtant en ce moment on ne dit plus « homérique », mais « péplum » comme tant de critiques l’inscrivent, alors qu’il s’agit de la fin d’une épopée mythique.
Ulysse touche terre.
Il revient dans son île, vingt ans après son départ, avec sous des oripeaux de vieux mendiant, des muscles d’acier.
Pénélope mettra bien du temps à le reconnaître.
Il est vrai que Charles Berling se travestit, joue de ses contradictions : un peu pleurnichard, crâneur ressassant sa gloire passée, tout en ayant aboli le temps qui fut quand même celui d’une absence qui dura.
Nos dieux sont désormais lointains, alors que le rusé guerrier et bon conteur doit sa toute puissance à une Athéna un peu ninja qui l’aide à surmonter tous les obstacles, allant jusqu’à permettre l’oubli des crimes.
Il fallait ça, parce qu’Ulysse est avant tout un humain et il a tenu ses 29 siècles.
Tous les prétendants à la succession, « morfals » qui se goinfrent, me rappelaient les bruits de la ville où se joue le bal des Woerth, Lefebvre, Bertrand, Copé autour de sa Dispendieuse Majesté. Ils finissent mal.
Plus intimement se rejoue le thème du temps, de la reconnaissance, de la fidélité.
Je craignais ne pas tenir les 3h20 de la représentation, mais idéalement placé, j’ai apprécié les nuances qui font partager par exemple les difficultés de Télémaque à succéder à un père aussi prestigieux, grâce à une mise en scène dynamique sans être tapageuse, respectueuse sans être ennuyeuse.
samedi 4 février 2012
J’y vois un signal fort. Nova éditions.
Quand les mots des discours politiques sont usés, il reste à en rire.
Plutôt qu’une docte analyse des éléments de langage encombrant les proclamations des impétrants présidentiables, ce pastiche est salutaire.
Il va bien au-delà des tressautements de l’épaule du dernier président qui dans cette version finement écrite renonce à se présenter, alors que Carla en interview à Paris Match cite Guaino : « on ne fait pas des enfants par politique : c’est le contraire. On fait de la politique pour ses enfants ».
L’effet d’accumulation est comique et l’échange de SMS entre Bertrand et Copé est drôle, Mélenchon est ronchon, Montebourg lyrique sans atteindre les sommets Villepinesques.
Si Domenech propose ses services comme consultant, ceux de DSK marquent une certaine lassitude.
Une Ségolène faisant valoir ses erreurs comme argument lors des primaires est à peine en décalage avec l’originale, Le Pen a prévu de fuir au cas où il serait élu, et Bayrou exprime toute sa foi devant un seul auditeur : Benhamias.
Le projet de discours de Frédéric Lefebvre qui succède à Lévi-Strauss à l’Académie est un sommet et Kosciusko-Moriset veut nous rassurer après une catastrophe nucléaire où un Airbus a percuté une centrale :
« Vous le savez sans doute, notre industrie aéronautique, grâce à la recherche de la France et de ses partenaires européens, dispose d’une avance technologique unique au monde. Dans le cas présent, il semble que l’Airbus A380, malgré son fuselage ultraléger, affiche un coefficient de pénétration du béton bien supérieur à celui des autres appareils… »
Les langues de bois tombent en sciure.
Plutôt qu’une docte analyse des éléments de langage encombrant les proclamations des impétrants présidentiables, ce pastiche est salutaire.
Il va bien au-delà des tressautements de l’épaule du dernier président qui dans cette version finement écrite renonce à se présenter, alors que Carla en interview à Paris Match cite Guaino : « on ne fait pas des enfants par politique : c’est le contraire. On fait de la politique pour ses enfants ».
L’effet d’accumulation est comique et l’échange de SMS entre Bertrand et Copé est drôle, Mélenchon est ronchon, Montebourg lyrique sans atteindre les sommets Villepinesques.
Si Domenech propose ses services comme consultant, ceux de DSK marquent une certaine lassitude.
Une Ségolène faisant valoir ses erreurs comme argument lors des primaires est à peine en décalage avec l’originale, Le Pen a prévu de fuir au cas où il serait élu, et Bayrou exprime toute sa foi devant un seul auditeur : Benhamias.
Le projet de discours de Frédéric Lefebvre qui succède à Lévi-Strauss à l’Académie est un sommet et Kosciusko-Moriset veut nous rassurer après une catastrophe nucléaire où un Airbus a percuté une centrale :
« Vous le savez sans doute, notre industrie aéronautique, grâce à la recherche de la France et de ses partenaires européens, dispose d’une avance technologique unique au monde. Dans le cas présent, il semble que l’Airbus A380, malgré son fuselage ultraléger, affiche un coefficient de pénétration du béton bien supérieur à celui des autres appareils… »
Les langues de bois tombent en sciure.
vendredi 3 février 2012
Riches ou pauvres, à chacun son ghetto ?
Sauf que l’un est choisi et l’homogénéité plus forte chez les riches.
« Bande », « délinquance », « violence » : pas de ça chez nous à l’ouest de Paris ! Quoique.
Pas chez ceux qui font les lois.
Dans le débat de Libération de novembre 2011 à Lyon placé sous le signe
des « Nouvelles frontières », la rencontre entre les Pinçon-Charlot et le maire de Neuilly avait toute sa place.
La distance est bien plus éloignée entre Paris et sa zone périphérique Nord qu’avec Berlin.
Jean Christophe Fromentin a eu un certain courage pour venir s’asseoir à côté des auteurs du « Président des riches » et des « Ghettos du gotha », et même s’il ne s’inscrit pas dans la filiation Martinon - Sarkozy, être maire d’une commune qui vient de porter à 4% les logements sociaux dans sa ville comportait quelques risques d’hostilité.
Très courtois, il s’est débattu pour combattre l’idée de ghetto, en faisant valoir que 50 000 personnes venaient travailler dans sa ville qui comporte 60 000 habitants.
Son insistance à trouver seulement « des différences de standing mais pas plus que dans d’autres métropoles » est moins convaincante que dans d’autres registres où il revendique une liberté de parole qui veut le distinguer de ceux qui font métier de la politique : lui est entrepreneur.
Les sociologues reviennent sur la villa Montmorency, lotissement oligarchique où Bruni, Bolloré, Lagardère s’agglutinent alors qu’ils pourraient vivre ailleurs. Mais l’entre- soi, le communautarisme de naissance, permettent de démultiplier les richesses, les pouvoirs.
Il est loin le temps où le faubourg Saint Antoine voyait les acteurs économiques proches des lieux de production.
Aujourd’hui dans la classe des pauvres, des individus désaffiliés cumulent tous les handicaps : économiques, culturels et sociaux.
La description de l’évolution des immeubles du Sillon de Bretagne où l’ambition initiale, la mixité sociale, a été dégradée par des phénomènes de ségrégation m’ont rappelé ce qui s’est passé à Villeneuve où nos rêves ont pris quelques plombs.
L’architecture fut-elle animée d’idéaux de progrès ne peut guère contre l’économie et ,dirait-on aussi , désormais la culture.
………
Photographie envoyée par Gaétan :
"On ne peut se serrer la ceinture et baisser nos frocs en même temps"
………
Dans « Le Canard » de cette semaine :
« Bande », « délinquance », « violence » : pas de ça chez nous à l’ouest de Paris ! Quoique.
Pas chez ceux qui font les lois.
Dans le débat de Libération de novembre 2011 à Lyon placé sous le signe
des « Nouvelles frontières », la rencontre entre les Pinçon-Charlot et le maire de Neuilly avait toute sa place.
La distance est bien plus éloignée entre Paris et sa zone périphérique Nord qu’avec Berlin.
Jean Christophe Fromentin a eu un certain courage pour venir s’asseoir à côté des auteurs du « Président des riches » et des « Ghettos du gotha », et même s’il ne s’inscrit pas dans la filiation Martinon - Sarkozy, être maire d’une commune qui vient de porter à 4% les logements sociaux dans sa ville comportait quelques risques d’hostilité.
Très courtois, il s’est débattu pour combattre l’idée de ghetto, en faisant valoir que 50 000 personnes venaient travailler dans sa ville qui comporte 60 000 habitants.
Son insistance à trouver seulement « des différences de standing mais pas plus que dans d’autres métropoles » est moins convaincante que dans d’autres registres où il revendique une liberté de parole qui veut le distinguer de ceux qui font métier de la politique : lui est entrepreneur.
Les sociologues reviennent sur la villa Montmorency, lotissement oligarchique où Bruni, Bolloré, Lagardère s’agglutinent alors qu’ils pourraient vivre ailleurs. Mais l’entre- soi, le communautarisme de naissance, permettent de démultiplier les richesses, les pouvoirs.
Il est loin le temps où le faubourg Saint Antoine voyait les acteurs économiques proches des lieux de production.
Aujourd’hui dans la classe des pauvres, des individus désaffiliés cumulent tous les handicaps : économiques, culturels et sociaux.
La description de l’évolution des immeubles du Sillon de Bretagne où l’ambition initiale, la mixité sociale, a été dégradée par des phénomènes de ségrégation m’ont rappelé ce qui s’est passé à Villeneuve où nos rêves ont pris quelques plombs.
L’architecture fut-elle animée d’idéaux de progrès ne peut guère contre l’économie et ,dirait-on aussi , désormais la culture.
………
Photographie envoyée par Gaétan :
"On ne peut se serrer la ceinture et baisser nos frocs en même temps"
………
Dans « Le Canard » de cette semaine :
jeudi 2 février 2012
Etienne Martin& Marcel Michaud. Musée des beaux arts de Lyon.
Dans la cité où l’art contemporain est dans la place depuis quelques temps,
ce n’est pas évident de goûter des œuvres plus conventionnelles de la première moitié du XX°siècle quand nous avons le souvenir frais des surprises des artistes de maintenant qui ne manquent pas d’amplitude, même si l’agacement et l’incompréhension sont parfois de la partie.
Si bien que des productions d’après guerre, la seconde, paraissent parfois plus fades que les inventions datant d’avant la première guerre.
Lorsque j’ai débuté ma visite de l’atelier du sculpteur Etienne-Martin associé à un hommage rendu au galeriste Marcel Michaud avec lequel ils ont formé le groupe « Témoignage », j’étais relativement indifférent. Bien qu’estimant des dessins de paysages rappelant Chierico, j’ai vérifié que mon enthousiasme adolescent pour les surréalistes s’était fané, et j’avais l’impression par ailleurs d’avoir déjà beaucoup vu le type de sculpture proposé en début de parcours.
Le titre : « le poids du monde » me semblait aussi bien ambitieux, mais petit à petit dans la variété des propositions, j’ai apprécié des objets polychromes, des cages, et le jeu avec des matières variées m’a finalement réchauffé. Un lourd manteau de sac et de cordes, cuir et métal est posé en majesté et des travaux de passementerie acquièrent une autre dimension.
«Un jour je me suis aperçu que je faisais de la sculpture parce que je ne supportais pas la vie qui passe.»
ce n’est pas évident de goûter des œuvres plus conventionnelles de la première moitié du XX°siècle quand nous avons le souvenir frais des surprises des artistes de maintenant qui ne manquent pas d’amplitude, même si l’agacement et l’incompréhension sont parfois de la partie.
Si bien que des productions d’après guerre, la seconde, paraissent parfois plus fades que les inventions datant d’avant la première guerre.
Lorsque j’ai débuté ma visite de l’atelier du sculpteur Etienne-Martin associé à un hommage rendu au galeriste Marcel Michaud avec lequel ils ont formé le groupe « Témoignage », j’étais relativement indifférent. Bien qu’estimant des dessins de paysages rappelant Chierico, j’ai vérifié que mon enthousiasme adolescent pour les surréalistes s’était fané, et j’avais l’impression par ailleurs d’avoir déjà beaucoup vu le type de sculpture proposé en début de parcours.
Le titre : « le poids du monde » me semblait aussi bien ambitieux, mais petit à petit dans la variété des propositions, j’ai apprécié des objets polychromes, des cages, et le jeu avec des matières variées m’a finalement réchauffé. Un lourd manteau de sac et de cordes, cuir et métal est posé en majesté et des travaux de passementerie acquièrent une autre dimension.
«Un jour je me suis aperçu que je faisais de la sculpture parce que je ne supportais pas la vie qui passe.»
mercredi 1 février 2012
Dijon. Riches heures et tournée des grands ducs.
Auguste Lagoutte produisit la première liqueur de cassis et celui, qui fut maire de Dijon jusqu’à 92 ans, le chanoine Kir, laissa son nom au célèbre apéritif.
Mais depuis que la moutarde n’est plus vraiment de Dijon, c’est par une curiosité plus liée aux arts et à l’histoire que nous avons fait un tour dans la capitale de la région Bourgogne qui fut royaume de taille européenne jusqu’à Louis XI.
La ville située à la rencontre du Suzon, et de l'Ouche est le chef lieu également de la Côte d’Or, à la dénomination rare parmi les départements.
D’une lignée aux patronymes flatteurs tels Charles Le Téméraire, Philippe le Hardi et Jean Sans Peur, Jean Le Bon a laissé son nom à une tour servant à prévenir les incendies qui offre désormais une belle vue sur la vieille ville.
La visite guidée d’une ville est toujours bonne à prendre, elle donne la possibilité de pénétrer dans des cours d’hôtels particuliers fermées aux touristes indépendants, ici elle se place sous le signe de la chouette à caresser de la main gauche, et nous conduit à l’hôtel de Vogüe aux tuiles vernissées après être passés devant la maison Milière qui servit de décor à Cyrano de Bergerac.
La sculpture d’un vigneron Le Bareuzai (les bas roses) foulant le raisin personnalise une des places principales de la ville.
L’art contemporain repose parfois des musées étouffants sous leurs moulures dorées. Entre le Consortium et le musée des beaux arts, j’ai eu l’impression contraire. Les bavardages à l’ampleur inversement proportionnelle aux maigres installations m’accablèrent plutôt et me firent d’autant plus apprécier les collections anciennes raffinées qui n’ont pas que la lumière de leurs locaux à offrir mais surtout celle de leur tableaux.
La peinture passait alors de la miniature aux triptyques et les influences flamandes et siennoises se rencontraient
Un des plus anciens musées de France est installé dans le Palais des ducs de Bourgogne : il y a Monnet, Nicolas de Staël, le souffleur à la lampe de Georges De La Tour, des animaux de Pompon, Rude le régional de l’étape.
J’ai revu les Pleurants, sculptures bien mises en valeur qui figuraient autour du tombeau de Philippe le Hardi, émouvants, variés, vivants.
Bénigne est un nom que l’on remarque dans la ville : Hôpital, école et la cathédrale dont la partie souterraine témoigne de la présence d’une rotonde jadis à trois niveaux sur le modèle de celle conçue pour le tombeau du Christ à Jérusalem. Saint Bénigne a subi un martyre horrible
« l’apôtre fut d’abord écartelé puis on lui enfonça des alènes sous les ongles, on lui mit les pieds dans une auge de pierre où l’on coula du plomb. Et finalement on le jeta en pâture à des chiens affamés qui l’épargnèrent. Comme il avait résisté à ces traitements barbares, on lui brisa le crâne d’un coup de barre de fer et on perça son corps d’un coup de lance. », rien de vraiment bénin.
Son existence est désormais remise en question.
Mais depuis que la moutarde n’est plus vraiment de Dijon, c’est par une curiosité plus liée aux arts et à l’histoire que nous avons fait un tour dans la capitale de la région Bourgogne qui fut royaume de taille européenne jusqu’à Louis XI.
La ville située à la rencontre du Suzon, et de l'Ouche est le chef lieu également de la Côte d’Or, à la dénomination rare parmi les départements.
D’une lignée aux patronymes flatteurs tels Charles Le Téméraire, Philippe le Hardi et Jean Sans Peur, Jean Le Bon a laissé son nom à une tour servant à prévenir les incendies qui offre désormais une belle vue sur la vieille ville.
La visite guidée d’une ville est toujours bonne à prendre, elle donne la possibilité de pénétrer dans des cours d’hôtels particuliers fermées aux touristes indépendants, ici elle se place sous le signe de la chouette à caresser de la main gauche, et nous conduit à l’hôtel de Vogüe aux tuiles vernissées après être passés devant la maison Milière qui servit de décor à Cyrano de Bergerac.
La sculpture d’un vigneron Le Bareuzai (les bas roses) foulant le raisin personnalise une des places principales de la ville.
L’art contemporain repose parfois des musées étouffants sous leurs moulures dorées. Entre le Consortium et le musée des beaux arts, j’ai eu l’impression contraire. Les bavardages à l’ampleur inversement proportionnelle aux maigres installations m’accablèrent plutôt et me firent d’autant plus apprécier les collections anciennes raffinées qui n’ont pas que la lumière de leurs locaux à offrir mais surtout celle de leur tableaux.
La peinture passait alors de la miniature aux triptyques et les influences flamandes et siennoises se rencontraient
Un des plus anciens musées de France est installé dans le Palais des ducs de Bourgogne : il y a Monnet, Nicolas de Staël, le souffleur à la lampe de Georges De La Tour, des animaux de Pompon, Rude le régional de l’étape.
J’ai revu les Pleurants, sculptures bien mises en valeur qui figuraient autour du tombeau de Philippe le Hardi, émouvants, variés, vivants.
Bénigne est un nom que l’on remarque dans la ville : Hôpital, école et la cathédrale dont la partie souterraine témoigne de la présence d’une rotonde jadis à trois niveaux sur le modèle de celle conçue pour le tombeau du Christ à Jérusalem. Saint Bénigne a subi un martyre horrible
« l’apôtre fut d’abord écartelé puis on lui enfonça des alènes sous les ongles, on lui mit les pieds dans une auge de pierre où l’on coula du plomb. Et finalement on le jeta en pâture à des chiens affamés qui l’épargnèrent. Comme il avait résisté à ces traitements barbares, on lui brisa le crâne d’un coup de barre de fer et on perça son corps d’un coup de lance. », rien de vraiment bénin.
Son existence est désormais remise en question.