Dans le cadre des jeudis de l’art contemporain au musée de Grenoble, le thème de la visite était le « ready made » qui bouleversa notre façon d’envisager les images, l’art, le monde. Nous avons mis 90 ans à digérer les innovations radicales de Duchamp Marcel avec son nu descendant l’escalier, mais sa notoriété présente date de ses pelles à neige, porte-bouteilles et autre urinoir proposés dans les salles d’exposition en 1917 ! Les péripéties qui accompagnèrent l’apparition de « la fontaine » proposée par un certain R. Mutt (c’était Duchamp), d’abord refusée, portent déjà toutes les questions, et annoncent bien des procédures qui fondent l’art contemporain. Seule une photographie de l’objet matérialisera cette première installation qui interrogeait d’une façon tonitruante, ce qu’était une œuvre d’art, la notion de valeurs, de marché, le rôle du spectateur et un flot de discours : alors peinture, sculpture ? En 1917, il fallait avoir de l’humour pour survivre à l’inhumanité ; l’ironie persiste.
Nous avons commencé par une présentation dans une salle renaissance où les tableaux en majesté nous surplombent dans leurs draperies, au service de la religion qui alors édictait les valeurs. Et puis la procession des muséo croyants se déplaça vers des propositions de contemporains qui utilisent aussi des objets produits en série pour nous interpeler. L’étudiant en horticulture Lavier greffe un distributeur de papier sur un socle de tiroirs de meuble administratif et le chimiste Tony Cragg compose une corne d’abondance avec les déchets industriels comme autant d’atomes qui nous constituent. L’art contemporain recèle bien sûr des conformismes, il évoluera, et si nos yeux, eux, ne vont pas vers une plus grande acuité, nous pouvons continuer à nous étonner, à nous interroger, à nous énerver, à nous enflammer.
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