mercredi 1 mai 2024

Nous ne sommes plus… Tatiana Frolova / théâtre KnAM.

Cette fois la représentation est à la hauteur de notes d’intentions pourtant ambitieuses : 
«…  la terre… c’est elle dont la Russie a besoin. Pas des gens : eux on peut simplement les tuer ou les expulser du pays. Le territoire est une chose très importante pour mon pays, il n’en a jamais assez. Les gens veulent remplir leur vide intérieur au moins avec des terres… » 
La troupe de théâtre de Komsomolsk-sur-Amour exilée en France sait de quoi elle parle avec humour et désespoir sous des lumières magnifiques pas du tout artificielles.
Nous révisons et apprenons : 20 millions de victimes d’un stalinisme qui irradie encore, et cet enfant si curieux engagé volontaire dans l’armée quand il a eu 18 ans,  et puis le marteau collé à la faucille dans le logo P.C., remplacé par une masse comme celle qui a fracassé le crâne d’un déserteur. 
Les acteur de la troupe ont mis, dans une petite valise, quelques  objets:
un cahier de chansons, « Grand-père Gel », un mignon petit ours …
Tout est limpide et profond, sans chichi, sentimental et puissant. Mireille Mathieu est de la partie, la vie et la mort, l’absurde et la résistance, le courage et la modestie.
Pour ne cesser de regretter qu’on nous serve sur les plateaux essentiellement des déclamations et si peu de dialogues, je me suis senti cette fois destinataire des interpellations, peut-être aussi que le sujet de la guerre suggéré lors d’autres spectacles est très directement développé avec inventivité pendant une heure vingt. 
Ce théâtre documentaire nous empoigne sans nous étouffer quand le dévoiement des mots nous concerne comme la définition de la liberté à remettre sans cesse en question.
Dans le désert critique du Net en matière de théâtre, Jean Pierre Thibaudat tranche avec son blog de Médiapart : 
il a bien vu les trois points de suspension du titre permettant une pointe d’espoir,
se montre très juste lorsqu’il souligne que la troupe est partie de la partie orientale de la Russie, «  la mort dans l’âme »,
et instructif quand il précise que KnAM est le sigle de la ville de Komsomolsk-sur-Amour à 8700 km de Moscou. 
Les Komsomol étaient l’organisation des jeunesses communistes, mais les bâtisseurs furent surtout des prisonniers.

1 commentaire:

  1. Cela a l'air très bien. Un seul (petit) regret... le SIGLE pour la ville. Fut un temps, on n'était pas encore (trop) dans l'univers des sigles.C'est arrivé petit à petit. Pour aller... plus vite, des fois ?

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