Les livres de poésie ne sont pas condamnés à la relégation :
dans ce nouvel ouvrage, je retrouve l’écriture intègre de l’admiratrice de
celui dont on a baptisé tant de rues de Provence.
Le travail de l’écrivaine est issu d’une exigence hors norme,
quand elle se fustige d’avoir mis une virgule à la place d’un point dans la
citation dont une partie sous titre les 160 pages :
« C’est comme une
carte à jouer. Des toits rouges sur une mer bleue. »
Nous sommes invités à « aller au paysage » avec le
peintre, qui pour moi encore se rebiffe, lorsqu'il célèbre «La sainte Victoire», les
« Sous bois » :
«… je suis dans le bois, sous les arbres,
traversée
de lumière pâle. L'air est tiède, c'est un matin d'été caressant et parfait. Le
vent bleu court dans les branches basses, le remuement des feuilles est tissé de
pépiements d'oiseaux furtifs. »
Les regards des femmes, sa mère, sa femme, sa sœur, qui ont
entouré l’Aixois et posé pour lui « comme une pomme » mais aussi
celui de son père, le jardinier Vallier, enrichissent un portrait personnel de
Paul, père de Paul.
La parole de l’impressionniste, elle, s'exprime essentiellement
dans sa peinture.
« … on cherche
la peinture, dans la lumière et dans le vent, dans le chatoiement des choses et
dans leur fourbi, on est assailli, on est traversé, le monde est indémêlable,
inextricable, c'est un taillis, une broussaille charnue et insolente couchée
sous le ciel. Le monde est hirsute, il est offert, il se refuse, il galope, il
s'écartèle, il suinte, il sue, il renâcle. On le prend comme il est, on n'a pas
le choix, on s'appelle Paul Cézanne
et on va tout réinventer. »
Nous percevons la solitude du maître, l’incompréhension
qu’il a pu rencontrer, à travers ces pages ferventes, originales, subjectives,
magnifiques.
« On ne saisit
pas Cézanne, on ne l'épuise pas, il résiste, on l'effleure, il glisse, il
disparaît dans le sous-bois. On l'espère. On l'attend. »
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