Le spectacle pour une fois commence à l’heure et même avant
que la salle ne s’éteigne comme c’est souvent l’usage cette année.
Une commentatrice, directrice de revue, inaudible et drôle, est
installée dans des tribunes qui font face au public, bientôt rejointe par un
groupe de supporters enjoués s’apprêtant à battre des mains pendant une heure.
Elle présente les performeurs qui se saisissent l’un après l’autre de leurs
instruments de musique : une violoniste monte sur sa poutre, le contrebassiste
sera couché et sollicitera ses abdominaux, le clavier suspendu sur un espalier
se joue depuis un tremplin, le batteur doit courir entre tous les éléments de
sa batterie et le chanteur accumule les kilomètres sur son tapis roulant :
« Sauve qui peut
Avant que tu crèves
Avant que je crève
Avant qu’on crève tous
Toc, toc, toc
Qui est là ?
C’est ton chagrin
passé
Impossible
Comme au bon vieux
temps
Tu sais
Le chagrin c’est un
rocher
Dans ta tête
C’est dur, c’est âpre
C’est inexorable
C’est salé
Je le sens à cette
goutte
Qui roule sur mon
nez… »
Si je trouve souvent les textes des feuilles de salle
prétentieux, j’ai apprécié la traduction de la chanson obsédante répétée
pendant une heure : l’absurdité est une façon efficace de faire partager
dans un sourire le tragique de la vie.
Un pompom boy infatigable lui aussi
entasse des plaques où sont inscrits quelques mots écrits blanc sur blanc
« Go », « Never », « If », « Stop »…
comme autant de vestiges voués à la casse.
Contrairement à deux de mes comparses qui se sont copieusement ennuyées, cette folie belge m’a
bien plu.
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