En retournant vers le quartier de la boucherie, nous
réussissons quand même à boire un café dans un bar encore déserté, mais sans la
douceur d’une quelconque viennoiserie.
Nous patientons de cette manière en attendant l’heure de notre RDV pris
hier à l’office du tourisme pour découvrir l’artisanat incontournable de
Limoges dans une fabrique de porcelaine.Sur réservation, la manufacture Bernardaud propose la visite
guidée de ses ateliers avec des explications détaillées de la matière première au
produit fini.- Nous démarrons devant les matériaux de base exposés côte à
côte : le kaolin (blanc) à 50%, le feldspath à 25% et le quartz à 25%, Ils
subissent différents traitements, délayés dans de l’eau, broyés, mélangés,
tamisés puis filtrés afin de former des galettes- Trois techniques de fabrication interviennent ensuite,
soit par moulage et coulage, soit par calibrage (avec un tour), soit par
pressage isostatique (avec comme avantage pas de temps de séchage)- Le temps de séchage varie de 12 à 24 heures et il faut
compter un retrait de 3% de matière par
pièce.- Après la 1ère cuisson, les pièces deviennent très
poreuses et donnent des
porcelaines appelées biscuits. Ou alors, elles partent à l’émaillage et
connaissent une 2ème cuisson avec cette fois-ci un retrait de 10 à 12% :
elles ressortent avec une transparence qui laisse filtrer la lumière même à
travers une certaine épaisseur- Le choisissage élimine les pièces défectueuses allant
jusqu’à 25% de la production.
- Puis arrive le stade de la décoration, que ce soient des
dessins, peintures, incrustations, reliefs par évidage ou travail à la feuille
d’or.Les arts picturaux et le luxe
s’invitent dans cette étape au service de la créativité- Enfin, nous nous tournons vers les fours mastodontes.
Ils constituent des outils essentiels
dans cette activité. Ils fonctionnent
majoritairement à l’électricité, à l’exception d’un four à gaz très long. Tout aussi imposants nous
apparaissent les chariots à enfourner.- Après les explications, les résultats : la
manufacture, renommée dans le monde, expose les créations commandées par des
marques ou des lieux les plus prestigieux : nous pouvons admirer la
vaisselle en service dans de grands
restaurants comme La Mamouna, l’hôtel Meurisse, le plazza Athénée, ou
dans le mythique train Orient Express et Air France. Des noms de célèbres
créateurs participent au design, des
marques de luxe comme Guerlain travaillent et collaborent avec la fabrique.La fondation Bernardaud s’intéresse à l’avenir et répond volontiers
à la demande des créateurs d’aujourd’hui, français ou étrangers. Elle cherche
constamment à progresser, dompter la matière et dominer les problèmes
techniques en se soumettant aux exigences des artistes comme Koons par exemple.Une exposition titrée « esprit libre »nous
surprend dans sa diversité, sa virtuosité,
avec les œuvres : - de
Christina Bothwell (« Birds, girls with boys ») aux transparences
éthérées, - de Séverine
Gambier (« Pavane et
caracole ») et ses mosaïques de faïences - Jessica
Harrison et ses figurines chinées- de Crystal
Morey et son univers poétiqueEt bien d’autres encore. Nous restons époustouflés face à la prouesse technique des artisans
tant ils arrivent à changer complètement l’aspect de la porcelaine.La visite se termine
devant le magasin d’usine. Il propose aux clients des articles moins
chers repérés par les choisisseuses, altérés par de petits défauts à peine
visibles. Parfois un minuscule point noir suffit à abaisser le prix comme un
bol ou un photophore qui ne produit pas le son cristallin attendu d’un article
parfait et non fendu.Sans céder à la tentation, nous rebroussons chemin jusqu’au
parking Churchill. Puis nous nous installons en face des halles « Chez
Alphonse » pour tester la formule de midi : melon jambon /aile de
raie et petits légumes (navet carottes fenouil) plus café voire café gourmand pour monsieur.
Merci pour la visite ; je note. Encore un endroit où on peut voir le meilleur de l'industrie artisanale française, comme Baccarat, par exemple, je vois. La France et les Français peuvent être fiers du savoir faire de leurs artisans dans ces industries.
RépondreSupprimerPetit mot à méditer : on dit que le mot "sincère" remonte à Rome, dans "sin cera" où on certifie que la marchandise est "sans cire" pour recoller un article fendu à la cuisson...