le conférencier devant les
amis du musée de Grenoble se consacre aux souveraines, régentes et favorites
pour lesquelles la représentation est primordiale.
« Théodora et sa cours » (547) dont la robe est ornée avec
l’image des rois mages, apporte l’offrande du pouvoir temporel au pouvoir
spirituel. Fille d’un belluaire, qui combattait les animaux dans les
jeux du cirque, elle régna conjointement avec Justinien, premier empereur
byzantin.« Éléonore de Tolède » (1543) fille du puissant vice-roi de
Naples parait bien distante,
elle avait épousé un Médicis, un parvenu aux yeux
de l’aristocratie d’alors.Dans une composition digne de la Sainte famille, parmi les
trente portraits peints par Élisabeth Vigée Le Brun, celui de « Marie-Antoinette
de Lorraine-Habsbourg, reine de France, et ses enfants » doit
réhabiliter la reine déconsidérée après l’affaire du collier.
Elle présente ses
enfants dans l’esprit de Cornelia, fille de Scipion l'africain, mère des
Gracques : « Les voici mes
bijoux à moi ! »
Le Dauphin désigne le berceau vide de Sophie-Hélène-Béatrix
qui vient de mourir. Mais tous ces messages passeront inaperçus, comme le
rappel de la robe rouge doublée de fourrure que portait « Marie-Charlotte-Sophie-Félicité
Leszczynska » par Nattier, la bonne reine, ne faisait pas de
politique.La dernière souveraine française, « Eugénie
portant son fils Louis Napoléon » par Winterhalter restera inconsolable après la mort à 23
ans de son fils unique en territoire zoulou, alors engagé au sein des troupes britanniques.Élisabeth de Bourbon
ou « Elisabeth
de France » par Vélasquez, fille d’Henri IV et de Marie de
Médicis, est la première épouse de Philippe IV, roi des Espagnes et des Indes. Pour
son héritier, « Balthazar-Charles », seul survivant parmi ses neufs
enfants, un mariage précoce avait été envisagé avec sa cousine, Marie-Anne
d'Autriche, mais lorsqu’il mourut très tôt lui aussi juste après sa mère, son
père prit comme seconde épouse, cette nièce âgée de douze ans, pour assurer une
descendance. « Marie-Anne d'Autriche » par Juan Bautista Martínez del Mazo,
assurera une longue régence.Leur fille, l’infante Marguerite-Thérèse, future femme de Louis XIV, figure au centre du tableau « Les Ménines » (les
demoiselles d’honneur), eux apparaissent dans le miroir du célèbre tableau de Vélasquez .
Dans une constellation de gemmes et de perles, c’est elle l’invincible,
« Élisabeth Ire» d’Angleterre
par Nicholas Hilliard qui a
vaincu « L’invincible armada » espagnole. La fille d’Anne Boylen et
d’Henri VIII, maîtrise son image de « reine vierge »,
« vierge comme je suis
catholique » persiflait Henri IV,
dans son portrait par Quentin Metsys le Jeune.
Un tamis rappelle que la vestale Tuccia avait transporté de l'eau du Tibre avec cet accessoire sans
en perdre une goutte, prouvant ainsi sa virginité. Le temps n’avait pas de
prise sur elle dans un tableau réalisé 40 ans après son couronnement.
« Je sais que mon
corps est celui d'une faible femme, mais j'ai le cœur et l'estomac d'un roi, et
d'un roi d'Angleterre. »L’influence des favorites, tenant le monarque par les sens,
ne dépasse pas la mode des décolletés et des fronts épilés pour Agnès Sorel
maîtresse de Charles VII en « Vierge allaitante » d’après Jean Fouquet.Il a fallu que la comtesse de Béarn soit bien endettée pour
accepter de présenter à la Cour Jeanne Bécu devenue « La
comtesse du Barry en Flore » par François-Hubert
Drouais. La belle qui avait réveillé les
ardeurs de Louis XV sera guillotinée. Elle avait succédé en tant que maîtresse officielle à « Mme
de Pompadour » née Poisson victime de méchantes « poissonnades » dans
le genre « mazarinades ». Pour Maurice-Quentin de
La Tour elle pose devant les
livres des « Lumières »; elle avait joué un rôle dans le
rapprochement diplomatique avec l’Autriche.Madame de Maintenon représentée
en « Sainte Françoise Romaine »
par Pierre Mignard
recommandée par Françoise-Athénaïs de Rochechouart, marquise de
Montespan, va épouser en secret le Roi-soleil en suscitant, à Versailles, en
cette fin de règne, dévotion et austérité. « Gabrielle d’Estrée », la
presque reine, enceinte, présente l’anneau promis par Henri IV dans le tableau
très connu d’un inconnu.
mais pour des raisons dynastiques, celui-ci épouse « Marie
de Médicis à la veille de son couronnement » qui assurera la régence avant que Louis XIII
atteigne ses 13 ans.
Trop intrigante elle devra s’exiler.La puissante figure de « Catherine de Médicis » (Clouet)
qui gouverna La France en pleine guerre de religions, femme d’Henri II, mère de
trois rois et de « la reine Margot », tend à être réhabilitée par les
historiens comme « Anne d'Autriche » l’épouse espagnole de
Louis XIII, régente pendant la minorité de son fils Louis XIV.Le portrait d’ « Elisabeth II » par Lucien Freud
échappe aux plans com’ et pourtant inscrit dans nos mémoires celle qui n’avait
pourtant que de symboliques pouvoirs.
Quelques remarques....
RépondreSupprimerJe me suis souvent demandé quel pouvait être l'impact sur l'Angleterre d'être gouvernée par une... maîtresse ? (ou maître...) femme pendant une période si longue. Je pense que la lutte entre les sexes, hommes et femmes pour le pouvoir temporel a été incandescente pendant cette période, ce qui ne fait rien pour la tranquillité des esprits.
Pour Madame de Maintenon, je pense que les historiens (certains, en tout cas...) essaient de nuancer l'image néfaste qu'elle a pu acquérir avec le temps dans les esprits. Louis XIV a vécu avec elle un mariage bourgeois avant l'heure, peut-être car il ne supportait plus de vivre en représentation 24h/24, et que la possibilité d'avoir un lieu où il pouvait se retirer pour échapper à l'Oeil de la cour devait lui apparaître comme salvatrice. Echapper à l'Oeil de la cour AVANT l'arrivée des médias modernes qui ne permettent plus aucune échappée...
Enfin, un mot pour le titre du livre d'Elisabeth Badinter, qui aurait pu l'intituler... le pouvoir DES FEMMES, et non pas le pouvoir "au féminin". Parce qu'il y a des femmes qui exercent le pouvoir, et rêvent de l'exercer au masculin et pas au féminin, et parce que ce n'est pas parce qu'on est une femme qu'on l'exerce forcément au féminin.
Oui, je suppose qu'on m'accusera de sophisme en parlant ainsi, mais je m'en fous. Des fois il est bien de pouvoir recourir aux mots pour faire des différences, et des distinctions, et ainsi pouvoir... discriminer.