Pour illustrer la conférence d’une enseignante de l’Ecole du
Louvre devant les amis du Musée de Grenoble, le « Bouquet de tulipes »
de Jeff
Koons offert par l’artiste à la ville de Paris après
les attentats du Bataclan fera l’affaire. Dans sa forme naïve, il avait conclu
l’évocation de la manière dont les artistes ont tenté de surmonter les
désillusions de l’époque, après avoir décrit guerres, crises financières et
écologiques, tentant de créer de nouvelles réalités.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2018/10/jeff-koons-didier-ottinger.html« Ground Swell » de Edward Hopper nous alerte dès 1939 :
la bouée
sonore est prise par une houle devenue forte. « A l’entrée du
tunnel », un cheval se refuse.Picasso avait réalisé « Guernica » en
1937 pour la République espagnole à l‘exposition universelle de Paris où le pavillon allemand
faisait face à celui de l’URSS.
Inspirée par le romantisme français, vivement contestée lors
de son accrochage, la fresque aux corps fragmentés rejoignaitle réalisme
cinglant d’Otto
Dix engagé volontaire pendant la guerre de 1914-1918 qui avait
réalisé 10 ans après un triptyque pour
« faire mémoire » : « Guerre ». Le français Lebel, l’Islandais Erró, les Italiens Baj, Crippa,
Dova
et Recalcati
réalisent le « Grand tableau antifasciste collectif » (1960)
provoqué par les témoignages de Djamila Boupacha torturée pendant la guerre
d’Algérie. Elle ne pourra le voir qu’en 2008.« Today's life and war » de Gohar Dashti
: il s’agit de la guerre du Liban.En 1958, à Bruxelles, la première exposition universelle
après la seconde guerre devait « faire le bilan d’un monde pour un monde
plus humain » :
« L’atomium » des frères Polack
croit en la science.Les filles de Lilith, l’égale d’Adam dans la tradition
juive, « Liliths Töchter », sont des personnages d’Anselm Kiefer pour lequel la littérature permet de sortir des décombres de la guerre, quand
l’histoire
est devenue un matériau.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/06/anselm-kiefer-c-loubet.htmlGerhard Richter évoque nos mémoires qui
s’effacent : « Septembre ».Quand il s’agit de chercher une nouvelle réalité, Marcel Duchamp
est de la partie. Il rompt avec le monde, la créativité, change la valeur de
l’art, alors que le nihilisme monte. « L.H.O.O.Q. » L’éphémère mouvement Dada, appelle d’autres mouvements. La « Danse de
Saint-Guy » de
Francis Picabia parle
d’un vide.Le groupe du Bauhaus renonce à l’enseignement par
la copie des maîtres et de la nature ; cette nouvelle école ne jure que
par les formes simples et les couleurs primaires, s’abstrayant de la culture. « Berceau » Peter Keler. En Nouvelle-Zélande après la
destruction d’une cathédrale suite à un tremblement de terre, un édifice en
carton renforcé prévu pour 50 ans est réalisé par Shiguru Chan.Les frères Bouroullec mettent
en scène la nature « Module Algues ».Le « Fun palace » est
resté à l’état de projet, il devait être modulable,
évolutif, comme un jeu d’enfants, cependant Beaubourg se rappellera de ces tuyauteries.
Les exemples de ré enchantement du monde ont connu
des fortunes variées.« Arcosanti »créé
par l'architecte italien Paolo Soleri devait recevoir entre 3 000 et
5 000 habitants, sa population actuelle varie entre 70 et 120.« Auroville »
dessinée par Roger
Anger, dans la lignée de Le Corbusier, prévue pour 50 000 habitants
en accueille 3000.La « Fonction oblique »
préconisée par Claude
Parent déconstruisait un univers de verticales et horizontales mais
à part sa propre maison pour sa fille qui n’avait pas d’oreille interne, aucune
autre n’a vu le jour.« Banquise » de Mathias Kiss prend la suite :
« Cette œuvre
symbolise la continuité d’un travail sur l’absence d’angle droit. Cette
banquise en miroir est une sorte de land art intérieur poétique que j’ai
réalisé pour la maison Hermès. »Les plexiglas de Pierre Brault « Stay Home »
sont restés virtuels, au temps du confinement et de « L’amour au temps du
Coronavirus » de C 215,
quand le monde ne devait plus être
comme avant. « La console en ruban de Möbius » de Pierre Renart
est plus originale que les tapis de Stephanie Langard qui cependant ne manque pas
d’humour avec ses « Chaises d’arbitre » destinées non plus à contempler le monde mais à
s’en extirper.
Pour conclure un exposé où les solutions semblent finalement plus restreintes que les déplorations, un air de Mylène Farmer me trotte alors dans la tête:
« Tout est
chaos
A côté
Tous mes idéaux : des mots
Abimés...
Je cherche une âme, qui
Pourra m'aider
Je suis
D'une génération désenchantée
Désenchantée » (1991)
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