Le conférencier devant les amis du Musée de Grenoble s’est
attaché à mettre en lumière l’originalité artistique de la sculptrice,
occultée trop souvent par sa relation passionnelle avec
Rodin auquel elle a offert des solutions inattendues ou sa folie progressive.
La famille de
trois enfants a suivi là, le père nommé
conservateur des hypothèques, « lieu de sa naissance artistique » où Alfred Boucher
le fondateur de « La ruche » reconnaît son talent. Elle s’installe à Paris avec sa mère qui était plutôt
réticente envers sa vocation alors que son père l’encourageait dans cette voie.
Elle s’installe en colocation avec des anglaises tout en suivant des cours à l'Académie Colarossi.« Le Portrait de Paul Claudel », son frère auquel
elle vouait une grande admiration fut remarqué par Rodin et le baron de
Rothschild.« La Vieille Hélène »,
représente une des domestiques de la famille,
les dessins préparatoires
subsistants sont rares.Rodin fut son modèle, son mentor, son idole, «
Camille au bonnet ».
« Quêtant
inlassablement la perfection des gestes, des poses des effets de matière, elle
est une travailleuse acharnée, perfectionniste parfois jusqu’à
l’épuisement. »Une des premières œuvres de Camille, la « femme accroupie »
peut se rapprocher de celle de Rodin figurant dans l’ensemble des portes de
l’enfer.Dans les divers processus de création des éléments peuvent
être repris, diminués, augmentés transposés. Quand pour l’Opéra, Garnier
choisit « La Pythie » de Marcello qui n’est autre qu’Adèle d’Affry, duchesse
de Castiglione, celle-ci est soupçonnée d’avoir moulé son propre corps.Sarah Bernhardt, l’actrice, était aussi
sculptrice : « Autoportrait en chimère », son « Coupe-papier »,
inspiré par des algues, surprend par sa modernité.Les jeunes femmes pouvaient accéder à « L'Académie Julian »
avec ses six ateliers répartis sur Paris.« Galatée » d’Auguste Rodin serait un hommage à « La
jeune fille à la gerbe » de Camille Claudel.Le parallèle entre « Sakountala »
et « L’éternelle idole » peut
aussi être tracé.Elle marche vers la modernité, son « Portrait de Rodin »
allie naturalisme et expressionnisme et plus encore avec « Clotho »
la Parque qui tisse le fil de l’existence,
« vieillarde
gothique emmêlée dans sa propre toile ».Rodin ne quittera pas Rose Beuret son premier amour.
Ce
moment est évoqué dans « L’Âge mûr » où la
séparation est un long processus.« La valse », autobiographique, a connu plusieurs
versions :
« Cette Valse ivre,
toute roulée et perdue dans l’étoffe de la musique, dans la tempête et le
tourbillon de la danse » Paul Claudel, 1905.
« Un haut et large
esprit a seul pu concevoir cette matérialisation de l’invisible » Léon
Daudet.Le marbre monumental de Camille Claudel, « Persée
et Galatée » a été taillé par François Pompon.« Vertumne et Pomone » représente « les
amants parfaits ».
Elle meurt à l'asile de Montfavet en 1943 à l'âge de 78 ans après 30 ans d’internement.
«Tout cela crie,
chante, gueule à tue-tête du matin au soir et du soir au matin. Ce sont des
créatures que leurs parents ne peuvent pas supporter tellement elles sont
désagréables et nuisibles. »
Une immense artiste, Camille Claudel, qui a succombé à l'ambivalence du destin de l'artiste... Si Camille Claudel était une immense artiste, elle ne pouvait pas vivre de son art, et non pas à cause de l'esprit de son époque : elle n'avait pas le caractère, les qualités personnelles nécessaires pour pouvoir en vivre, et ceci surtout à ses propres yeux. Je crois qu'il y a toujours eu, et il y aura toujours des artistes pour qui cela restera vrai, qu'ils soient hommes ou femmes, d'ailleurs.
RépondreSupprimerCe qui me met en colère à notre époque, c'est la manière dont Camille Claudel devient un symbole facile de victime sacrificiel, alors que sa vie, ses relations furent très complexes, très tourmentés par son propre tourment, pas toujours les tourments de son entourage. Comme quoi... nous sommes toujours à l'affût de sacrifices, même ceux qui crient à tue-tête contre la religion...