Je savais que je trouverai dans ce recueil d’hommages rendus
aux morts, le discours de Malraux en hommage à Jean Moulin qui à l’oreille ou
en tournant les pages m’émeut toujours au
plus profond.
«Comme Leclerc
entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique,
entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège.»
D' impérissables plumes s’expriment avec Hugo bien
entendu dans l’éloge funèbre à Balzac et à Georges Sand:
«Je pleure une
morte, je célèbre une immortelle !»
Plus inattendus sont
les mots de Sartre à Camus auquel il n’adressait plus la parole et le poème de Mallarmé à Verlaine.
Martin
Luther King avait prévu sa propre oraison et la dernière lettre de Marie
Antoinette avant d’être guillotinée est poignante :
«Je pardonne à
tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait.»
Villon était dans la même situation quand il a écrit la
balade des pendus, mais a échappé à la pendaison.
«Jamais nul
temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !»
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !»
Commencées avec Périclès s’exprimant pour les
soldats morts pendant la guerre du Péloponnèse :
«Les hommes
éminents ont la terre entière pour tombeau.»
les interventions situées avec clarté dans leur
contexte se terminent par « Salut
ma poule ! » d’Attali pour Coluche.
L’oraison de Bossuet à l’égard d’Henriette d’Angleterre est un
sommet, pas seulement d’éloquence mais d’émotion :
«Madame
cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs;
le matin elle
fleurissait; avec quelles grâces, vous le savez:
le soir nous la vîmes
séchée »
Massillon inconnu à mon bataillon est à la hauteur pour
Louis XIV :
«Aviez-vous cru
que les rois étaient immortels ? »
Moravia pour Pasolini, Zola pour Maupassant, Anatole France
pour Zola, Mauriac pour Proust, Zweig pour Freud, sont sincères et élèvent les
qualités des morts au dessus d’une destinée particulière.
Oprah
Winfrey parle puissamment de Rosa Parks.
Il ne pouvait y avoir qu’Obama pour Mandela et Fidel pour le
Che, Cocteau pour Mistinguett et Pierre Bergé pour Saint Laurent :
«C’est à toi que
je m’adresse, à toi qui ne m’entends pas, qui ne me réponds pas. »
Très beau. L'oraison funèbre (est-ce comme ça qu'on l'appelle ?) peut être du grand art.
RépondreSupprimerJe suis toujours profondément émue par Ecclésiaste, qu'on entend dans toute évocation de l'herbe qui sèche, les fleurs qui tombent, car la chair, la nôtre, est fragile, et vouée à disparaître, comme ont disparu tous ceux qui nous ont précédés : l'égalité de la condition humaine sur ce plan.
Oui, touchante, Marie Antoinette. Impressionnant, Malraux. Ça sonne.. comme une trompette.
Merci.