A la suite d’ « En été » j’ai retrouvé en
temps et à l’heure des rentrées, l’auteur norvégien qui a vite fait de me devenir familier
Loin des sanglots longs automatiques attachés à la saison
des feuilles mortes, il aime la vie et
en 270 pages présente le monde à sa petite pour l’instant dans le ventre de sa
maman.
« Je veux te montrer
notre monde tel qu‘il est aujourd’hui : la porte, le sol, le robinet,
l’évier, le fauteuil du jardin contre le mur sous la fenêtre de la cuisine, le
soleil, l’eau, les arbres. »
Les chapitres courts vont de descriptions précises des objets
les plus élémentaires : chewing-gum ou boite de conserve aux plus exceptionnels :
les yeux, l’aube, les nourrissons, le soleil.
« Quand nous
mangeons dehors, sous le pommier, les voix d’enfants, le tintement des
couverts, le bruissement des feuilles dans la brise légère résonnent dans
l’air, et personne ne remarque que le soleil est au dessus du toit de la maison
des invités, non plus jaune et flamboyant, mais orange, et qu’il brûle en
silence. »
Son style limpide permet de faire surgir le sublime au cœur
du prosaïque, qu’il parle de Van Gogh, des mouches, des poux, de Flaubert, du
vomi, de l’urine, de la cuvette des toilettes, des bottes en caoutchouc ou de
la migration des oiseaux.
« … les églises
sont aussi un exemple d’ingénierie spirituelle, car elles représentent non
seulement une identité locale, mais aussi un autre niveau de réalité, le divin,
qui prenait place au milieu du labeur quotidien et offrait une ouverture sur
l’avenir, quand le royaume des cieux serait établi sur terre. »
Faut-il que nous soyons fatigués pour que de tels ouvrages
nous procurent tellement de plaisir.
"Le monde ne change pas, seule la représentation que nous nous faisons de lui se modifie..."
RépondreSupprimerPas d'accord. Certes... le soleil se lève et se couche tous les jours, le cycle de la lune continue, mais "nous" avons apporté bien des modifications dans ce monde qui dépassent le problème de nos seules représentations de lui. Si nous n'avions pas la capacité d'intervenir, de modifier, par nos têtes tissées avec nos mains, et nos machines, notre sort serait moins... glorieux ? tragique ?