Une paire de contradictions de plus, ci-dessous décrites, ne va pas
contribuer à me sortir de l’inventaire obsédant des paradoxes contemporains.
- Première bizarrerie : l’urgence écologique n’a jamais
été aussi évidente, les écologistes n’ont jamais été à ce point inaudibles.
Coquerel, le coquelet vient à peine de descendre du manège
médiaclic que Bayou a gagné la queue du Mickey et Quatenens a perdu la main.
Nous jubilons quand les donneurs de leçons se doivent d’en
subir, des leçons, bien qu’ils soient peu désireux d’aller à repentance,
« en chemise, pieds nus et la corde au cou ».
Depuis le peignoir de DSK, la politique met les dessous,
dessus.
Quand Sandrine Rousseau se fait siffler à la manifestation
de soutien aux iraniennes qui n’en peuvent plus du voile, alors que la députée
estime qu’il est fort seyant chez nous, je me gausse.
Pour chérir la diversité des opinions s’exprimant dans les
journaux, je doute rarement de l’honnêteté des rédacteurs, même si quelques
chartes signées récemment par des radios d’état scellent un certain conformisme
bien pensant.
Des préconisations écologiques déversées à longueur de
journée perdent de l'impact quand les micros mis systématiquement sous le nez de la Savonarole
transversale nous exaspèrent.
- Deuxième extravagance : la
distance flagrante entre les mots et le réel saute aux yeux avec la remise en question du « travail »
pendant que fleurissent les discours sur la valeur « travail ».
Le phénomène post Covid des démissions révèle une maladie de la société où le mot
investissement ne sait se compter qu’en €uros et non plus comme un engagement au service de tous.
Celle qui sature les écrans affirmait la « valeur travail est clairement une valeur de droite » en
réponse à Roussel qui disait :
« la
gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et des
minima sociaux ».
J’ose
brandir de mes ancêtres, une présence au « travail »
365/365. Cette notion triplement répétée ci-dessus fait mal au dos et nourrit
les moulins à paroles. Le chômage figurait en tête des questionnaires à
sondages, il a disparu, burnouté, plus un chiffre, rien ; ne compte plus que
la température du chauffe-eau.
Je suis de ce côté des mots qui ne brassent même plus un air
traversé de missiles tout en continuant
à me renseigner par des journaux. « Le Monde » dans sa version papier
m’impressionne par la place accordée à la guerre en Ukraine, de quoi se
sentir relativement bien à l’abri dans notre bunker occidental.
Je prends chez Raphaël Enthoven dans le dernier « Franc
Tireur » la citation d’un ancien prix Nobel qui n’avait pas besoin de
mettre à la fenêtre ses petites culottes contrairement à la dernière lauréate.
Oui, Emmanuel Berl cité par Finkielkraut dans "Nous, les modernes", (je crois) fait remarquer que la tendance est à lancer des étiquettes injurieuses à la tête des uns et des autres. Il parlait de la période entre les deux guerres "mondiales". Cela n'augure rien de bon. C'est surtout dans les espaces virtuels et plutôt anonymes qu'on voit ces tendances, car dans la face à face, je n'entend pas grand' monde qui ose se laisser aller à un jugement, injurieux ou pas. Pour la citation de Camus, j'ai observé la mise en place de cette nouvelle société dans notre compagnie de théâtre qui a duré 6 ans en tout, et est en cours de dissolution. Elle a succombé au Covid... Au début : une ébauche de communauté de plus ou moins égaux ? qui désiraient faire du théâtre ensemble, des personnes de bonne volonté. Petit à petit, cette bonne volonté a cédé la place à un esprit de méfiance qui a sapé le travail. Cela correspond au moment où la nouvelle poussée de la fièvre libertaire a traversé l'Atlantique pour rassembler les gens qui veulent continuer à se penser "de gauche" (ça veut dire quoi, maintenant ?) Pour ma part, j'incrimine la montée du grand n'importe quoi en ce moment : l'idée que toutes les idées, les idées de tout le monde, sont bonnes à prendre, et qu'il n'y a pas d'idées qui seraient meilleures que d'autres. J'incrimine un égalitarisme poussé au ridicule dans ce phénomène.
RépondreSupprimerPour le mot "travail", un membre de la famille me rappelle qu'il vient du latin "tripalium" qui était un instrument de torture ? appliqué aux esclaves dans l'Antiquité... Comme par hasard, il est toujours employé, à ma connaissance dans l'effort que fait une femme pour faire sa part en mettant au monde un enfant. Elle... travaille ? ou elle... est travaillée ? En tout cas, il y a un fruit à ce qui sort d'elle que je refuse d'appeler... un produit. Un fruit n'est pas un produit... Si on pense à cela ; si on met en parallèle notre vie d'Homme sur cette terre, il me semble que le travail... fait l'Homme. Mais en regardant les écureuils jouer dans les parcs de Saint Egrève, je ne peux qu'avoir une pensée... o combien négative en voyant à quel point nous avons fait de nos occupations, de notre travail, une aliénation, comme si nous nous disions.. si je ne souffre pas, si mon employé ne souffre pas, alors ce n'est PAS du travail"...
Notre besoin de souffrir dans ce bas monde est sans limite, pour ce que je vois. Il y a de quoi désespérer à certains moments.
Je suis d'accord avec bien des points que tu as évoqués dans ce billet (amen pour les petites culottes...), même si je ne lis pas (jamais lu, d'ailleurs) le Monde en format papier.
Cordialement
Que tout cela est bien dit ! J'ai toujours pensé que la politique était l'art de gérer les contradictions qui nous habitent. Il y beaucoup à faire
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