Cette grande dame était mon amie. J'ai lu ce texte à la cérémonie qui nous a réunis vendredi dernier:
« Quand j’ai transmis la
nouvelle du décès de Mamélie à une de ses anciennes élèves devenue professeur, celle-ci
m’a répondu qu’elle avait le souvenir d’une « femme forte et d’une super
institutrice ».
J’avais ajouté dans la
conversation les termes: travailleuse, fiable, disponible, malgré ou à cause
des épreuves surmontées dans sa vie.
Un camarade m’a suggéré
« Consciencieuse, Fiable, Disponible, Tolérante » comme CFDT.
C’est que l’ayant rencontrée
dans le Syndicat Général de l’Education Nationale, le SGEN, appartenant à la
CFDT, je voulais dire mon admiration et l’honneur de compter parmi ses amis.
- Travailleuse : elle avait gagné le respect de l’administration
et de nos concurrents syndicaux, en tant que responsable de la carte scolaire,
par sa connaissance exhaustive de toutes les écoles de l’Isère qu’elle avait méticuleusement
mises en fiches, bien avant les bases de données informatiques.
- Tolérante, en employant ce terme qui frôle l’obsolescence, j’ai
conscience d’être un regretteur d’hier, que jamais Mamélie ne fut.
Depuis les classes uniques
auvergnates, elle arrivait à Grenoble au moment où le turbulent secteur
expérimental prenait son essor à la Villeneuve.
Elle retrouvait dans des réunions
enfumées, anarchistes estampillés comme tels, trotskistes ne plaçant pas tous
leurs œufs de coucou dans le même panier (selon les mots d’Edmond Maire), des
cathos de gauche, sociaux-démocrates, démocrates chrétiens, anciens du PSU,
ensemenceurs de la deuxième gauche … et chacun un peu de tout ça.
Ces engagements renforcés de
choix pédagogiques contrastés auraient pu susciter pourtant quelques
bannissements ; ce n’était pas l’esprit du temps.
Les instituteurs Freinet
donnaient le ton par une démarche théorique issue d’une pratique quotidienne de
la classe où la coopération n’était pas un vain mot.
Son ami Michel Pellissier,
nous manque tellement.
- Les qualités de fiabilité de Mamélie, sa fidélité
se remarquaient dans une construction collective suscitant des
enthousiasmes souvent éphémères.
Dans notre organisation tenant
plus du hors bord que du vaisseau amiral, elle n’a jamais sollicité de poste de
permanent, pourtant notre « mère » comme on dirait chez les
compagnons du tour de France, fut un pilier des plus tenaces qui permit
l’émergence de talents parfois fugaces.
- Disponible : avec toutes les fonctions que je ne saurai
énumérer, la militante - bien que ce mot sacrificiel ne dise pas la chaleur de
la table ouverte dans la vaste maison rue Thiers - était toujours partante,
avec le sourire.
- Généreuse, sincère,
authentique, accueillante, droite, de gauche.
Bien au-delà de la convivialité,
j’ai trouvé chez les Patras - Mériaux, au moment d’un cataclysme personnel, un
lieu pour savoir comme dit Pagnol à la fin du « Château de ma mère » :
« Telle est la vie des
hommes.Quelques joies, très vite
effacées par d’inoubliables chagrins. »
L’écrivain
qui parlait si bien de la campagne et de l’école ajoutait :
« Il n’est pas nécessaire
de le dire aux enfants. »
Je
pense que les enfants savent.
« Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie
comme l’eau celle des moulins. » »
Très bel hommage. Tu as dit les mots qui comptent pour moi : fidélité, fiabilité. Tolérance plutôt que le fichu mot "ouverture" qui se met à toutes les sauces.
RépondreSupprimerJe note qu'elle venait de la classe unique, et en Auvergne, de surcroît. Un bel endroit pour apprendre comment partager les connaissances, les compétences, souvent... dans la nécessité, car cela s'impose, et ce n'est pas plus mal.
On ne dira jamais assez tous les inconvénients de la richesse, quand elle est... de trop. Avoir... assez, c'est déjà bien. Peut-être l'essentiel ?
Oui et oui, pour la citation de Pagnol à la fin, sur le temps. Oui, c'est ça, et ça n'a pas besoin d'être tonitruant. C'est ainsi, c'est... tout et c'est assez.
Merci de partager avec nous.