« Le journal est
la prière du matin de l’homme moderne » Hegel Cette citation situe un peu plus l’obsolescence du
« jeune homme moderne» auquel s’adressait le défunt magazine
« Actuel », mais je persiste.
Si j’ai changé de chapelle entre « Libé » et
« Le Monde », je trouve un plaisir suranné à user encore de ma boîte
aux lettres pour recevoir la version papier d’un quotidien que mon petit
colibri trouvera bien préjudiciable aux arbres. Un porteur assure le service
que la vénérable Poste ne rendait plus avec ponctualité.
Difficile d’épuiser le volumineux contenu des articles
contrastant avec ce qui en apparaît sur les réseaux sociaux : titres attirant
le cliqueur suivis de commentaires par des trolls se contentant d’une phrase
pour afficher leur haine, masqués par leur pseudos.
Julie Zeh parle d’Internet comme d’un caniveau :
« Cette lie de post démocrates mal
lunés qui sont en train de brillamment sacrifier le plus grand acquis de
l’histoire de l’humanité à leur complexe d’infériorité personnelle. »
Le temps nous est compté, le flot des phrases qui claquent
éloigne de la nuance, de la complexité. Le grand remplacement, nous l’avons
dans la poche : notre mémoire épaulée dans un premier temps par un appel à
Google, s’ensommeille. Un voyage avec Jules Verne était virtuel, enchanteur, les
métavers vont nous prendre la tête.
« Le Monde » fut jadis un label faisant autorité, désormais
c’est « Médiapart » qui donne le ton en mettant en lumière
uniquement le côté sombre de la société, grossissant les petites bêtes
assidument recherchée. Leur démarche réussie d’une présence d’un journalisme
militant par Internet participe d’un état d’esprit tellement français champion
de l’auto dénigrement.Ce conformisme des anticonformistes rejoint les soumissions
des Insoumis.
Pour des informations économiques, je dois avoir recours à
des post-it pour ne pas oublier ce qui n’apparaît guère :
« Les dépenses publiques représentaient
61% du PIB en 2020,
et les prélèvements obligatoires 45,5 % de ce PIB ».
En ce qui concerne d’autres considérations, je m’en réfère à
ce récit d’une amie qui connaît bien le milieu magrébin et déplore qu’une jeune
femme qui avait fui l’Algérie au moment de la guerre civile en soit venue à se
conformer à l’observance religieuse la plus stricte sous la pression de mamans
à la porte des écoles de la capitale du Dauphiné. Elle a trouvé là des
certitudes qui ne sont pas celles de notre société devenue si peu fière d’elle
même et a abandonné aux plus ridiculement radicaux, l’amour de leur pays et le
respect d‘eux-mêmes.
Le couscous n’abroge pourtant pas le gratin des Allobroges.
Quand il me prend des pulsions positives, j’aurais préféré
dans « Le Monde » : « La
France a du mal avec ses populations issues de l’immigration »
sous-titre d’un entretien avec Sami Bouajila, la phrase qui
suivait : « Notre identité est
métissée. Mettre des mots est le début de la guérison… »
L'excellente grande feuille le «1» trouve dans les plis du réel, des analyses originales: elles pointent les hésitations de la Chine, les ressentiments de l'Afrique, quand il n'est pas nécessaire d'« être allié pour gérer des séquences de la mondialisation».
Que pensent les décoloniaux du colonialisme russe?
Je ne m'empêcherai pas de lever les yeux au ciel quand les populistes égrènent leurs billevesées sans vergogne puisque viennent à eux les avides de soupe...populaire.
Rien n’est plus caduque que la mode, et il n’y a plus
d’encre.
« Le canon a tué
la féodalité ; l'encre tuera la société moderne. » Napoléon.