mardi 31 mai 2022

Mémoires effondrées. Baya.

Les dessins poétiques effectués dans des techniques différentes composent un beau livre, variant les époques et les genres, souvent originaux, ils sont séduisants.
Par contre la tendance à se complaire dans un pessimisme noir rend  parfois les textes lourds, passant de réflexions très banales :  
« C'est con mais... Je ne sauverai pas le monde. Finalement la seule chose que je puisse faire, c'est nuire le moins possible à autrui... »   
à des raccourcis pertinents : 
« On parvient sans arrêt à rallonger notre temps de vie... mais à quoi bon si l’on raccourcit le temps de vie de notre planète ? »
La planète est en danger, et le climat se réchauffe. Oui. Les constats sont plus probants que les prophéties, les observations concernant la nature humaine plus fines que des anticipations improbables, les tentatives de vulgarisation plus limpides que de puérils sermons.
Tout ça pour conclure comme Candide en 1759 sans avoir besoin de se projeter en 2044 :
« Il faut cultiver notre jardin ».

lundi 30 mai 2022

Festival de Cannes 2022.

Voici 30 films proposés par la quinzaine de réalisateurs, la semaine de la critique, ACID, Visions sociales, Ecran Sénior, et même par la Sélection Officielle que le natif de Tullins, Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes 
vint présenter avec verve au théâtre de La licorne à La Bocca qui compte depuis l’an dernier au Cinéum, les plus somptueuses salles que je connaisse et quelques autres retrouvées chaque fois avec plaisir.
Le privilégié que j’ai été une fois encore pendant une dizaine de jours, va essayer de relier quelques propositions cinématographiques venues d’Australie, de Corée, de Russie, d’Ukraine, d’Italie, du Kirghizstan, de Tunisie, de France… 
L'imagination enchante la réalité et révèle avec encore plus de finesse la vérité :  
« Esterno notte » exceptionnel pas seulement par son format (5h), revisite notre histoire à partir de l’assassinat d’Aldo Moro. Dans « Alma viva » et « El agua » la vie la plus âpre prend d’autres dimensions quand les femmes intercèdent au milieu du feu et de l’eau. « Harka », une fiction, exprime avec force une situation tunisienne désespérante. 
Par contre « Domingo et la brume »  au Costa Rica ne convainc pas, alors que « Pamfir » l’Ukrainien est d’une grande force.
« Il y eut un matin » parle parfaitement de l’enfermement du peuple palestinien quand le so frenchy, « Un beau matin » avec ses acteurs trop familiers, nous laisse indifférents. La diversité est passionnante; cependant « Le parfum vert » ,distrayant, disparaît après avoir vu « La colline », interrogeant des kirghizes vivant sur une montagne d’ordures.
L’ennuyeux « Magdala » prétend parler de passion et de spiritualité, particulièrement absentes de cette proposition formaliste, alors qu’« Alma Viva », mon film préféré, avec un cercueil au centre de son dispositif est vraiment tonique. 
« Les vivants ferment les yeux des morts et les morts ouvrent les yeux des vivants ». 
Il est de coutume de repérer les films anciens au nombre de cigarettes grillées, mais après des années connotées comme étant celle des "pipes", on pourra dire que 2022 fut l’année des clopes.
Je n’avais pas remarqué autant de présences de prêtres ou de pasteurs, l’un d’eux se montre détestable quand il  suit la xénophobie de ses paroissiens, « RMN », ou remarquable quand un autre en soutane résiste à la Maffia : « Nostalgia ».  
« Les Harkis » et  « Tirailleurs » reviennent sur des épisodes peu glorieux de notre passé colonial.
La folie n’est plus seulement un problème personnel, lorsqu'autant de jeunes hommes russes se suicident: « How to save a dead friend » nous interpelle. De même au moment du générique de fin de « The silent twins » rappelant qu’il s’agit d’une histoire vraie où l'écriture permet de sortir de l’enfermement, sa violence nous atteint. « I met a girl » traite avec originalité de la schizophrénie et « Dalva » aborde avec finesse l’inceste; nous avons envie de croire en la renaissance de la petite. Le couple dysfonctionnel de « Sick of myself » m’a paru plus éloigné.
Dans le genre thriller : « Loveland » et « Decision to leave » laissent de glace comme l’humour finlandais de « The woodcutter story » ainsi que le western australien « The Drover’s wife ».
Si je n’ai pu tenir le coup devant « De humani corporis fabrica », il ne s’agissait pas d’une manifestation de mon esprit critique mais de mon estomac mal accroché quand sur les tables  d'opérations d’autres organes de notre corps furent mis à l’écran.
L’artificiel « Nos cérémonies » aurait pu susciter un coup de zappette de la patate de canapé ainsi que le poseur « Enys men ». Et il est permis d'éprouver plus de tendresse pour les habitués de l’ « Atlantic Bar » que pour les acteurs de « Frère et sœur » de Desplechin ou à l’égard de Blanche Gardin dans « Tout le monde aime Jeanne ».  
Parmi une multiplication des récompenses, « Decision to leave »  est le seul de cette liste à obtenir un demi prix; les occasions ne manqueront donc pas pour aller à la rencontre d'autres histoires.    

dimanche 29 mai 2022

Be Arielle F. Simon Senn.

Cette intéressante conférence depuis un plateau de théâtre nous met au courant des possibilités offertes par des dispositifs numériques et interroge sur les bouleversements qui affectent notre présence au monde.
Le plasticien suisse a acheté par Internet un corps virtuel pour un bon prix un jour de black Friday. Il parvient à animer cette réplique d’une jeune fille scannée en 3D et part à la recherche de  celle-ci, suite à ses émotions lorsqu’il s’est « mis dans sa peau ».  
Après des collaborations avec d’autres spécialistes du virtuel, il entre en contact avec avocats et psychologues pour témoigner de ses scrupules et préparer son spectacle. L’artiste enseignant induit des questionnements chez la jeune étudiante modèle qui n’était pas allée au-delà de la saisie de son image et entre en contact avec elle par téléphone interposé, chaque fois qu’il se produit sur scène. 
Nous étions peu nombreux, est ce parce qu’à l’heure des métavers ces questions sont déjà dépassées ? Ceux qui stationnent devant leurs écrans n’allaient pas perdre leur temps avec des résidus de réalité, fussent-ils apportés sur un plateau.  
J’avais, quant à moi, le sentiment de me retrouver au début du cinéma quand c’était une attraction foraine.
Au-delà des cas pathologiques tels que la « dysmorphie Snapchat » ou les vols d’image, après avoir cru étendre nos mémoires en les écrabouillant et avoir bradé nos laborieuses singularités, allons nous nous éloigner du bout de nos doigts, remplacés par de performants capteurs ? Alors nous ne saurons plus ce que peut signifier : « avoir la chair de poule » ou « que la peau du cul lui pèle ! ». Ce serait dommage.

samedi 28 mai 2022

Chattanooga. Chet Raymo.

La douce solitude émanant d’un tableau de Hopper sur la couverture du livre un peu défraîchie (1995) m’a attiré.
Diverses voix désabusées, butées, distanciées, tourmentées s’expriment autour d’une famille dysfonctionnelle dans le Sud des Etats-Unis en 1944, où les tensions raciales s’ajoutent à la guerre. 
Quatorze personnes vivant dans la même maison sont entrevues par cinq d’entre elles.
Georges observe les oiseaux, travaille à l’usine d’armement et fait bouillir la marmite,
Buddy est préoccupé par son entre jambes,
Button, se distingue des autres membres de cette maisonnée accablés par les chaleurs,
la toute jeune Tootsie voit tout,
le vieil Iggy perméable à toutes les rumeurs croit résoudre ses tourments à la 22 long rifle.
C’est lui qui commence : 
« Vous vous verriez, vous, vivre dans une maison avec plein de femmes ? – Combien de femmes, déjà, sept ? Non, huit, ma sœur Mamie et ses sept filles - avec tous les chichis, les bouderies les bavardages, que je te fais froufrouter mes jupes un peu partout dans la baraque ? » 
Témoignage d’une époque et d’un ailleurs, ces folies pas toujours douces rappellent de très contemporaines contradictions ou quelques passions familières pas toujours aussi pathétiques.De bons sujets littéraires.

vendredi 27 mai 2022

Moderne.

« Le journal est la prière du matin de l’homme moderne » Hegel
Cette citation situe un peu plus l’obsolescence du « jeune homme moderne»  auquel s’adressait le défunt magazine « Actuel », mais je persiste.
Si j’ai changé de chapelle entre « Libé » et « Le Monde », je trouve un plaisir suranné à user encore de ma boîte aux lettres pour recevoir la version papier d’un quotidien que mon petit colibri trouvera bien préjudiciable aux arbres. Un porteur assure le service que la vénérable Poste ne rendait plus avec ponctualité.
Difficile d’épuiser le volumineux contenu des articles contrastant avec ce qui en apparaît sur les réseaux sociaux : titres attirant le cliqueur suivis de commentaires par des trolls se contentant d’une phrase pour afficher leur haine, masqués par leur pseudos.
Julie Zeh parle d’Internet comme d’un caniveau :  
« Cette lie de post démocrates mal lunés qui sont en train de brillamment sacrifier le plus grand acquis de l’histoire de l’humanité à leur complexe d’infériorité personnelle. »
Le temps nous est compté, le flot des phrases qui claquent éloigne de la nuance, de la complexité. Le grand remplacement, nous l’avons dans la poche : notre mémoire épaulée dans un premier temps par un appel à Google, s’ensommeille. Un voyage avec Jules Verne était virtuel, enchanteur, les métavers vont nous prendre la tête.
« Le Monde » fut jadis un label faisant autorité, désormais c’est « Médiapart » qui donne le ton en mettant en lumière uniquement le côté sombre de la société, grossissant les petites bêtes assidument recherchée. Leur démarche réussie d’une présence d’un journalisme militant par Internet participe d’un état d’esprit tellement français champion de l’auto dénigrement.Ce conformisme des anticonformistes rejoint les soumissions des Insoumis.
Pour des informations économiques, je dois avoir recours à des post-it pour ne pas oublier ce qui n’apparaît guère :  
« Les dépenses publiques représentaient 61% du PIB en 2020,
et les prélèvements obligatoires 45,5 % de ce PIB ». 
En ce qui concerne d’autres considérations, je m’en réfère à ce récit d’une amie qui connaît bien le milieu magrébin et déplore qu’une jeune femme qui avait fui l’Algérie au moment de la guerre civile en soit venue à se conformer à l’observance religieuse la plus stricte sous la pression de mamans à la porte des écoles de la capitale du Dauphiné. Elle a trouvé là des certitudes qui ne sont pas celles de notre société devenue si peu fière d’elle même et a abandonné aux plus ridiculement radicaux, l’amour de leur pays et le respect d‘eux-mêmes.
Le couscous n’abroge pourtant  pas le gratin des Allobroges.
Quand il me prend des pulsions positives, j’aurais préféré dans « Le Monde » : « La France a du mal avec ses populations issues de l’immigration » sous-titre  d’un entretien avec Sami Bouajila, la phrase qui suivait : « Notre identité est métissée. Mettre des mots est le début de la guérison… » 
L'excellente grande feuille le «1» trouve dans les plis du réel, des analyses originales: elles pointent les hésitations de la Chine, les ressentiments de l'Afrique, quand il n'est pas nécessaire d'« être allié pour gérer des séquences de la mondialisation».
Que pensent les décoloniaux du colonialisme russe? 
Je ne m'empêcherai pas de lever les yeux au ciel quand les populistes égrènent leurs billevesées sans vergogne puisque viennent à eux les avides de soupe...populaire.   
Rien n’est plus caduque que la mode, et il n’y a plus d’encre. 
« Le canon a tué la féodalité ; l'encre tuera la société moderne. » Napoléon.

jeudi 26 mai 2022

Les couleurs et les innovations au XIX° siècle. Le blanc. Serge Legat.

Avant les apports théoriques du XIX° siècle,
le conférencier devant les amis du musée de  Grenoble nous présente Léon Battista Alberti auteur au XV° siècle de « De pictura » où il associe les quatre éléments à quatre couleurs : rouge le feu, bleu l’air, verte l’eau, beige cendré la terre.
Isaac Newton
peint par Godfrey Kneller a étudié arc-en ciel et bulles de savon pour classifier les couleurs du spectre solaire en nuançant le bleu pour arriver au chiffre de sept : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et rouge qui une fois mélangés donnent le blanc.
Einstein l'a validé :
 
« La lumière du soleil est blanche. Après avoir traversé un prisme, elle montre toutes les couleurs qui existent dans le monde visible. » 
William Blake donne à Newton des allures de géomètre divin dans un monotype retravaillé à la plume.
Jean Paul Marat, physicien, médecin, polémiste, avait des compétences en optique. 
Le sobre tableau de David, contribuera à sa notoriété posthume en idéalisant son martyr.
Goethe
remet en cause Newton dans un « traité des couleurs » qui lui a pris autant de temps de rédaction que Faust. 
Il pense que les couleurs nées de lumière et de l’obscurité se fondent dans le gris.
Le peintre
Philipp Otto Runge auteur du « Matin » influencé par l’auteur des « Souffrances du jeune Werther » propose aussi une « sphère des couleurs ».
D’ailleurs, les collections françaises ne recèlent que très peu de peintures germaniques : un tableau de Dürer et deux de Friedrich.
La rouge italique et la blonde s’attirent dans « Italia und Germania » d’Overbeck
Cette œuvre représente parfaitement le mouvement nazaréen, des artistes germaniques venus s’installer en phalanstère sur la terre des arts, pour un retour vers la pureté primitive dans la même veine que les préraphaélites anglais.
Le double triangle de Delacroix rejoint
« La loi du contraste simultané des couleurs » du chimiste Chevreul  
qui mettra ses compétences au service de la manufacture de Gobelins.
Si les impressionnistes cherchent  l’harmonie d’une façon empirique Seurat associe art et sciences. Le pointillisme n’est pas la bonne dénomination, il convient de parler de divisionnisme.
« Le Chahut » où la joie s’exprime au dessus de l’horizontale, juxtapose des couleurs, le spectateur par son recul fera l’addition.
Après la mort de Seurat, Signac reprend le flambeau. Les divisionnistes peignent ce qu'ils pensent, les impressionnistes, ce qu'ils voient,
partagés entre Degas et Cézanne contre Monet le dreyfusard.
Eux sont anarchistes comme Felix Fénéon théoricien du néo-impressionnisme dont le portrait ( étude) porte le titre : « 
Opus 217. Sur l'émail d'un fond rythmique de mesures et d'angles, de tons et de teintes, portrait de M. Félix Fénéon en 1890 » pour illustrer les thèses de Charles Henry « Introduction à une esthétique scientifique ».
Pour « La calanque » (Signac) la touche est peut-on dire, mosaïquée.
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 Le Blanc est une couleur de base, dès l’antiquité avec le rouge et le noir. 
Outre le fait de ne pas nécessiter de pigment, avec l’imprimerie le zéro des couleurs n’imprime pas, elle a une mine de papier.
Un lécythe, vase grec, stocke de l'huile parfumée destinée aux soins du corps 
peut servir de vase funéraire. « Hypnos et Thanatos ».
Le blanc signe le deuil en Afrique et en Asie et pour la veuve du roi. A partir de la guerre de 100 ans le drapeau blanc symbolise la paix. Les vêtements près du corps à la couleur stable se doivent d’être propres. Comme neige, l’innocent porte essentiellement des valeurs positives. Le dogme de l’Immaculée conception ne fut officialisé par l’église qu’en 1854.
A Séville depuis longtemps la Vierge, elle-même conçue sans la moindre faute, dans « 
l'Immaculée Conception » de Murillo, avait revêtu le manteau tissé de divine lumière.
«
 La reine Marie-Antoinette » par Vigée-Lebrun. L’enjeu social d’une peau aristocratique blafarde sous laquelle court un sang bleu a fluctué puisqu’était assurée la distinction avec les paysans burinés, mais la laiteuse se démoda à l’heure des privilèges balnéaires avant que les médecins rappellent à l’ordre les lézardes. A la naissance de toute chose, l’opaline nuance marque l’indécision, voire apporte un écho du monde des morts, habille fantômes et vampires.
« Le Cauchemar » Füssli.
Sous ses cheveux blancs, marques du grand âge, la laideur n’empêche pas la tendresse : « Le Portrait d'un vieillard et d'un jeune garçon »  Ghirlandaio.
Le Yang associé au ying représente le principe masculin, la chaleur, l'action… la mort et la renaissance.
Le « Carré blanc sur fond blanc », un
peu bleuté, se distingue subtilement  sur un fond légèrement plus chaud, ocre clair.  
« J’ai troué l’abat-jour bleu des limitations colorées, je suis sorti dans le blanc, voguez à ma suite, camarades aviateurs, dans l’abîme, j’ai établi les sémaphores du Suprématisme. » Malevitch
Les temples grecs désormais ivoirins et souvent les cathédrales étaient polychromes, comme « les chapiteaux de l’abbaye de Saint-Sever ».  

mercredi 25 mai 2022

Pétra et les nabatéens. Daniel Soulié.

A défaut de rejoindre les foules qui se pressaient à Pétra en Jordanie ces dernières années, nous avons suivi le conférencier, devant les amis du musée de Grenoble, pour nous renseigner sur la cité longtemps oubliée, ne cessant de se découvrir.
Les Nabatéens, à la suite des Edomites du royaume d’Edom ont fondé la ville au VIII° siècle avant notre ère, et l’ont développée sur la route des caravanes chargées d’encens et d’épices depuis l’Arabie au Sud, redistribuant ces produits en direction des ports méditerranéens au Nord.
L’influence du royaume nabatéen allait de la Mer Rouge à Damas, province romaine d'Arabie sous Trajan, son apogée se situant un siècle avant et un siècle après J.C., Pétra sera abandonnée au IV° siècle.
Bosra
, plutôt dans le monde syrien, en était la capitale administrative, son théâtre parfaitement conservé pouvait contenir 15 000 spectateurs.
Les Nabatéens utilisaient leur propre alphabet dont des traces se retrouvent dans des instructions et des dédicaces. Dérivé de celui des Phéniciens qui en possèdent un depuis le XVI° siècle avant notre ère, il est à l’origine de l’écriture arabe.Ils pratiquaient leur religion avec des divinités,
« La grande déesse », « l’Etincelante »… représentées sur des
bétyls en des sanctuaires rupestres isolés pour sacrifices et fumigations.
Atargatis
  déesse de la fécondité, avec sa petite bouche et ses yeux écarquillés, exposée à Amman, conjugue les influences ptolémaïques, hellénistiques, palmiréennes en un « baroque arabe ».
Dans les tombeaux, des banquettes pour des banquets, installées à côté des sarcophages laissent le souvenir d'un riche art funéraire 
Déguisé en bédouin, le Suisse Johann Ludwig Burckhardt redécouvre Pétra abandonnée depuis 1000 ans et
Léon Laborde
qui a rédigé « Voyage de l'Arabie Pétrée » ouvre la voie aux explorateurs.
Au bout du Sîq,  un canyon d’un 1,5 km de long et de1,50 m de large en certains endroits, apparait « Le trésor » taillé dans le grès rose,
le Khazneh,  haut de
30 mètres avec sa rotonde et ses frontons brisés
dans le style d’Alexandrie de 2000 ans d’âge.
Dans la ville, l’oued à sec,
le wadi Mousa, est emprunté par l’axe principal, le cardo pavé de basalte
délimité à chaque extrémité par un arc de triomphe.
Sur des terrasses étaient érigés des marchés, des jardins, espaces en cours de fouille, bâtiment résidentiels ou administratifs, et le long de la rue à colonnades, l’ancien palais royal reconstruit pour chaque souverain qui n’habitait pas la maison de son père.
Sur deux étages, la fontaine monumentale Nymphée est un véritable ensemble aquatique dans cette région semi-désertique.
Le temple des lions
est creusé dans la roche
alors que les constructions du Qasr al-Bint 
aménagées pour résister aux tremblements de terre ont malgré tout souffert.
Le théâtre servait aux cérémonies religieuses avant l’occupation romaine.
Les vents de sable ont davantage érodé la basilique à trois absides de l'époque byzantine dont subsistent des mosaïques.La conquête islamique avait moins dégats.
Les tombes monumentales empruntent à la tradition hellénistique avec les chapiteaux d’angle, le portail d’entrée à pilastres, aux égyptiens pour les corniches à gorge et à la Mésopotamie pour les façades à merlon (escalier). 
A 20 minutes du centre parmi 500 tombes, en ces « hauts lieux », 
se découvre le tombeau des jardins aux colonnes décoratives
et à 45 minutes Le Deir (le monastère) (gravure de  David Roberts) dont le premier niveau épouse les allures massives en cours dans d’autres monuments  ne se justifiant pas par les charges d’un niveau supérieur taillé dans la roche.
Des recherches se poursuivent et mettent à jour des céramiques dite coquille d’œuf, d’une grande finesse.
La civilisation nabatéenne s’est imposée et  effacée pacifiquement au fur et à mesure de ses déplacements. Aujourd’hui « la route de la soie » passant plus au nord de la « cité vermeille », du Côté de Palmyre, n’est  pas fréquentée seulement par les archéologues et les touristes.