dimanche 6 mars 2022

Huit heures ne font pas un jour. Fassbinder. Deliquet.

Ces trois heures de théâtre éminemment politique respectent le « sans misérabilisme » annoncé. Très réticent aux prêchi prêcha, je craignais de les voir scander cette pièce tirée d’une série télévisée allemande, alors que le respect de la classe ouvrière ici décrite est remarquable de justesse, d’humour, sans rien masquer de ses contradictions. 
Le titre est parfait, la mise en scène fluide dit bien l’imbrication de la vie professionnelle et de la vie familiale, les émancipations individuelles et les espoirs collectifs, les ivresses festives et les dilemmes sentimentaux. 
Énumérer les thèmes abordés pourrait donner une idée de catalogue mais tout se joue entre les acteurs dont certains incarnent puissamment une classe sociale avec une touche de poésie qui nous approche du conte. 
Que faire des vieux ? Et qui s’occupe des gosses ? Union libre ou mariage ? Comment infléchir le destin ? Les discussions portent aussi bien sur le logement, les compétences, la grille des salaires, naturellement, sans didactisme. Une petite fille  arrive sur la scène en jouant au ballon comme la joyeuse équipe se séparant à bout d’arguments. 
La violence à l’égard des femmes ou des étrangers n’a pas besoin de revêtir la phraséologie « woke », pour apparaître vigoureusement. 
Le mot « autogestion » avec toutes les occasions de débats qui s’en suivirent connote une époque aussi révolue que les pantalons à pattes d’éph’.

1 commentaire:

  1. Ça a l'air intéressant. Pour une fois je pourrais regretter de ne pas y être...
    Pour l'union libre ou le mariage, je suis perplexe maintenant que ça commence à être difficile de sentir la différence dans les têtes.
    A mon avis, la différence est toujours dans les têtes, mais refoulée.

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