J’avais noté le titre après avoir lu une critique
appétissante et le vendeur de la librairie complice avait ajouté que c’était un
livre exceptionnel.
Alors je suis entré dans l’univers de Sloper qui vide les
poubelles d’un immeuble de bureaux à New York avec le sentiment d’aborder un
livre original à propos des travailleurs invisibles. Mais je suis resté au
bord, plus enclin à vomir qu’à compatir tant les 105 pages se complaisent dans
la décomposition. La pourriture va au delà des repas non terminés par les employés constituant l'ordinaire du personnage principal, on ne peut plus seul dans sa cave. Parmi les rares vivants croisés, la plus présente est handicapée et ne s’exprime que par
un bip ou deux.
Je n’ai pas tout compris ou n’ai pas voulu tout comprendre, quand les cauchemars sont mêlés au réel comme
la mort à la vie incertaine, malade.
« Où j’en étais,
disait-il, j’avançais donc, sans pour autant quitter mon bureau. On pouvait me
voir approcher sur l’eau, ce grand déferlement noir qui provenait du nord et
consumait tout le ciel. Je veux dire qu’on aurait dit qu’en bouillonnant
l’atmosphère s’évaporait dans l’espace. Sous moi le lac était devenu pâle comme
le sang quitte un visage-couleur d’avocat laiteux. »
Si je peux
reconnaître la singularité de ce livre malade, trash, punk, je n’oserai le
recommander à quiconque. La préface nous avertit :
« Ordure est un
livre dont il faut faire l’expérience - pas un livre qu’on aime. Il faut le
traverser, le vivre, le subir même : ce n’est pas quelque chose pour
lequel on éprouve du plaisir. »
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