Nous retrouvons la voiture, circulons à
nouveau au beau milieu des vignes s’étendant à perte de vue. https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/02/kaysersberg-ribeauville.html
Puis nous quittons ce paysage travaillé par
la main de l’homme pour un environnement plus montagneux en direction du seul
camp de concentration sur le sol français : le NATZWEILER STRUTHOF implanté en 1941. Du site pourtant si dramatique, le panorama
est magnifique. Un bâtiment d’accueil moderne avec billetterie, tranche avec le
décor lugubre ressenti dès le portail d’entrée en rondins et barbelé. Nous arrivons juste à temps pour
bénéficier d’une visite accompagnée. Le guide passionné s’éparpille et perd du temps en présentation du groupe, s’attarde trop sur les
causes de la guerre. Mais pédagogue, il sait intégrer les jeunes visiteurs en
leur donnant à lire des témoignages à haute voix. Pris de cours par le temps,
nous nous esquiverons au bout de 2 heures et terminerons seuls le circuit.Les conditions de vie au camp visaient à
exterminer les mal aimés du régime nazi. Les prisonniers devaient travailler
dans une carrière de granit rose placée un peu plus haut dans la montagne soumise
à tous les vents. Quant au camp, sa construction était
volontairement conçue pour procurer le plus d’inconfort et de pénibilité
possibles : le terrain en pente orienté plein nord supportait des
baraquements en bois aujourd’hui disparus. Ne restent que la cuisine, l’ancien
bâtiment d’accueil des prisonniers servant pour les interrogatoires et les
tortures, le four crématoire, avec les salles des douches et les salles
équipées pour les expériences médicales, une prison comportant des cellules de 8 mètres carrés qui ont
reçu jusqu’à vingt détenus. Une table à bastonnade témoigne d’un des supplices
pratiqué couramment, pendant lequel les punis étaient sommés de compter les
coups administrés. Pour des peines plus lourdes la potence toujours dressée
maintenait la peur.Notre guide raconte de sinistres anecdotes
et habitudes du camp, en soulignant que les nazis s’arrangeaient toujours pour
ne pas endosser la responsabilité des morts, ils préféraient se décharger sur
les kapos. Les sévices contre les plus faibles ne manquaient pas de cruauté, en
commençant par les transports en camion proposés aux plus valides, les plus
fragiles devaient aller à pied. Autre exemple, les hommes chargés de porter 50 litres de soupe aux
autres devaient emprunter un chemin tellement mauvais, gênés parfois par des
coups bas des geôliers que la nourriture versait inévitablement, déclenchant la
colère des affamés. Le même chemin servait aux allemands pour les punitions,
les détenus devaient transporter des lourdes charges rocheuses monter et
descendre en vitesse, sous des coups de
bâtons et interdiction de s’écarter du chemin, sous peine d’être exécutés du
haut des miradors. Pour imposer encore
plus leur autorité, les nazis
divisaient pour mieux régner. La population carcérale provenait d’un grand
nombre de pays d’Europe: les nazis regroupèrent volontairement ceux qui étaient
ennemis, comme serbes et croates par exemple. Ils manifestaient une distinction
entre les captifs d’occidents et les
slaves, les plus détestés. Ils les montaient
les uns contre les autres, pour éviter toute rébellion et évasion, l’instinct
de survie les poussait à toutes les bassesses. Menaces, chantages, mensonges des
allemands venaient à bout de toute humanité : dénoncer son ami, son frère,
pour échapper à de nouvelles souffrances, les déportés étaient réduits à l’état
de bête.
Aujourd’hui le musée incendié en 1965 a été reconstitué.
Un Mémorial aux Héros et Martyrs de la
Déportation érigé dans les années 50, inauguré par le général de Gaulle, domine ce lieu de
souffrance en souvenir de tous les disparus anonymes: « Phare
de la Mémoire de 40 mètres
de haut et visible depuis la vallée de la Bruche et les hauteurs du Donon, il
représente une flamme et arbore la silhouette émaciée d'un déporté. »
Nous laissons cette page d’histoire
tragique, caché dans son environnement
bucolique. Nous roulons vers BINDERNHEIM
où nous avons rendez-vous avec Pélagie et Julien nos hôtes du AirB&B Nous découvrons une belle maison très
moderne, au milieu des fermes. Le revêtement au sol est en béton ciré. Les
pièces et la salle de bain, design avec miroir antibuée et horloge intégrée
numérique, s’éclairent automatiquement
ou à l’aide d’une télécommande. Pour eux, une pièce à vivre immense
réunit une cuisine américaine et un salon, une grande baie vitrée s’ouvre sur
l’extérieur. Pélagie,
pragmatique, a tout préparé pour ses hôtes. Ainsi, et sur ses conseils, nous
partons diner à Sundhouse au Courrier
chez Ginette d’une planchette de charcuteries arrosées d’une bière Pilser.
En voici un dossier où je ne sais plus quoi penser, par rapport à notre passion collective pour la visite.
RépondreSupprimerJe tiens quand même à dire que je ne crois pas à l'instinct de survie. Je suppose qu'il est normal et logique de croire à l'instinct de survie, mais étant quelqu'un qui me suis déjà laissé glisser dangereusement par le passé, je sais qu'on peut se laisser mourir. A tout âge, selon les conditions.
Pourquoi croyons-nous encore à l'instinct de survie, je me demande, devant toute l'évidence... du contraire ?
Je reviens sur ce sujet qui me semble très important.
RépondreSupprimerJe me souviens de l'époque où ma fille était au lycée, il y a une quinzaine d'années maintenant. Pendant trois ans, elle a reçu un enseignement sur les horreurs de la Deuxième Guerre Mondiale. Loin de moi de vouloir occulter ce passé mais... je me pose des questions. Je me demande si le fait d'insister exclusivement sur les horreurs de la guerre, au détriment des épisodes non pas de résistance officielle, mais de résistance occulte, quotidienne, de petits actes anecdotiques ? est vraiment une approche factuelle ET REALISTE. Montrer l'être humain sous ses angles les plus noirs, et NE PAS LE MONTRER ? à son meilleur, AU MOMENT OU IL SORT DU LOT, par exemple, me semble faire preuve de biais, un biais qui va dans le sens de croire que l'instinct de survie pousse les hommes à faire tout et n'importe quoi, et surtout le Mal.
Pendant cette période où ma fille a reçu cet enseignement, je me souviens de m'avoir fait la réflexion que l'Education Nationale voulait vacciner nos enfants contre le Mal. Oui, je pensais déjà le mot "vacciner" bien en amont de ce qui nous arrive maintenant...
Je trouvais à l'époque que le projet de vacciner contre le Mal était... insensé. Et maintenant, je continue à le penser, d'ailleurs.