Comme nous n’en sommes pas encore réduits à n’apprécier que des
produits (culturels) en circuit court, la compagnie venue d’Outre-Atlantique
avec une réputation flatteuse semblait attractive. D’autant plus que ça fait un
bail que nous n’avons pas vu de chaussons sur le plateau de la MC2. L’ambition affichée devait réunir tradition et modernité, mais ce propos
commence à dater entre rafraichissement, dépoussiérage qui finissent par évacuer
toute émotion.
J’ai eu l’impression, avec des postures impeccables des
belles danseuses, de voir projetées des lettres enluminées lors de la première
partie mais jamais réunies en mots. Les hommes en sont réduits à un rôle de
porteur sur une musique qui plaque ses notes dont toute mélodie est évitée. La
deuxième partie est aussi bien éclairée et cette fois les gestes isolés se
rejoignent mais bien tard quand le saxo apporte un peu de chaleur. De beaux
tableaux, des gestes inédits, des positions inusitées mais trop parcimonieuses
ponctuent un ensemble longtemps discordant dans un décor sobre mettant en
valeur des corps épanouis mais qui n’entrainent pas.
Sur "lesamis", il y a un écrit de Guy Debord que je recommande. Celui qui a écrit "la société du spectacle", ou quelque chose dans ce genre ; je ne me souviens pas du titre exact, sauf pour dire que c'est un livre culte.
RépondreSupprimerSes propos sont assez convaincants, séduisants, même, mais j'ai mes doutes, avec le temps.
Je n'ai pas vu le spectacle de MC2 que tu décris, là, mais je me demande si ce qui est à incriminer ne vient pas d'une trop grande conscience de soi, en anglais "self consciousness". Il ne s'agit pas d'être conscient de soi, mais plutôt de se regarder en train de faire. Il s'agit d'un état de conscience où on s'observe, où on est spectateur de soi-même en train de faire.
Un tel état de conscience est douloureux. Il va à l'encontre d'une impression de fraîcheur, de spontanéité qui sont désirables pour nous en tant qu'êtres vivants.
Un tel état de conscience tend à apparaître avec la vieillesse, fatalement, mais il n'est pas forcément synonyme. Après tout, quand on est marié à la même personne depuis plus de 40 ans, qu'on a fait l'amour tellement de fois qu'on ne peut plus les compter... comment fait-on pour que ça reste.. frais, et nous avec ?
Et si ça ne reste pas frais... c'est quoi, l'alternative, et qu'est-ce qu'on peut encore ATTENDRE DE LA VIE ?...
Des fois je me demande combien pèse ce regard là sur le.. spectacle du monde à l'heure actuelle ?
Mais moi aussi, je vois parfois une systématisation dans les effets recherchés dans les spectacles qui gâche mon plaisir, et m'envoie plutôt vers les vieux films, les vieux documents, où il me semble que ce regard (mais il vient d'où, en fin de compte ?...) est moins palpable, moins corrosif.