La trouvaille publicitaire du mot « génération »
adossé au label Mitterrand puis augmenté d’un point et d’un « s » a
été liquidée par Benoit Hamon spécialiste en déconfitures. Avec le « Z »
nous touchons à la fin de l’alphabet pour désigner le prochain ensemble de
personnes du même âge arrivant sur le marché.
A en juger par les occurrences du terme sur ce blog même
il faut croire que son usage est coutumier.
« Chaque
génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la
suivante. » George Orwell
La distinction par âge est devenue un marqueur aussi débile
et indélébile que la couleur de peau remise au goût du jour par les
« racialisés » aux antipodes des « potes » de SOS racisme.
Sur le devenir de la terre, la distinction se claironne - « OK boomer » - pourtant ce sont bien les chenus jadis chevelus qui avaient dénoncé « la société de consommation ».
Les restrictions qu’avaient connues nos parents pendant la
guerre nous faisaient sourire et nous prenions pour de la radinerie leur
prudence quand s’avançaient les trente glorieuses à la pétaradante croissance.
Les rutabagas et topinambours ont mis du temps à devenir
tendance.
Après des sixties rugissantes, nous étions plutôt fascinés
par les drugstores et les gadgets en plastique, même si verbalement nous
questionnions les modèles de développement.
Les propos prophétiques du Club de Rome (1972) se vérifient
chaque jour. Que de temps perdu, à devoir refaire sempiternellement,
candidement, les mêmes erreurs : l’urgence date de 50 ans.
Mais qui sera
décroissant ? Quand il fut question de taxer le gasoil, les verts sont-ils
venus contredire les jaunes gilets ? Non, ils leur dressent des cabanes : cool !
Coule le courage.
Entré dans une nuit ayant épuisé toutes les nuances de gris,
les chats ne se distinguent plus des chattes. Nous
ne savons plus non plus nos âges. Et je trouve pathétiques mes conscrits, une
fois leur jeunesse cramée, en train de se couvrir la tête de cendres et flattant volontiers
l’adolescent quand il fait péter les cours pour se la péter sur les boulevards.
Et de culpabiliser! Bien que la frugalité nous fut familière entre
ressemelages et raccommodages, pulls du grand frère et œufs pliés dans le
papier journal rangés dans une boite à sucre. Le procédé n’avait pas besoin
d’être validé par un master en recyclage. Il n’y avait pas « Black Friday »
chaque samedi.
Pourtant familiers des contradictions, me cisaillent ceux
qui ne veulent pas d’enfants afin de préserver la planète pour mieux peut être
la consommer en voyages.
Chez nous, les seuls, ou presque, à vouloir des enfants sont
ceux qui ne peuvent pas en avoir, alors que dans le monde entier il est plutôt
fait état de manifestations pour le droit d’avorter que pour réclamer des
places en crèche. Oui le problème est bien celui de la surpopulation mais
comment, depuis nos sociétés développées repues et vieillissantes, pouvons nous
conseiller aux plus pauvres de freiner ?
Il est cocasse de constater qu’au moment où le chômage
décroit, des journalistes en viennent à relativiser la valeur du travail. Ils
travaillent eux, reliés au monde par le télétravail tout en jouant dans le camp
« chacun pour sa gueule ». Le travail permet d’alimenter sa famille
et la société dont on ne peut attendre tout sans un minimum de retour. Les
commentateurs se font peur avec leur créature, leur confrère « Z », demandant
aux autres de se calmer et activant les feux, sans vision à moyen terme démontant un jour
sans vergogne et sans excuses une pauvre footeuse avant une prochaine proie le
lendemain.
Je milite pour la démocratie, mais aux abords des élections,
les promesses à la pelle surchargent la barque : revenu universel,
transports et électricité gratuits, diminution des horaires de travail et
retraite anticipée, doublement des salaires et diminution des taxes, plus de
nucléaire ni d’éolienne, tests COVID gratuits indéfiniment …
Sur le blog "Lesamisdebartleby" il y a un magnifique article de David Cayley sur notre condition actuelle que je recommande ici. J'adore David Cayley, alors que peu d'intellectuels m'enchantent à l'heure actuelle. Je trouve magistral cet article, qui essaie de comprendre la position d'Ivan Illich sur l'idolâtrie de la vie en tant que processus physiologique, au détriment de sa condition mouvante, et soumise au temps.
RépondreSupprimerPour la surpopulation, là encore, comme avec le cas Covid, il faut... relativiser pour voir ce dont on parle. La chute vertigineuse de la natalité dans bon nombre de pays occidentaux n'est pas à vanter comme une grande réussite, de mon point de vue. Nos lointain ancêtres se faisaient du mauvais sang quand la natalité chutait: ils savaient qu'une population générale faite de beaucoup de vieux, et de peu d'enfants... était mauvais signe. Ils le savaient, et c'est toujours vrai, d'ailleurs. C'est pourquoi ils se lamentaient... de peste... quand la natalité chutait...
Se pourrait-il que nous soyons moins modernes que ce que nous croyons ? Se pourrait-il que nous soyons toujours soumis à des forces qui nous déterminent, mais qui échappent à notre contrôle ? Mais que nous ne voulons même plus voir, à l'heure actuelle ?
Oui, j'ai la tonalité du vieux bougonnant dans Bretecher.
Mais j'ai toujours eu cette tonalité, plus ou moins. Maintenant que je suis vieille, c'est perçu comme normal... pour les vieux, mais même jeune, je pensais comme ça, du moins en partie...