Après le dad odieux de "Falling"
un père paumé parlant anglais sous les ordres d'un french réalisateur en est à la fin de son parcours.
«Boomer » invité à la fermer, je m’agite en tant
qu’ancien visiteur d’EHPAD et jadis indécent qui à la moindre
étourderie évoquait Alzheimer, je suis à présent impliqué par la question:
« est- ce que vous allez nous emmerder encore longtemps ?»
Le film
nous embrouille et nous concerne. Anthony Hopkins nous fait peur plus
intimement que dans l’exotique « Silence des agneaux », en ne
reconnaissant plus sa fille, ni sa maison. Le temps est embroussaillé, les
espace confondus, le domaine de la parole n’est pas encore atteint :
« je perds mes feuilles une à une » dit Anthony. Il se débat,
intelligent, drôle, lucide, pathétique, injuste, sifflotant après avoir été
pris par « Le génie du froid » de Purcell en introduction, quand on
comprend que nous allons être enfermés pendant une heure trente huit.
Le
montage ne joue pas au malin pour rendre complexe gratuitement un déroulement
fatal. Il nous met habilement dans la tête de celui qui est en train de la perdre, sobrement, efficacement.
Les prudences peuvent être violentes, les gentillesses humiliantes,
l’ « absurde » autrefois sujet de dissertation met son pyjama à
point d’heure. Dans notre monde vieillissant, cette immersion peut émouvoir ou
effrayer, elle est forte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire