Pris par le
temps, nous bâclons quelque peu la fin de l’exposition très complète pour ne pas manquer notre rendez-vous au comptoir de l’Office du
Tourisme.
Le musée est
construit sur l’ancien puits n° 5, rasé puis comblé avec les gravats de
démolition, et de ce fait, il est un peu plus élevé que la rue et le stade
proche. La végétation actuelle « sauvage » rassemble essentiellement des essences
méditerranéennes. En effet, les bois d’étayage en pin avaient des
écorces imprégnées de pollens qui se
sont implantés dans les sols de la mine alors qu’ils n’arrivaient pas à
s’adapter dans les jardins.
Il ne reste
des corons d’origine que quelques exemples tronqués. C’était une grande barre
horizontale cloisonnée en maisons identiques mais ses fondations reposaient sur
un terrain fragile et instable, au- dessus de galeries minières.Un autre style
d’habitat apparait alors dans la rue d’en face, composé de pavillons plus
vastes prolongés par un jardin à l’avant et un potager à l’arrière. Un agent
surveillait l’entretien côté rue qui devait jouer le rôle de vitrine. Au début
de la rue, près de la mine une maison bourgeoise, au loyer plus cher, était dévolue
à l’ingénieur. En face, l’autre maison cossue était réservée au médecin, située
au plus près de la mine en cas d’urgence. Des religieuses tenaient le
dispensaire mitoyen. Une école recevait tous les enfants divisée en
partie ménagère pour les filles et une partie plus scolaire pour les garçons.
Enfin une église de style campagnard complète ce quartier ouvrier ;
clocher hollandais, porte de grange, absence de décoration et de statue,
toiture percée d’ouvertures triangulaires la caractérisent et la rapprochent
plus d’un temple que d’une paroisse catholique. Le
paternalisme des patrons s’affirmait jusque dans l’absence d’estaminet près et dans
la mine, où il était interdit d’emporter de l’alcool, on favorisait plutôt la chicorée. L’unité de
tous les bâtiments est accentuée par l’usage de la briquette rouge.
Nous ne nous
éternisons pas à la fin, pressés encore par le temps et contents de nous éloigner
de deux dames très envahissantes, retardant le groupe par des commentaires sans
intérêt ou répétant ce qui venait d’être dit, « faisant leur prof ».
D’un coup de
voiture, nous rejoignons le centre-ville
pour notre 2ème visite guidée autour de l’art déco à Lens. Les 2 employés de l’Office du tourisme nous
offrent un verre d’eau fraiche bienvenu
avant de repartir sans autres touristes
avec Aloïs, le même accompagnateur que pour la mine. Quand Lens
est libéré par les Anglais, plus aucun
bâtiment ne tient debout, la destruction est totale. Cependant les gens
reviennent s’installer dans leur cave ou dans des abris en demi-lunes
recouverts de tôle. Le 1er édifice reconstruit est l’église, le
reste nécessitera beaucoup plus de temps. Dans les années 20, le choix des
maisons et des façades est proposé par des
catalogues. Nous
commençons notre circuit par l’immeuble occupé aujourd’hui par l’office du tourisme, lui même.
Cet ancien magasin de porcelaine
art déco« A la ville de Limoges » porte encore son nom au sol à
l’entrée et sur le fronton sous fond de
mosaïques colorées. A côté, une façade se distingue par des pignons à redents de caractère plus
nordique.
Beaucoup de maisons sont dotées de garde corps significatifs ainsi
que de bow-windows, d’ornements végétaux, de cannelures ou de tourelles,
éléments prisés à cette époque. L’architecture s’inspire parfois des grands magasins
en adoptant de baies vitrées juxtaposées favorables à l’entrée de la lumière.
Quant à la
gare, elle ne manque pas d’originalité : elle prend la forme d’une
locomotive dont l’horloge constituerait la cheminée. Divisée en cinq modules portés par un terrain troué
comme du gruyère, elle est équipée de vérins hydrauliques permettant de hausser l’une des parties en cas de
nécessité.
Les ferronneries et une frise de losanges, rouges, sont les seuls
éléments décoratifs concédés car les fondations engloutirent tout le budget.L’intérieur
possède un plafond voûté fait de pavés
de verre sertis dans du béton, apportant de la lumière. Des mosaïques
horizontales de style cubiste courent le
long des murs ; elles célèbrent d’une part
la mine et les mineurs coiffés de leurs barrettes (casques) allant et
revenant du travail. D’autre part, elles mettent en valeur l’ère industrielle,
les machines et les transports (bateaux,
camions,) qui ont un besoin impératif du
charbon. Nous
traversons la rue pour faire face à l’emplacement de l’Apollo. La façade art
déco de cette ancienne salle de cinéma et de spectacle réputée, trop vétuste, a
dû être abattue. Mais l’entrepreneur
chargé des travaux pour un hôtel
de luxe s’est engagé à restituer à
l’identique ce bien patrimonial. Aloïs n’a
pas compté son temps et son énergie devant pourtant un public réduit, avec une
prestation de qualité et une passion bien transmise.
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