J’ai tant aimé le chroniqueur du vendredi, et bien que je ne
sois plus guère fidèle au poste, je gardais le chanteur en haute estime
alors je mes suis précipité sur ce CD d’autant plus qu’il
s’agit de chants de marins susceptibles de me rappeler de bons moments de
classe de mer.
A cette occasion, j’aimais bien jouer sur les mythologies
bretonnes avec trésors engloutis, bateaux à voiles, forêts à druides et
embruns. Alors pourquoi je n’ai pas adhéré au récit, repris dans les mêmes
termes par les commentateurs, d’une découverte dans un vide-grenier d’un auteur
oublié : Yves Marie Le Guilvinec, dreyfusard, marié à une métisse, mort en
mer à trente ans en 1900, imbibé d’alcool ?
La veine parodique habillée en Kway, multipliant les
clichés, se parfume à l’air de notre temps, la chanson « La Cancalaise »
imitant « La Paimpolaise » de Botrel qui lui était antidreyfusard.
« Elle est
toujours ma Cancalaise
Celle que je croisais
le soir
A la pointe des Roches
noires
J’avais quinze ans
peut être seize »
L’hommage à la Bretagne sur des musiques poignantes de
nostalgie, n’est pas si évident avec en première chanson « A l’Espérance »,
du nom d’un bistrot où matelot rime avec poivrot.
Lavilliers participe au morceau « Tous
les marins sont des chanteurs »
« Pour espérer
un jour revoir
Toutes les filles de
La Rochelle »
« Le petit moussaillon » travaille sous
les ordres d’un capitaine pourri et d’une andouille de chef d’escadre, lui
est « mignon comme un chaton »,
heureusement le dernier couplet réserve une surprise.
Les valeurs des hommes de mer sont célébrées «
Quand un homme » tombe à la mer :
« Tu lui donnes
la main ».
Les ports sont les lieux des départs : « Adieu
Brest ».
Pourtant il n’est pas question d’aller à « La
pêche à la morue »
« Sans
avoir courtisé Lulu. »
La famille de « Fanche de Pontivy » a
connu bien des malheurs avec l’alcool jouant encore son rôle mais aussi la
météo incertaine comme il se doit :
« On
sait plus comment s’habiller ».
Et même dans « Le ventre de la baleine »
le solitaire qui n’avait
« Comme
maîtresse qu’une sirène au fond d’un verre » a « épousé une bouteille ».
Le duo « Mer et fils » est
délectable, entre Juliette grandiloquente :
« A terre tu
peux trouver du taff
Paraît qu’ils
embauchent chez Henaff »
et son fils séraphique :
« Maman
Moi j’aime les navires
Le vent
Qui souffle et qu’on
respire »
« La petite Edith » prend à contre-pied les images
des femmes de marins attendant sur la digue, elle prend son pied :
« Mais en
attendant allez viens
Elle est si courte la
vie »
Avant la locale chorale finale « Kenavo Brest »
le rappel qu’« Un
jour il n’y aura plus un poisson » « Plus rien que le sel » aurait pu être nuancé, car la situation des réserves halieutiques est en voie
d’être améliorée :
« En dix ans, la part des
poissons jugés « en bon état écologique » est passée de 18 % à
43 % et la proportion de poissons en situation de surpêche a fortement
diminué, passant de 33 % à 23 % sur une décennie. »
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