Je ne peux pas me piquer d’être un amateur de bandes
dessinées et persister à ne pas être allé plus loin que « By jove ! » du
professeur Mortimer, toujours avec sa
pipe après trois jours sans vivres dans le désert. Tous les personnages sont
imperturbables comme son ami officier Blake et indestructibles, de même que
leur ennemi le méchant Olrik.
Les morts s’amoncellent :
« - Pris au piège
comme des rats, mon cher, et cela si près du but !...
- Ah ! C'est trop bête... Mais avant, j'en descendrai bien quelques-uns.
J’ai lu au second
degré ce premier album qui a mon âge (70), sinon tant de stéréotypes
seraient insupportables, les situations périlleuses toujours résolues par un
nuage bienvenu ou des interventions miraculeuses seraient lassantes et
jusqu’aux dessins sur fond de coucher de soleil rayonnants décidément datés.
Le dictateur qui dirige l’« l'Empire jaune »
depuis le Thibet vient d’engager « la plus effroyable et la plus
criminelle des guerres » contre le reste du monde :
« Allô ! Allô !
Aux dernières nouvelles, nous apprenons que Rome, la ville éternelle, vient
d'être rayée de la carte du Monde !!! Vingt-cinq siècles de civilisation
anéantis en un instant ! La sauvagerie bestiale de cet acte odieux ne manquera
pas de dresser contre ces hordes barbares tous les défenseurs de la culture
occidentale !!! ... »
Des relations avec la situation mondiale actuelle pourraient
s’établir si le scénario n’était pas aussi manichéen. J’aime plus que de raison
les tournures écrites anciennes, mais les adjectifs sont surabondants et des
cartouches très explicatifs font double
emploi avec des dessins très rigides. Lorsque je regretterai parfois le côté
trop allusif des albums d’aujourd’hui je m’éviterai de penser : « c’était
mieux avant! ».
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