samedi 6 février 2021

Routiers. Jean-Claude Raspiengeas.

« L’univers des routiers, que l’on croit figé dans son folklore et dans ses traditions, fait l’objet d’une mutation considérable. »
 
Dès la dédicace s’annonce une économie de mots et une revalorisation de leurs sens 
« A mon père qui connaît la route et le chemin. » 
Une chronique heure par heure du travail essentiel d’hommes et de femmes, forçats du bitume,  alterne avec des rappels historiques, des prospectives, pointe les évolutions des organisations, des technologies, des comportements humains, avec une empathie sans pathos. 
« Un grand fabricant de phares trouve un slogan revigorant : 
« Cibié, c’est la nuit qu’il faut croire à la lumière ».
 Le responsable de la rubrique culture du journal «  La Croix » cite de nombreux ouvrages sans nous éblouir de ses phares : 
« Dans mon travail, je ne vois pas beaucoup de sourires et je ne dois pas en faire beaucoup, pas même à moi. Tant mieux. Personne n’a envie de lever les yeux et de voir un camionneur sourire. » James Anderson.
Il fouille un sujet qui concerne tant de professions : 
« Que s’est-il passé, entre des décennies de respect pour ce métier ingrat qui pourtant faisait rêver, et le mépris d’aujourd’hui ? Pourquoi le lien de confiance établi et conforté avec ces missionnaires de la route s’est-il brisé ? Et pourquoi ce métier n’attire-t-il plus ? » 
Le temps de Max Meynier et ses routiers sympas aux initiatives grandioses est passé, les préoccupations environnementales, les mutations numériques, logistiques amènent à penser à des véhicules sans personne.


1 commentaire:

  1. Que s'est-il passé ? Tu l'as évoqué en grande partie dans ta dernière colonne, avec la citation parlant de... déchristianisation du monde occidentale qui n'en finit pas de.. ROULER LES MECANIQUES EN SE CROYANT TRES FORT,dans son désir de non seulement jeter le bébé avec l'eau du bain, mais... la baignoire avec, tout en même temps, dans un caprice (QUI DURE, QUI DURE) d'être indépendant et autonome pour être LIBRE ! (en passant... un idéal grec assez inconséquent qui puise dans un désir monstrueux de contourner la condition humaine)
    Le refus de reconnaître la fragilité intrinsèque, constitutive de la condition humaine amène la conflagration sur nous. Oui, j'ai des allures d'apocalyptique. Nous avons cru que nous allions gagner la partie avec Dieu par la raison, et ça ne peut être que faux. Combien de générations en amont, combien d'exemples pour nous montrer notre méprise, qui serait tragique si nous n'étions pas si inconséquents, déjà.
    Pas de grandeur tragique pour des êtres aussi inconséquents que nous sommes (devenus) dans notre recherche... molle, maintenant, car en perte de vitesse, du confort, de la facilité, et d'un bonheur qui ne cesse de s'éloigner comme la ligne sur l'horizon.
    Pour le sourire des routiers, cela me fait.. pitié.
    Je vois pas mal de gente masculine colportant la conviction parfois confuse que pour être un homme il faut être une brute aux gros bras qui grogne. Brute de brutalité. Le pire, c'est que... comme D.H. Lawrence a si bien reconnu, leurs mères en portent une énorme responsabilité dans LEURS aspirations confuse pour leur progéniture mâle. Triste. Je me mets aussi dans le lot, ne crois pas que j'échappe à la norme...
    Les phrases du routier ci-dessus ressemble comme deux gouttes d'eau à un discours de stoïque romain avant le PROGRES CHRETIEN.
    Et nous ? On dirait que nous voulons faire revenir les flonflons de la Rome antique (sans le sang, bien entendu, parce que nous détournons les yeux du sang, et de la saleté. Combien de temps ça va durer encore, je me le demande ?).
    Rome était une grande civilisation, beaucoup plus grande dans le détail que les peplums que nous regardons nous la montrent, car nous sommes fascinés par les images, en bons idolâtres que nous sommes... redevenus.
    Mais je n'en veux pas de l'idéal stoïque, qui est triste.
    La dignité dans la tristesse. Tss tss. Quand on ne peut pas trouver sa dignité ailleurs. Un idéal pour vieux pisse-vinaigres qui doivent rationaliser leur malheur ?
    Quant à moi, je rêve d'une république où les hommes et les femmes sont égaux... dans la capacité de dire "bonjour" avec un sourire à TOUT LE MONDE, quelle que soit sa condition sociale.
    Déjà ce serait merveilleux, sans ressentir la douloureuse et vaine illusion qu'il faut partager la propriété de manière égale entre tous. Sans se matraquer de sa propre culpabilité de jouir de ce que l'autre... n'a pas, sans penser qu'il EN EST PRIVE, et sans se dire, en bonne âme, que pour adoucir sa conscience et faire taire sa culpabilité, on va FOURNIR son prochain. Comme si notre condition... n'était qu'à envier.
    Je ne vois pas cela du tout. Je ne crois pas que notre confort, notre "indépendance" qui n'en est pas est à envier.
    Mais il y a des forces inextinguibles dans cette civilisation qui pousse à l'évangélisme. La promotion de nos idées. On pourrait s'imaginer que ça vient que des missionnaires chrétiens, mais... que nenni. Cela fait l'impasse sur le fait que Rome était en train d'étendre sa civilisation bien avant les débuts même du culte chrétien...
    Et les Grecs ? Allons-y pour un petit tour d'impérialisme.. démocratique athénien. L'orgueil évangélique d'Athènes n'était pas mal non plus...

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