samedi 14 novembre 2020

Vrai/faux sociaux.

Si dans nos débats nous ne prenions en compte que le réel nous ne nous disputerions pas beaucoup et ce serait bien ennuyeux.
Je voulais réagir à propos du film « Hold up » qui « enflamme la toile », comme on dit pour se baigner dans l’épique. Sur cette affaire, je cueille de préférence les arguments du camp qu’il me plait d’appeler celui de la science, de la raison, contre billevesées et hurluberlus.
Mouton du « Monde » édition papier et des CheckNews de Libé, plutôt que de Raoult, il importe de savoir que la partie ne se règlera pas seulement entre fiction et vérité. 
J’essayerai de ne pas mettre dans le même sac ceux qui croient que la terre est plate, que Bill Gates a mis des puces dans les masques, avec ceux qui ont des doutes sur la philanthropie des labos pharmaceutiques, même si les procès d’intention deviennent lassants. 
Les thèses complotistes mises en ligne auprès de tous ceux qui confondent esprit critique et abolition de toute pensée complexe, font des dégâts jusqu’à l’intérieur de l’école. Celle-ci fut le lieu où le jugement se fondait sur des connaissances vérifiables, discutables et non sur le soupçon. Au fur et à mesure que le niveau scolaire s’affaiblit, les illuminés d’une vérité révélée depuis peu, s’élisent experts dans la minute et se copient /collent dans l’instant sur les vrai/faux sociaux. 
Quand l’expression « lâcher la bride » offusque quelques commentateurs, il est permis de juger que l’essentiel nous échappe. L’inquiétude sur notre sort de terrien monte mais notre intelligence du monde est au plus bas. Trump et ses épigones ont encore de beaux jours devant eux.
Les solitaires se multiplient et se tiennent à plusieurs sur les réchauds sociaux.
Pour avoir été méprisée, la religion revient sous des formes diverses, non dans les églises devenues des musées, mais comme expression du besoin de croire en quelque chose d’inconnu qui nous dépasse, alors que la finitude de notre monde s'éprouve chaque jour et qu’on a cru avoir lu tous les livres.
En ce moment les publicitaires n’ont guère voix au chapitre, pourtant ils continuent plus subrepticement à vendre du rêve indexé sur nos profils, ourdissant quelques  mythes consolateurs aux émoticônes sommaires.
Prof revenu de croyances en un monde meilleur est devenu Grincheux : je me suis montré désobligeant envers celles qui ont posté un cœur immense allumé par des « amoureux de la montagne » au dessus de Grenoble pour protester contre la règle du confinement : une heure, un kilomètre. Que n’avaient-ils dessiné une paire de poumons en hommage aux soignants ?
J’ai aimé bousculer ce qui était présenté comme un jeu mignon, savourant la contradiction, remettant en cause des unanimités faciles. 
Peut-on parler de débat quand les passions supplantent toute démonstration ? La règle d’or est de ne pas mépriser l'adversaire en le ménageant ni de le mésestimer surtout quand le faux a plus d’attraits que le vrai. Au tympan des cathédrales les scènes de l’enfer sont plus séduisantes que celles du paradis.
Un roman peut davantage renseigner qu’un documentaire et deux vers de Victor Hugo disent plus sur la retraite de Russie que des heures passés sur des documents statistiques. 
« Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l’aigle baissait la tête. »
 
Les pauvres bougres « collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre » sont morts pour des chimères. 
La méthode conspirationniste aime mettre en relation des faits éloignés ; m’aurait-elle gagné si je songe que nous sommes peut être redevables à ces soldats de notre confort présent, et de notre rang dans le monde, en amont des millions de poilus qui ont remis ça comme en 14 ?  

 

4 commentaires:

  1. Je n'ai pas encore vu ce documentaire...
    Au delà des thèses complotistes, et tout le tintouin, la question devient de plus en plus.. POURRAI-JE VOIR CE DOCUMENTAIRE ? Y AVOIR ACCES ?
    Ou... la "bienveillance" de tant de personnes qui ont besoin de se sentir... fortes, pour ne pas se sentir... faibles, va-t-elle.. sévir pour me "protéger" de moi-même... pour mon bien, ou le "bien" de la collectivité ?
    Je regarde autour de moi mes amis "de la gauche", avec leurs.. loyautés envers le mot "gauche", et leurs appartenances, mais à partir de quel moment décides-tu que tu vas être loyal AU MOT "GAUCHE", alors qu'il a complètement changé de sens ?...
    J'y reviendrai.

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  2. Quelques lumières sur le "complotisme" :
    Je vois que c'est un mot qui fait le tour de la planète.
    Mon expérience me dit qu'un mot qui fait plusieurs fois le tour de la planète par seconde est un mot... bombe.
    C'est un mot où nous aurons du mal à nous mettre d'accord. Un mot où nous aurons du mal à trouver UN SENS COMMUN, un sens.. EN COMMUN.
    Pour parler, nous pouvons nous convenir qu'il vaut mieux avoir au moins quelques bribes de sens "commun" pour échanger.
    Donc, le mot "complotiste" est un mot qui, maintenant, participe de ce que je vais appeler la démagogie. La démagogie, à l'heure actuelle, n'est pas forcément le fait de personnes volontairement démagogues, ou dans le désir de tromper/mystifier, etc. La démagogie arrive quand les mots deviennent.. SI COMMUNS ?? qu'ils perdent leur sens.. commun ? (Oui, il y a de quoi perdre le Nord, je suis d'accord.)
    Ils se mettent à voler comme des projectiles, dans tous les sens, ce qui n'est pas bon pour.. le sens, et surtout pas bon pour la raison...
    Je reviens au complotisme.
    Il me semble que nous sommes en droit ? en devoir ? de nous demander ce qu'il en est de la responsabilité des acteurs de ce drame que nous vivons.
    Peut-être pas pour nous assembler de manière hystérique pour pointer le doigt et faire des lynchages.. virtuels ? mais si des gens ont FAIT DES CHOSES, on aimerait bien savoir qui a fait quoi. C'est un désir humain, mais difficilement réalisable à l'heure actuelle OU NOUS SOMMES SI NOMBREUX... à faire et ne pas faire des choses.
    Pour ma part, je trouve que le simple fait que notre gouvernement encourage des mesures qui vont si totalement dans le sens de privilégier le numérique, et la dimension virtuelle de nos vies dans nos échanges, le fait que notre gouvernement DEPUIS SI LONGTEMPS PRIVILEGIE le Dieu.. numérique, m'inspire une méfiance extrême par rapport à sa gestion du Covid. Est-ce à dire que j'estime que mon gouvernement "complote" ?
    Non. Mais la logique de la gestion de cette épidémie m'interpelle au plus haut point. Et quand je lis des personnes sur le Web qui disent que notre gestion politique de cette épidémie est anti-scientifique, et bien, je suis prête à les croire. PARCE QUE NOS SOLUTIONS tombent sous le coup de tendances déjà bien présentes dans la société française.
    Cela ne m'étonne pas le moins du Monde que "Le Monde" ne dise pas cela. Mais je n'ai jamais trouvé que "Le Monde" était un parangon de la vertu... de la Raison non plus.

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  3. « Le Monde » n’est plus le quotidien de référence mais dans le flot des informations il reste un lieu qui pour moi assure dans la pluralité des avis exposés une expertise plus fiable que le chauffeur de taxi de ce film « Hold up » qui joue sur notre envie d’explications simples face à des problèmes compliqués. Cette notion de complotisme à base de sous-entendus, de soupçons, de parano : on va être censuré, on nous cache tout, est vraiment un poison dans le débat mais ce n’est pas nouveau cette cartomancie où sont rapprochés des faits lointains les uns des autres, où des explications toujours mal intentionnées redessinent les causes … en listant quelques caractéristiques je vois des points communs avec ce qui fonde aussi le succès des religions mais cela demanderait plus de temps et de place pour développer. Même si les martyrs chrétiens de catacombes avaient plus de mérites que ceux qui s’estiment malmenés sur les réseaux asociaux par ceux qu’ils attaquent sans cesse.

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  4. Mais le problème reste que, soit par mon propre manque de compétence en informatique, soit par la volonté de nos dirigeants, je n'accède pas au documentaire que je voudrais regarder POUR ME FAIRE MA PROPRE OPINION.
    J'en ai marre d'être infantilisée par des personnes qui détiennent du pouvoir que ce soit du côté des médias, ou nos gouvernants.
    Voilà le problème de ce qui arrive quand "lesexperts" prennent le pouvoir, de mon point de vue.
    Tu peux faire la différence entre "on nous cache tout" et "des choses ont été dissimulées".
    Travaux pratiques : tu regardes dans un texte le nombre de fois où tu trouves le mot... "on", "tout", "rien" pour commencer ta pensée critique.
    Je crois... que la paranoïa, et non pas la parano, est un symptôme de la banqueroute de... foi dans nos sociétés. Quand je dis "foi", j'entends la possibilité des uns et des autres de croire EN la parole, l'autorité de celui qui profère une parole, sans crier à la manipulation. Vu sous cet angle, la paranoïa et la démocratie vont main dans la main, parce que plus ta société se veut démocratique, plus elle détruit l'autorité de ceux qui parlent au profit de l'autorité de celui qui écoute... (et je ne dis pas que c'est un bien, ça, pas du tout, même. Mon désir de me faire ma propre opinion est un désir.. démocratique, en quelque sorte, qui s'appuie sur ma foi de pouvoir former une opinion intelligente et critique de ce qu'on me soumet.)
    La paranoïa entre dans la constellation de la mélancolie, qui est caractérisée par une sournoise et incandescente haine de l'Homme, et de soi-même. Haine qui n'est pas toujours évidente pour les interlocuteurs, (surtout quand c'est la sienne ?)mais qui est là.
    Mannoni parle de la structure de la croyance, et de la foi, en disant à quel point la société va mal quand on renvoie toute forme de foi ? (qui s'appuie sur l'autre, donc, qui ne peut avoir lieu dans une société constamment en train de renvoyer l'individu à son autonomie, son indépendance, grands mensonges de la modernité, tout de même...) à une affaire de dupes (et de manipulation, j'ajouterais).
    J'ai dit ci dessus que je ne vois pas de complot de nos dirigeants, mais je crois que Monsieur Macron et son équipe sont responsables d'avoir mis en place des confinements qui sont en passe de détruire bien des vies à un coût peut-être supérieur à celui s'il n'avait pas intervenu de cette manière. Monsieur Macron a fait (très conservateur...) d'écouter tel ou tel expert dans le monde scientifique, et IL EN EST RESPONSABLE. Je persiste à penser que quand on me montre des graphiques où je vois des phénomènes grippaux saisonniers sur un siècle, et que je vois le comportement du Corona Virus à côté, je vois une parenté entre le comportement de ce virus, et des grippes des années précédentes. Par contre... ce qui a manifestement changé, c'est NOTRE TOLERANCE de la mort. Car plus le temps passe, plus nous briguons individuellement l'immortalité, et considérons que la mort : notre mort, la mort des autres, est une injustice QUI POURRAIT ET DEVRAIT ETRE EVITEE. Dans ce contexte, toute mort devient... suspecte. Personnellement, cela m'attriste au plus haut point. Je trouve que ce comportement est le signe d'une très grande folie.. collective.
    Et puis... l'être humain n'étant pas rationnel d'essence, il est entièrement capable de tuer un homme ou une femme pour le sauver. Ceci, je l'ai vu de mes yeux, dans le traitement (de cheval...) de certains cancers à l'heure actuelle où les malades meurent non pas du cancer, mais des traitements de leur cancer. Seraient-ils morts de toute façon de leur cancer sans ses traitements ? Impossible à dire. Mais la mentalité préventive de 0 risque fait des ravages sur le vivant.

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