Joli titre, qu’éclaire une conclusion émouvante, après que
l’humour ait parcouru pendant une heure et quart un récit souriant et grave,
loin du carré de fraises ou de navets*
qui est devenu l’horizon de tant de nos contemporains.
Venant d’Algérie, la famille Djilali arrive dans le Sud de
la France « rue des âmes du purgatoire » puis se fixe dans une HLM
près d’un cimetière en Alsace, contrée que la mère trouve exotique avec une
langue qui ressemblerait pour elle au berbère.
Le one man show a de nouveau touillé mes potions
nostalgiques quand pourtant la vie est rude au cœur du conflit entre la France
et l’Algérie, à aucun moment ne sourd de plainte misérabiliste.
Le chocs des cultures, la découverte des distances de
classes sociales sont universels comme le travail qui tient le père debout ou
la pudeur des parents qui n’affichaient aucun signe d’amour mais ne pouvaient
se passer l’un de l’autre ; ils ont eu 12 enfants.
Ce spectacle bien mené avec des trouvailles de mise en scène
simples et efficaces où sa complice Clotide Aubrier joue la souffleuse, avait
bien commencé avec des remerciements à son institutrice qui dans le contexte
convoque pour moi Camus voire Pagnol, comme on peut aussi penser à Begag pour
la tendresse ou à Fellag pour la vitalité
Mais c’est du Djillali, personnel, sensible, sans
effronterie, un beau cadeau à son père à qui il donne la lumière et les mots et
au public qui ne boude pas son plaisir.
*Champ de navets : Cimetière d’Ivry, où étaient
enterrés les condamnés à mort, voir Brassens et Gaston Couté (champ de
naviaux)
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