Comme pour beaucoup d’artistes, son véritable nom Agnolo di Francesco di Luca a été transformé
en del Sarto, « le tailleur », la profession de son père.
A travers quatre œuvres religieuses et une plus politique, le
conférencier devant les amis du musée de Grenoble s’est employé à vanter les
qualités de celui qui s’est imposé « comme
le chef de file de la peinture à Florence en créant un style où la grâce et
l’harmonie se confondent avec la grandeur et le drame ». Œuvres destinées à instruire, émouvoir,
marquées par une foi nourrie par une connaissance approfondie des textes et des
symboles.
« L’annonciation » comporte plusieurs temporalités: en arrière,
la figure nue représente Adam ou le Christ,
interprété comme le nouvel Adam, sur fond de ruines romaines, sous le regard
des prophètes de l’ancien testament. Et pour ne pas perdre une occasion de
préciser son vocabulaire : pour Jésus on ne parle pas de sa « conception »
mais de son « incarnation ». La rose sans épine qualifie la Vierge.
« Dispute de
la Trinité » ou plutôt devrait-on dire « exposé de Saint
Augustin », le grand théologien appuyé contre une colonne soulignant
son rôle éminent, devant Saint
Laurent, Saint Pierre martyr et Saint François. Le groupe rassemble des
personnes qui ont vécu à des époques différentes, ils surplombent Marie
Madeleine, proche des fidèles, la pécheresse qui peut ainsi intercéder auprès
des pères de l’église. Saint Sébastien survivant à une première volée de flèches
est là aussi pour être invoqué contre la
peste. Mais aucun ne regarde les protagonistes au cœur de la question de la
Trinité, le père, le fils et le nuage, le Saint Esprit ; c’est que l’œil
physique est différent de l’œil spirituel. Les contraintes, les symboliques ne
sont pas seulement religieuses, un des fils du commanditaire s’appelait Laurent,
d’où la présence de ce Saint. Les œuvres sont aussi des productions sociales.
« La madone aux harpies » se tient sur un piédestal,
comme une statue bien vivante au dessus de deux anges apeurés. Au moment où
Luther remet en cause bien des dogmes, cette représentation plaide pour
l’utilité des images, bien que le deuxième commandement stipule : « Tu ne te feras pas de sculpture
sacrée ni de représentation »
Encadrée par Saint François et Saint Jean
l'Évangéliste, tenant un livre ouvert, Marie est-elle au dessus d’un puits
d’ombre, en rempart contre le mal ?
La dénomination « harpies » pour les figurines
sculptées viendrait de Vasari, « le mécène de la renommée », un des
pères de l’histoire de l’art, il s’agit plutôt de locustes, sauterelles au
corps de femme.
Si « La charité », protégeant
les enfants, pour laquelle son épouse Lucrezia a servi de modèle, figure au
Louvre, c’est que le Florentin l’a réalisée pendant son séjour à Fontainebleau
à l’invitation de François 1°. Il reprend la composition pyramidale et des
couleurs vues ailleurs mais les traite de façon cohérente et sensible. La
grenade qui symbolise les fidèles unis dans la même foi, peut aussi représenter
le corps du Christ et également l’abondance.
Après l’épisode Savonarole, les Médicis sont de retour et
commandent une fresque, le « Tribut à César » qui
vise à afficher leur légitimité sous un patronage prestigieux. La scène est
animée, l’atmosphère est fastueuse, devant une architecture puissante, la
girafe venant d’Egypte est bien petite tout au fond. Dans un coin la justice ne
laisse pas paraître son visage et Dante se montre bien méditatif.
« Le peintre sans erreurs » est mort de la peste à 45 ans.
Au hasard du web j’ai trouvé ce « Portrait d’un jeune homme »,
superbe.
Il avait d’ailleurs servi pour un hommage qui lui
avait été rendu par Serge Déry.
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