dimanche 2 décembre 2018

L’école des femmes. Molière, Compagnie Alain Bertrand.

J’ai récidivé avec cette pièce dont la dernière en date habillait Daniel Auteuil en vieux barbon, pour vérifier s’il y avait quelque « # metoo » prémonitoire dans cette pièce de 1662 http://blog-de-guy.blogspot.com/2009/01/lcole-des-femmes.html  
Mais bien que les excellents acteurs fussent à leur place et la mise en scène enjouée, je n’ai pas trouvé un grand intérêt à cette version avec des personnages manquant de complexité, où les enjeux m’ont semblé loin de la condition des femmes d’aujourd’hui.
« La femme est le potage de l’homme ».
Les mariages arrangés existent encore avec des hommes qui asservissent les femmes, sous grilles et voiles, mais  la langue, cette fois, m’a paru contribuer à rendre artificielles les situations et caricaturales les relations mises en scène.
« Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe se trouve la toute-puissance ».
Arnolphe avec cravache est ridicule, Agnès ingénue, Horace amoureux.
« Le petit chat est mort »
Pourtant, plus je vais, plus j’apprécie les classiques en général et une langue au service de dispositifs clairs aux sentiments délicatement traités.
Par ailleurs je regrette que l’école ne soit plus en mesure d’y amener la masse des élèves qui ne sauraient tous apprécier un de nos phares : Molière.
Ma déception est d’autant plus assurée que depuis si longtemps je n’avais pas entendu résonner les trois coups au théâtre dont le dernier arrive sur un pied. Je me suis dit d'entrée : « on va rire simplement »… las. Les bastonnades nocturnes, les confidences instantanées délivrées bien entendu à celui à qui il ne faudrait surtout pas les dire, les dénouements qui font paraître sophistiqués ceux de l’industrie cinématographique hollywoodienne, me font préférer, décidément, le Bourgeois Gentilhomme, Tartuffe et autre Misanthrope…
La salle de la Vence scène à Saint Egrève était complète et le public ravi.

1 commentaire:

  1. Il y a deux ans et quelques, j'ai récupéré un "Kama Sutra", même deux, de mon beau père.
    Je me suis penchée sur les pages d'introduction, que je recommande à toute personne... éclairée, homme ou femme.
    Avant de faire son shopping dans les dessins des 380 positions, il vaut mieux lire les pages d'introduction pour avoir la viande et les pommes de terre de cet ouvrage qui n'est pas conçu pour être un manuel, ou une méthode, mais un livre spirituel. Il vaut mieux savoir, d'ailleurs que le "Kama Sutra" fut écrit par un aristocrate, qu'il s'adresse à de VRAIS aristocrates, c'est à dire, des personnes qui disposent du TEMPS nécessaire pour bien pratiquer l'art de l'amour.
    C'est là où on comprend les enjeux qui braquent ? l'Occident contre l'Orient (dans le vieux temps, du moins) sur la place de la femme... par rapport à l'homme, et vice versa, et le sacrement du mariage. ("Sacrement", dans le style, ce qui est sacré.)
    C'est là où on voit qu'un mariage arrangé où la génération des parents cherche de manière éclairée, judicieusement, en tenant compte des désirs de la génération des enfants, un époux/une épouse pour une relation qui est destinée à être un compagnonnage, un lien durable pour produire des enfants, allier des familles, des fortunes, et des terres, souvent, heurte de plein fouet une vision où le couplé doit s'appuyer sur... une passion ? du désir ? en tout cas, des émois les plus volatiles, les plus éphémères et fugaces, afin de... durer dans la durée.
    (Mais... y a-t-il un souhait à l'heure actuelle que le couple puisse durer... dans la durée ? Vraiment ?)
    Il y a quelque.. MAUVAISE FOI à imaginer qu'un mariage arrangé (par les parents...) DOIT constituer un simple abus d'autorité.. paternelle. (On peut s'interroger sur la manière obsessionnelle dont Molière revient sur le sujet de l'abus de l'autorité paternelle...cette obsession prépare déjà la Révolution Française.)
    Il me semble que cette tendance à décréter que la "vraie" liberté de l'individu est synonyme avec sa possibilité de "choisir" personnellement ses engagements (qui en sont de moins en moins, d'ailleurs..) est... discutable.
    Et je crois que la définition (de la liberté) pour laquelle bon nombre d'entre nous... évangélise en ce moment est une vraie évangélisation, basée sur NOTRE intolérance à ce que nous percevons comme étranger à nos idéaux, et valeurs.
    Le "Kama Sutra", lu avec discernement, permet aussi de goûter à une vision masculine ? de la femme qui est tout sauf dégradante, et fait de... l'EPOUSE une femme à traiter avec respect. Pour celle qui n'est pas épouse... les choses sont différentes. Le monde humain est fait d'une multitude de statuts, et de positions différentes, qui, par définition ne sont pas les mêmes et...pas égales. C'est ainsi.
    Que nous ayons perdu la capacité de percevoir des nuances dans le traitement de la femme m'attriste au plus haut point.
    Que nos discours, pour beaucoup, sur la place publique soient si stridents, si... brutaux, m'attriste également.

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