Le conférencier nous invite à examiner surtout les œuvres, interpréter
les formes créées par le personnage clivant, si loin de l’idée traditionnelle
de l’artiste souvent valorisé en France à proportion de sa misère.
Koons souvent insaisissable, assume : « mon œuvre et ma biographie sont
indissociables ».
Il est né à York, à côté d’une brocante spécialisée dans les
souvenirs des premiers pèlerins du Mayflower qui débarquèrent en 1620; persécutés
en Europe, ils pensaient trouver en Amérique l’Eden, tel que le peignit Thomas
Cole « The Garden of Eden ».
Ses fleurs pleines d’air, « Inflatable flowers »,
objets de la culture populaire reflètent des images précaires, mouvantes.
Et ses aspirateurs aspirent, respirent. « New
Hoover Deluxe Shampoo Polishers »
L’admirateur de Dali, est influencé par les
« ready made » de Duchamp.
« One Ball Total Equilibrium Tank » a été exposé à Francfort parmi quelques
crucifixions qui ont constellé la culture européenne. Le ballon est un défi à
la gravité sous toutes ses formes.
Si les copies romaines des statues grecques étaient
taillées dans la pierre, les pièces originales étaient souvent coulées en
bronze comme « L’Éphèbe
dit de Sarrebruck ».
« Ces
Grecs comme ils savaient vivre. Cela demande la résolution de rester bravement
à la surface, de s’en tenir à la draperie, à l’épiderme, d’adorer l’apparence
et de croire à la forme, aux sons, aux mots, à tout l’Olympe de l’apparence.
Les Grecs étaient superficiels par profondeur. » Nietzsche
La
finesse de baudruche de « Rabbit », certes
représentative d‘une mythologie américaine, rappelle-t-elle la pellicule des
statues millénaires?
Sa
légèreté faisait écho à la théâtralité des lieux du pouvoir à Versailles où
furent exposées pour la première fois des « propositions »
contemporaines.
Comme avec Disney :
« surgit l’image libératrice d’une
existence qui en toute circonstance se suffit à elle-même de la façon la plus
simple et en même temps la plus confortable, une existence dans laquelle une
automobile ne pèse pas plus lourd qu’un chapeau de paille, et où le fruit sur
l’arbre s’arrondit aussi vite que la nacelle d’un ballon. » Walter Benjamin
« Michael Jackson et
Bubbles » en porcelaine est kitsch,cependant l’humanité est elle réconciliée avec l’animalité ? « St. John the Baptist »
Les enfants sont innocents : « Naked »
« Jeff and Ilona (Made in Heaven) »
tels Adam et Eve dans le couple qu’il a formé avec la Cicciolina, célèbre le
plaisir. Mais les mariés vont devoir quitter le paradis. Leur divorce entraine
une dépression chez ce père qui n’aura pas la garde de leur fils.
La légèreté disparaitra des productions. « The
cake » semble bien indigeste.
Six exemplaires en acier de « Ballon
dog », ont nécessité six ans de travail, « un cheval de
Troie » a-t-il déclaré, que cache-t-il ? Le souffle s’en est allé.
« Play doh » la pâte à
modeler évoque le stade caca boudin.
Kundera dans « L’insoutenable
légèreté de l’être » a beaucoup écrit sur le kitsch :
« Le kitsch, par
essence, est la négation absolue de la merde ; au sens littéral comme au
sens figuré : le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que
l'existence humaine a d'essentiellement inacceptable. »
« C’est une esthétique qui est soutenue
par une vision du monde, c’est presque une philosophie. C’est la beauté en
dehors de la connaissance, c’est la volonté d’embellir les choses et de plaire,
c’est le conformisme total. »
« Dogpool » est lesté par
des bûches et pris par des chaînes.
« Liberty Bell » la cloche qui
sonna l’indépendance, l’émancipation, est fêlée.
Reste du souffle initial quelques sphères
de Murano pour accompagner des œuvres antiques « Gazing
Ball (Ariadne) », une de ces boules brillantes comme celles
des jardins de Pennsylvanie est posée sur la statue qui symbolise la mélancolie
chez De
Chirico « La mélancolie d'une belle journée ».
« Le sourire
positiviste est-il devenu le rictus de Gwynplaine ? » Ainsi qu’il
était écrit dans la brochure des amis du musée ouvrant sa saison par cette
conférence. Je suis allé chercher qui était ce Gwynplaine : c’est le
personnage monstrueux du roman de Victor Hugo, « L’homme qui rit ».
Pour un peu, tu raconterais dans le parcours de cet artiste la montée et la chute.. des U.S.
RépondreSupprimerPour rectification et réflexion : on peut se demander si les premiers pèlerins (je descends de l'un des passagers du Mayflower, en l'occurrence...) recherchaient tant à retrouver le jardin d'Eden que de BATIR LE NOUVEAU JERUSALEM.
La nuance est de taille. Elle est même fondamentale, et on peut la voir dans tout le défilé des images que tu déroules.
Pauvre Amérique... condamnée à chercher à copier ? reproduire ? la (feu..) grandeur de l'héritage européen.
Et maintenant tu peux comprendre pourquoi je désespère de voir tant de SOI DISANTS ARTISTES ET BONIMENTEURS EN TOUS GENRES copier "l'art" et la "modernité" d'un pays d'où le souffle... s'en est allée d'une manière si évidente.
Un pays qui est devenu.... la caricature de lui-même.
"How have the mighty fallen"...