Ce soir, sous l’intitulé : « L’eau et les rêves »,
nous sommes allés vers les ombres et les lumières que nous révèle un peintre,
attachant et singulier qui est allé bien au-delà des berges de la Seine.
« Bord de Marne, paysage à La Varenne-Saint-Hilaire » C’est le matin tôt, à l’heure des pêcheurs. Efficacité, calme, plaisir : les
éléments sont posés avec des référents
de dimension qui donnent l’illusion de la profondeur, les touches sont
sensibles, la composition rigoureuse.
Lors de « L’inondation à
Paris » en 1910, dans la ville noire de
suie, la boue se transforme en une coulée d’or.
« Le lac Léman vu de Montreux » est ouvert vers le rêve, et simple comme l’homme qui ne fournit pas
aux journalistes de biographie scandaleuse.
Depuis une enfance girondine passée au ras
des bateaux, il cultive une passion des voyages. Il a corrigé sur le tard une
mauvaise vue qui n’avait pas arrangé sa nature timide. Sa mère a quitté Bordeaux pour ouvrir une mercerie à Paris et offrir des études de dessins à son
fils handicapé par un pied bot. « Madame Marquet et son
chat »Elève de Gustave Moreau, il est resté fidèle à ses premiers amis : Manguin, Matisse, Camoin, dont le « Portrait d'Albert Marquet » est très cézannien.
« Le nu fauve »
fougueux et sauvage, sur fond fourmillant, évoque le pointilliste Signac
et pour les couleurs, les nabis, Vuillard, Valotton, tout aussi taiseux que lui.
Au Grand palais en 1905, parmi plus de 1500 œuvres, sont
regroupés dans la salle 7 les tableaux qui ont amené Loubet le président de la
République à refuser d'inaugurer le Salon car il est prévenu de la présence
d'œuvres « inacceptables » : le douanier Rousseau, Matisse, Manguin, Derain, Vlaminck, Marquet, Camoin. Au centre de la salle, un
petit buste en marbre d'Albert Marque, parmi tant de couleurs pures,
fait écrire au critique d’art Vauxcelles
: c’est « Donatello chez les fauves ».
Le mot sera repris.
Le mot sera repris.
Marquet oscille entre ses amitiés rugissantes et un rendu
proche du réalisme.
Alors que « Les
roches rouges à Agay » appellent des tons puissants,
« Le
port de Saint Tropez » à la
composition rythmée, ne dénature pas le sujet.
A la fois moderne et classique, il se tient à distance de ses
confrères plus radicaux, plus expressionnistes.
Ses paysages urbains souvent en
plongée, toujours avec de l’eau, privilégient les gris, les bleutés, les
brumes, « Quai Saint-Michel avec fumée ».
A partir de 1907, il va vendre régulièrement ses tableaux
dont les formats conviennent au chevalet et à tous les appartements, jusqu’à
Moscou, Berlin puis aux Etats-Unis. Il a vécu correctement de son travail. Sa
mère qui lui avait consacré tout son temps et son énergie meurt en 1908.
Il entreprend des voyages « Naples et le Vésuve le
matin ».
Yvonne, un de ses modèles, devient sa compagne. « Les
bas rouges ».
Visible au musée de Grenoble, le « Pont Saint Michel » :
de petits points rouges y équilibrent les verts.
Il est retourné régulièrement en Afrique du Nord. « La
citadelle de Tanger »
mais dit à Matisse : « Je ne serai jamais un
orientaliste ».
« La terrasse à l’Estaque »
« Mon opinion sur
la peinture, c'est ma peinture »
Il revient vers Arcachon, un des lieux de son enfance, « Le
Pyla ».
Le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux compte un grand nombre de ses toiles.
En 1923, il épouse Marcelle Martinet qu’il avait rencontrée
en Algérie, elle a organisé la suite de sa carrière. « Le port d’Alger ».
Il s’y réfugie en 1940, refusant d’exposer à Paris, lorsqu’on lui a demandé un certificat de « non-appartenance à la
race juive », il dédaigne tous les honneurs à la Libération et adhère au
parti communiste en 1945.
« Contre-jour »
Lui qui louait de préférence ses appartements au deuxième
étage avec vue, achète une maison à la Frette au bord de la Seine. « Printemps
sur La Seine à la Frette »
« Le store rayé » célèbre la lumière et sa passion de
peindre.
« Le Pont Neuf à Paris, la nuit » ajoute l’eau du
ciel à celle qui est toujours présente dans ses ports, ses quais, fluide sous
les lumières changeantes.
« Sète, le canal de Beaucaire » ouvre l’espace. L’ombre
de la nuit reste aux persiennes, alors que la lumière se lève de l’autre côté
d’une composition où la dualité saute aux yeux.
« Son art est
d’une remarquable continuité. Il abandonne rapidement les audaces timides de sa
période fauve, pour n’en conserver qu’un goût pour une certaine simplification
des formes.
Par son sens de la mesure qui s’exprime tant dans ses compositions que la délicatesse de l’atmosphère de ses œuvres, il s’inscrit dans la lignée des grands paysagistes français. »
Jean Cassou.
Par son sens de la mesure qui s’exprime tant dans ses compositions que la délicatesse de l’atmosphère de ses œuvres, il s’inscrit dans la lignée des grands paysagistes français. »
Jean Cassou.
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