Entre 1945 et 1970, la photographie s’est distinguée de la
peinture. La conférencière devant les amis du musée de Grenoble a souligné
l’apport de l’industrie faisant naître un art qui a transformé notre vision, en
l’illustrant par cette image souriante d’un Petit Parisien et sa
baguette de pain, « so frenchie », de Willy Ronis.
Pendant ce temps, à la sortie de la guerre, Fautrier, exposé en ce moment à Paris,
faisait part de ses traumatismes : Tête d'otage.
L’intérêt pour les êtres humains datait des origines de la
photographie où il fallait des temps de pose de 6 minutes, alors pour saisir en
1851, Les Ramoneurs en marche, une mise en scène a été nécessaire.
Loin de considérations picturales, Janine Niépce, parente éloignée de
l’inventeur de la chambre noire, saisit la connivence d’un grand père et de son
petit fils à La lecture de Tintin, le personnage universellement connu, sauf
des anglais, était né en 1928.
Brassaï, le premier pour la photographie
nocturne, joue avec les miroirs et les pavés mouillés, il installe aussi une
image d’un Paris des amoureux. Groupe joyeux au bal musette des
Quatre-Saisons.
Kertész, venu lui aussi d’Europe de l’Est, exprime
une poésie urbaine par ses cadrages audacieux, Les Tuileries.
Depuis l’invention de l’appareil photo et sa présente
omniprésence, nous avons constitué des images mentales inédites, ainsi qui
avait saisi auparavant le saut de cet homme au dessus d’une flaque Derrière
la gare Saint-Lazare ? Cartier-Bresson, l’homme de « l’instant
décisif » préparé patiemment, cultivait un goût du hasard très
surréaliste. Eli, danseuse javanaise qui deviendra sa femme, l’incita à
explorer le monde.
Capa était allé au plus près: la Mort
d'un soldat républicain deviendra une emblématique photo de guerre.
David Seymour dit « Chim », a porté son attention vers
les
enfants de la guerre.
Le grand angle de 50 mm du Leica de Cartier Bresson
s’utilisait avec un viseur, Doisneau
portait son Roleiflex sur le ventre sans changement possible d’objectif.
Le
baiser de l’Hôtel de ville où tant d’amoureux se sont reconnus a
été joué par des figurants mais peu importe. C’était une commande du magazine
Life qui comptait alors 3 millions de lecteurs, 1 300 000 pour Paris
Match, « le poids des mots le choc des photos », qui faisaient bien
vivre les photojournalistes regroupés dans des agences telles Rapho, Magnum,
coopératives qui ont permis aux auteurs de faire valoir leurs droits.
« Si nos épreuves sont
belles et parfaitement composées ce ne sont pas pour autant des photos de
salons […] En somme, notre image finale, c’est celle imprimée ». Cartier
Bresson.
Willy Ronis, photographiait au bruit, il avait
entendu les enfants de la péniche avant de déclencher.
Et comment ne pas entendre la musique Chez Max à Joinville, en
trois plans parfaitement mis en scène avec accompagnement, mélodie et basse ?
Ces marchandes de frites dans la lumière
que matérialise la fumée, ont la grâce.
L’époque du plan Marshall, celle de la reconstruction, de la
joie de vivre, c’est aussi l’Abbé Pierre et Jean-Philippe Charbonnier
qui dénoncent le scandale des mal
logés : Baraque en bois: logement à La Courneuve,
Les enfants
de Sabine
Weiss sont joyeux,
combative la Rose Zehner par Willy Ronis,
et toujours dignes les hommes sur tous ces clichés pas chocs.
et toujours dignes les hommes sur tous ces clichés pas chocs.
De 1955 à 1962, c’était pendant la guerre froide, une exposition à l’initiative du MoMa : « The family of man », « La Grande Famille des hommes
» qui regroupait les œuvres de 273
photographes a rencontré 9 millions de spectateurs dans 38 pays. Elle est
désormais installée au Luxembourg.
De la même façon que l’image de la France s’est agrémentée
d’amoureux, le défi de Cohn Bendit saisi par Gilles Caron
a construit une notoriété depuis ces moments
Cartier Bresson a beau dire avoir fait le tour
de la photographie en reprenant ses pinceaux, on a pu retenir de lui que
« photographier, c’est mettre sur la
même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur.» Son Brie
de 68 fait partie du Livre « Vive la France »
alors que « Paris
des rêves » est le titre du catalogue de l'exposition à l'Hôtel de
Ville de Paris qui a rendu hommage en 2010 à Izis, Izraël Biderman, dont l’homme
aux bulles de savon
ou une petite fille derrière une fenêtre ne
témoignent pas d’une attention particulière pour la précision ou la netteté
mais portent toute la beauté de ces personnages mis en lumière par le mouvement
parfaitement intitulé : « humaniste ».
« La photographie
c'est un art; c'est mieux qu'un art, c'est le phénomène solaire où l'artiste
collabore avec le soleil. » Lamartine le savait dès le début.
Merci pour ces belles images qui mettent l'Homme à l'honneur.
RépondreSupprimerC'est agréable de voir l'Homme à l'honneur, comme ça, et c'est devenu rare...
Vraisemblablement, Joni Mitchell avait la photo de Doisneau, "Le Baiser de l'Hôtel de Ville" en tête quand elle a composé une de ses chansons. C'est logique. Mais on n'a jamais embrassé à pleine bouche dans la "grande rue" (Main Street) de Paris comme elle semblait le croire... et puis, embrasser à pleine bouche devant l'Hôtel de Ville à Paris N'EST PAS embrasser dans la grande rue, loin de là...La grande rue est... commune, et commerçante, et l'Hôtel de Ville ne l'est pas.
Je suis devenue très circonspecte par rapport à la photo maintenant. Comme tu peux imaginer, je n'ai pas d'appareil photo, et je ne prends plus de photos. Je consens encore à apparaître sur les images familiales, parce que la famille y tient, mais, à vrai dire, je ne me reconnais plus sur les photos. C'est compliqué, tout ça.