dimanche 21 janvier 2018

Les bas-fonds. Maxime Gorki, Eric Lacascade.

« De quelle terre sommes-nous faits ?
Qu’est-ce que l’être humain veut dire ?
Comment vivre ? » 
Deux heures et demie de théâtre pourtant intenses ne peuvent répondre à de si vastes questions inscrites sur les documents accompagnant la représentation d’une sacrée troupe à la MC 2. 
On a beau savoir que les marges expriment souvent une vérité qui échappe parfois dans les grands motifs, et les comédiens peuvent bien avoir tous les talents, la mise en scène toute l’efficacité, le texte toute sa force : il y a des soirs où la fatigue prend le dessus. L’alcool des désespoirs moscovites ferait bien l’affaire, pour se réveiller ou s’assommer un peu plus, plutôt que d’être jeté sur le sol, avec classe et force.
Je me disais bien que j’avais vu ce genre de description du monde des exclus : c’était d’après le suédois Lars Noréns http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/03/la-salle-dattente-krystian-lupa.html très puissant.
Ici Lacascade n’est pas naturaliste dans une représentation de Moscou avant 1905, pas plus que dans l’anecdotique contemporain, sa pièce devient quasiment métaphorique, traversée d’une énergie qui tient le public réveillé.
« L'homme naît pour qu'un jour naisse un homme meilleur »
Un humaniste apporte à un moment un peu d’amabilité parmi tous ces déclassés qui crient,  expriment une vitalité imbibée mais restent seuls, meurent seuls dans un lieu communautaire où ils se croisent, se bousculent mais ne se rencontrent pas, n’ont pas d’histoire commune.
Le metteur en scène, familier des lieux, avait déjà présenté Gorki :
Tchekhov
Molière
Ces œuvres patrimoniales éclairaient le présent ; ce soir, le noir qui colorait le plateau m’a submergé.
« Il faut respecter l’homme ! Ne pas le plaindre…ne pas l’humilier par la pitié… c’est le respecter qu’il faut ! Buvons à l’homme, Baron ! C’est bien ça… de se sentir un homme !... »

1 commentaire:

  1. Que c'est difficile tout ça...
    Si tu regardes bien dedans, tu verras que la pitié est au genre féminin.
    Oui, j'ai bien dit.. au genre féminin.
    Donc, je dis qu'il y a quelque chose de cette infernale difficulté entre les sexes, cette difficulté qui vient de ce qu'un homme entre dans ce monde entre les cuisses d'une femme, et sort de sa matrice, et..
    C'est difficile, ça, pour vous, les hommes. Je ne fais que le constater.
    Pour les mères aussi, et les femmes, ce n'est pas de la tarte.
    Les hommes ont besoin que les femmes soient différentes (d'eux).
    Les femmes ont besoin que les hommes soient différents (d'elles).
    Et ça fait des paquebots qui se croisent silencieusement (ou pas) dans la nuit, et beaucoup de souffrance, tout ça.
    Des fois, il y a des miracles entre un homme et une femme.
    Ça dure... quelques minutes, tout au plus, et puis, les paquebots résument leur trajectoire.

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