« De quelle terre
sommes-nous faits ?
Qu’est-ce que l’être
humain veut dire ?
Comment
vivre ? »
Deux heures et demie de théâtre pourtant intenses ne peuvent
répondre à de si vastes questions inscrites sur les documents accompagnant la
représentation d’une sacrée troupe à la MC 2.
On a beau savoir que les marges expriment souvent une vérité
qui échappe parfois dans les grands motifs, et les comédiens peuvent bien avoir
tous les talents, la mise en scène toute l’efficacité, le texte toute sa
force : il y a des soirs où la fatigue prend le dessus. L’alcool des
désespoirs moscovites ferait bien l’affaire, pour se réveiller ou s’assommer un
peu plus, plutôt que d’être jeté sur le sol, avec classe et force.
Je me disais bien que j’avais vu ce genre de description du
monde des exclus : c’était d’après le suédois Lars Noréns http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/03/la-salle-dattente-krystian-lupa.html
très puissant.
Ici Lacascade n’est pas naturaliste dans une représentation
de Moscou avant 1905, pas plus que dans l’anecdotique contemporain, sa pièce
devient quasiment métaphorique, traversée d’une énergie qui tient le public
réveillé.
« L'homme naît
pour qu'un jour naisse un homme meilleur »
Un humaniste apporte à un moment un peu d’amabilité parmi
tous ces déclassés qui crient, expriment
une vitalité imbibée mais restent seuls, meurent seuls dans un lieu
communautaire où ils se croisent, se bousculent mais ne se rencontrent pas,
n’ont pas d’histoire commune.
Le metteur en scène, familier des lieux, avait déjà présenté
Gorki :
Tchekhov
Molière
Ces œuvres patrimoniales éclairaient le présent ; ce
soir, le noir qui colorait le plateau m’a submergé.
« Il faut
respecter l’homme ! Ne pas le plaindre…ne pas l’humilier par la pitié…
c’est le respecter qu’il faut ! Buvons à l’homme, Baron ! C’est bien
ça… de se sentir un homme !... »
Que c'est difficile tout ça...
RépondreSupprimerSi tu regardes bien dedans, tu verras que la pitié est au genre féminin.
Oui, j'ai bien dit.. au genre féminin.
Donc, je dis qu'il y a quelque chose de cette infernale difficulté entre les sexes, cette difficulté qui vient de ce qu'un homme entre dans ce monde entre les cuisses d'une femme, et sort de sa matrice, et..
C'est difficile, ça, pour vous, les hommes. Je ne fais que le constater.
Pour les mères aussi, et les femmes, ce n'est pas de la tarte.
Les hommes ont besoin que les femmes soient différentes (d'eux).
Les femmes ont besoin que les hommes soient différents (d'elles).
Et ça fait des paquebots qui se croisent silencieusement (ou pas) dans la nuit, et beaucoup de souffrance, tout ça.
Des fois, il y a des miracles entre un homme et une femme.
Ça dure... quelques minutes, tout au plus, et puis, les paquebots résument leur trajectoire.