Quand mis sur les rails, les retards, associés trop souvent
à l’entreprise des chemins de fer français, ne sont plus des problèmes, c’est
que les vacances sont là.
Nous retrouvons la bienveillance qui parfois nous abandonne
pour juger la voix nous invitant à rejoindre le bar, plus convaincante dans les
trains italiens que les annonces désinvoltes par notre compagnie nationale, désormais
sans wagons-lits.
Il fait bon se laisser conduire parmi champs et forêts
floutés par la vitesse, sans hésiter sur l’image élémentaire.
Aux arrêts, les hargneux de chez Montaigne ont d’avantage
griffé les murs que les cocasses de chez Boccace.
Sur les quais, des silhouettes fondues dans des souvenirs de
cinéma retrouvent leurs enfants ; un homme porte dans ses bras une peluche
démesurée.
Les grandes villes déroulent leurs stations modernisées, les
petites gares sont envahies par les herbes et les signataires sur ruines.
Les fils électriques scandent le ciel lisse d’un juillet qui
glisse et n’a pas encore saisi toutes les peaux.
Bien sûr, à pied, en vélo, se prennent les mesures du monde
et en avion, quelle jouissance de se
sentir puissant au dessus d’un monde lumineux ! Et passent à l’as,
kérozène et CO2, dans un souffle. Qui ne s’est pas émerveillé de s’endormir à
Francfort pour se réveiller à Panama ?
De tarmacs en tarmacs, le temps est chamboulé, nos atlas révisés,
nos histoires révolutionnées.
Mais cette fois, en trois trains pour aller à Venise, nous
prenons le temps qui si souvent galope hors contrôle.
Nous retrouvons livres et carnets, et des fenêtres par
lesquelles apercevoir nos semblables avec dans un coin, notre reflet.
«… prairies
condensées en effluves humides, velouté vert des sous-bois, humus, mousses,
bords d'eau croupissants, goudron des routes exhalant en vapeur nocturne les vestiges
de la chaleur du jour que vous humez encore tandis qu'un train d'autrefois vous
emporte dans la nuit où des mondes endormis, muets et clos roulent à rebours de
sa fuite, leur lumière venant poindre jusque contre les parois du compartiment
obscur, y étirant un vitrail vacillant et momentané qui luit encore après
qu'ils ont disparu du pan de ciel noir qu'encadre la fenêtre :
embrasements au passage des gares désertes que l'on brûle, étoiles filantes,
traits qui cinglent, galopent…»
Anne F. Garréta.
Anne F. Garréta.
En jouant des mots avec entrain, sans s’épargner le
train-train des banalités, je suis enclin à jouer sur ce terrain, l’antienne
« en même temps » : si bien des tortillards ont été conservés
pour les touristes, entre deux pôles urbains, où Grenoble n’a plus l’intention
de jouer, il est utile qu’aillent comme le vent, des TGV. La priorité qui leur
fut accordée ne devrait plus affecter la ponctualité et la fiabilité des trains
de banlieue mais le « en même temps » n’est pas toujours jouable.
On m’a dit le plus grand bien des cars Macron, pas chers et
peinards.
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