vendredi 17 novembre 2017

Sélection.

Au nom de l’égalité, une fantomatique UNEF refuse, toute autre solution que le tirage au sort pour accéder à certaines formations universitaires. Pourtant je n’ai pas entendu  relever l’absurdité de cette position par éditorialistes ou comiques, moralisateurs patentés portés semble-t-il sur les jeux de hasard.
Le manque de courage deviendrait-il constitutif de l’institution éducation nationale, aggravant un état de confusion intellectuelle déjà inquiétant ?
C’est que l’affaire vient de loin, s’il est nécessaire de rappeler qu’un ingénieur agronome n’a pas plus de valeur, ni moins, qu’un paysan.
L’égalité a-t-elle oublié qu’elle commençait là, et non dans l’illusion que tout le monde peut devenir chirurgien ? N’est-ce pas furieusement de gauche, oh dispensateurs de palmes et de titres, palmarès et étoiles ?
L’accès à des études d’architecte se mérite et tout le monde ne peut pas devenir plombier ou intermittent du spectacle.
Quand nos enfants ne veulent plus conduire les trains, transmettre des savoirs ou soigner leur prochain, c’est que la crise de civilisation est là. Je ne sais plus voir que ça.
Avons-nous construit une société si dure que tout travail semble mener au « burn out », toute implication à l’école conduisant à « la phobie scolaire », quand chaque homme est vu comme un cochon ? Pourtant nous sommes sommés d’être des consommateurs avisés, des papas irréprochables, des citoyens impliqués, des mâles performants, des sélectionneurs de foot visionnaires (Ciao la squadra) ; tout en évitant toute généralisation. Les gendarmes se suicident et les paysans se pendent.
Nos mômes, nous les avons saoulés de mots ouatés, étouffe-chrétiens : résultat, ils veulent être vendeurs, alors qu’Amazon les réduit à zoner. Les mots « vocation », « transmission », ont disparu sous les sarcasmes et les Diafoirus qui n’ont que chiffres en tête pour remédier à cette crise sociétale réclament : des sous ! Des sous ! Pour en faire quoi ? Aller se bronzer sur quelque plage bondée aux abords des paradis de papier ?
Ceux qui tiennent micros et claviers, dont la progéniture est dans les bonnes écoles - parce  qu’il y a de bonnes écoles - savent bien que le devenir des jeunes tient plus au carnet d’adresses des parents qu’à un mérite qu’ils vilipendent ; l’égoïsme et la mauvaise foi rencontrant  la paresse.
Pourquoi interdire à ceux qui veulent travailler la langue, d’étudier le latin ? Plus précisément : ceux qui ont des parents qui se font encore entendre. C’est une filière sélective et alors ? Gribouille avait supprimé le recrutement des profs de « langues mortes », il sera plus difficile de rebâtir confiance et envie autour d’un domaine que j’ai cru trop vite combat d’arrière garde.
Si les chambardements politiques de l’heure sont excitants, les embrouillaminis, les raccourcis, les facilités, les théâtralisations qui rejouent les brigades internationales, comme par exemple à propos de la Catalogne, sont navrants. Et que d’hystéries sans lendemains quand  voudrait se reproduire une rue Soufflot essoufflée dès qu’il est question d’enseignement supérieur.
Les débats sur l’école ajoutent l’hypocrisie à des mesures masquant les problèmes.
Les moyens conséquents à mettre en œuvre ne concernent pas forcément les salaires mais rien que pour assurer des heures consacrées sérieusement aux devoirs, il faudrait que les impôts rapportent.
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. » Marc Aurèle
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Petite annonce : A l’occasion du festival de solidarités du Grésivaudan, les compagnons d’Emmaüs reçoivent l’association Alpes Himalaya afin de réaliser un mandala de sable du mardi 21 novembre à 14h  au samedi 25 novembre à 17h. 304 rue Henri Giraud 38420. Le Versoud.
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Les dessins sont  parus dans « Le Monde » et « Marianne ».

2 commentaires:

  1. Ce n'est que très tardivement que j'ai appris que Marc Aurèle fut l'auteur de cette citation qui me venait... de ma grand mère, qui n'a jamais ouvert un livre de Latin...voilà longtemps que je garde précieusement tout contre moi cette citation qui me semble... sagesse.
    Pour la loterie, tu sais que la démocratie athénienne préconisait de choisir ses gouvernants, me semble-t-il, par loterie...
    La loterie a le mérite de calmer un peu les ardeurs autour de ce problème si épineux du mérite...Le mérite, que ce soit.. mérite du Salut, mérite de la Santé, mérite du Boulot/Prince Charmant, est une boite de Pandore incroyable, parce qu'il faut déterminer qui l'a, et qui ne l'a pas. Le mérite... c'est comme la grâce, en fin de compte. Même combat.
    Tu te souviens maintenant qu'un des enjeux fondamentaux de la Renaissance est de transformer le rapport à l'antiquité. Contrairement à ce qu'on nous a raconté dans nos manuels, et que nous avons cru, le Moyen Âge n'ignorait pas les "acquis" de l'antiquité greco-latine, mais nos ancêtres avaient un autre rapport avec cette antiquité. Surtout... ils ne se disaient pas que pour forger le meilleur des mondes, il suffisait de se contenter d'imiter/copier l'antiquité.
    A force de donner des coups de hache à notre héritage religieux, nous avons laissé ressurgir les valeurs du Rome... "classique" : républicain et impériale, d'ailleurs.... Marc Aurèle, oui, mais Marc Aurèle a vécu dans une société où le travail était une affaire d'esclaves, ou la valeur de la personne, et de sa vie, était nulle et non advenue, et un bon aristo ne voulait surtout pas se salir les mains, qui pendouillaient au bout de ses bras, blanches, lisses, et.. inactives.
    On a cru, et fait croire au plus grand nombre (je ne dirai pas au peuple...) que l'éducation était la voie royale pour accéder à la noblesse... style Rome antique : à la richesse, à la gloire, (à la sécurité), et qu'on pouvait.. réduire ce qui résulte en partie du hasard, de la roue de la fortune, des rencontres fortuites à une conduite rationalisée. L'éducation n'est pas une garantie de la sécurité, ni de la richesse, et vouloir faire en sorte qu'elle le soit, ou faire croire qu'elle devrait l'être, la fait chuter dans un statut de pur.. INSTRUMENT, la privant d'une valeur en soi.
    Dois-je te dire combien nous méprisons.. les instruments ?....
    Personnellement, j'aimerais bien que nous ne les méprisions pas, mais, encore une fois, je crains que les valeurs cachées de cette civilisation dont notre incroyable folie décrète que la langue est morte sont à l'oeuvre...à notre insu...

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  2. Je me sens du coup bien conventionnel en recevant ce commentaire fort dont je te remercie.Je ne sais si je l'ai mérité.

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