Des milliers de constructions portant des
décors en arrière de la table d'autel sont présents dans l’espace
germanique depuis une époque gothique qui s’y était quelque peu attardée.
Le conférencier est déjà venu présenter la ville de Berlin
aux amis du musée de Grenoble http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/12/berlin-naissance-dune-capitale-daniel.html,
il nous a donné un aperçu d’une production de sculptures particulièrement riche
autour du XV° siècle entre Baltique et Tyrol, vallée du Rhin et Cracovie. Les écoles étaient nombreuses de Souabe, Franconie, Saxe, Westphalie... Autel à Blaubeuren.
Dans ces pays luthériens, le patrimoine où figurent quelques
saints et tant de sculptures de la Vierge a été particulièrement bien conservé.
Les guerres de religion et la révolution en France ont détruit beaucoup
d’œuvres médiévales et la réforme à l’anglaise, iconoclaste, a été radicale. Le
terme « gothique » était devenu péjoratif, en Italie les productions
au goût du jour au XVIII° ont remplacé celles du siècle précédent, ce fut « la
baroquisation ». L’Allemagne après la guerre de 30 ans n’avait ni le goût
ni les moyens de ces fantaisies et quand la prospérité revint, les romantiques
remettaient les Goths à la mode. Le retable des Clarisses Cologne.
C’est là avec Sainte
Ursule (les Ursulines) dont on voit Trois
de ses douze compagnes que se développa un commerce des reliques autour
de « onze mille vierges ».
Après parait-il une erreur de lecture, ce nombre est resté dans la légende, et
dans la géographie pour certaines îles lointaines. Ce fut un des éléments qui a
précipité, le 31 octobre 1517, Martin
Luther à clouer ses 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg, marquant
ainsi la naissance de la religion protestante.
Dans la ville de Brandebourg sur Havel, qui fut une capitale
du Saint Empire Romain Germanique, la cathédrale
Saint-Pierre et Saint-Paul, en pleine terre de mission
catholique entre Elbe et Oder, appartient maintenant à l'Église évangélique. Dans
certains lieux de culte les deux religions cohabitaient après s’être entretuées.
Les retables souvent refermés ont pu y conserver de vives couleurs.
Pour celui du St Sang à Rothenburg, le travail de
Tilman Riemenschneider
est tellement remarquable que l’absence de couleurs deviendra la norme.
A Bad Doberan, sur la « route
du gothique de briques » ou « gothique baltique », l’abbaye
cistercienne fut une nécropole princière ; le retable présente une face
pour la communauté des fidèles, l’autre pour la congrégation.
L’ouvrage consacré
à Saint Georges à Wismar mesure
huit mètres de long,
et le maître-autel
de l’église de Blaubeuren
par la famille Erhart a
une hauteur de près de douze mètres. Pas toujours conservés, des gâbles (pignons triangulaires) fragiles surmontent
la huche(caisse) qui repose sur une prédelle (socle) sculptée elle aussi.
Le plus grand retable en bois d'Europe est revenu à Sainte
Marie à Cracovie après avoir été démonté par les nazis. Y figure
l’arbre de Jessé (la généalogie de la Vierge).
Vers Lunebourg, ville rattachée à la
ligue hanséatique et prospère grâce au sel, les bateaux transportaient aussi
des œuvres d’art, depuis Bruxelles qui exportait ses produits artistiques en
série et adaptables aux clients. Détail
du retable d'Anver (1518), présentation de Jésus au Temple, Marienkirche.
Je recopie le
travail d’un élève d’un lycée Maurice Ravel pour conclure autour de Tilman
Riemenschneider. Son art
annonce la renaissance et « il est aussi intéressant par sa prise de position pour la guerre des
paysans (1525), ce qui lui valut la torture, la perte de ses charges
(bourgmestre) et la confiscation de ses biens » Retable de la Vierge église de
Notre-Seigneur à Creglingen.
Cavanna :
« Les maçons du
Moyen-Age savaient parfaitement que Dieu n'existe pas, mais ils espéraient qu'à
force de lui bâtir des cathédrales, il finirait par exister. »