A tourner autour du pot (au noir) des intentions de vote, je
vais essayer d’éviter la mise en accusation vaine et déplaisante qui désigne
toujours l’autre comme coupable : l’étranger, le banquier, le
fonctionnaire … la société.
Je ne peux m’empêcher de me délecter du spectacle de la
droite pour me réancrer à gauche ; en ce moment c’est fête.
A voir ces foules défendant l’indéfendable, donnant à ses
enfants comme modèle malhonnêteté et cynisme, nous nous enfonçons nous aussi
dans l’ère de la « post vérité » où les faits sont ignorés sciemment.
Ces comédies crépusculaires sont accablantes.
Le constat de l’impuissance de nos gouvernants se conjugue
avec nos débilités personnelles et s’amplifie avec les réseaux sociaux où le
doigté compte plus que la réflexion.
Les minutes nous manquent et l’anonymat amène toutes les
outrances sur nos écrans : les seules expressions douces sont réservées aux chatons ou
à quelques niaises resucées new age.
« Il est
difficile d’attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout lorsqu’il n’y
est pas »
La période est à l’outrance et au « dégagisme »,
un réflexe plus qu’une réflexion, et l’appel aux extrêmes se vit comme un jeu
virtuel, mis en couleurs par des distributeurs de haine délirants.
Alors que les Diafoirus du ministère de la destruction
publique ne cessent de dire que l’école écrase depuis toujours la confiance des
élèves, à mesure que la confiance en l’école s’effondre, les bardés de
certitudes, les grandes gueules ont plus que jamais voix aux chapitres, mimant
la force et minant la nouveauté tout en appelant au renouvellement.
La déploration que rien ne bouge ne s’embarrasse pas de
contradictions en tapant sur chaque proposition inédite.
Progressisme et conservatisme se mélangent quand une
nouvelle construction à l’horizon de son pavillon convoque le conservateur de
platane paré en défenseur de la planète.
A mesure que les délimitations politiques s’affadissent, les
catégorisations évitent l’examen des propositions : ça c’est de droite
donc poubelle, ça c’est de gauche : poubelle. N’en jetez plus.
Bon courage à ceux qui veulent réconcilier notre nation
depuis le centre.
Les flèches venant de toutes parts contre Macron, le jeune
effronté qui prend de l’épaisseur en position centrale, auraient tendance à
solidifier mon choix au mitan.
Les irascibles indignés seront trop heureux de continuer
leur perpétuel combat dans l’opposition ; pour ma part je préfère les projets
positifs annonçant la couleur loin d’ambitions radicales et infaisables mais portant
une vision optimiste de notre société qui est quand même bonne fille.
Nous fuyons : répondant à côté des questions, virant au
bulletin blanc, marine ou rouge de chez rouge, quand s’approche un choix et
c’est ainsi que dans l’attente du prince charmant on se retrouve seul (e) ou
avec quelqu’un qu’on ne voulait surtout pas.
…………..
Les illustrations sont du « Canard » de cette
semaine.
Je crois que tu as raison de parler comme tu parles, là, Guy, mais j'avoue que je ne suis pas plus raisonnable que... la vaste majorité à l'heure actuelle, à ma manière.
RépondreSupprimerFuyant notre grande inconséquence, je me délecte à lire et relire "Les Bacchantes", d'Euripide, peut-être la dernière pièce d'un très grand désillusionné de la démocratie athénienne, avant qu'il ne décampe pour la Macédoine.
Tu peux y voir Tirésias et un autre vieux s'attifer de la tenue et des moeurs de la modernité par cynisme, avec la certitude que plus ça bouge, plus c'est la même chose, ou.. Penthée se faire crucifier à la grecque par refus de se plier au déferlement des exigences de la modernité, et bien sûr, le nouveau dieu n'a aucune pitié pour la pauvre femme, Agave, MERE de Penthée, pendant qu'on y est...(leçon numéro 1, le sort de la femme est inextricablement lié à celui de l'homme, et ce qui détruit les hommes finit par détruire les femmes par ricochet.)
L'idée de me déguiser comme Tirésias ne me botte pas plus que ça, tout compte fait, mais... en décadente que je suis, je ne sais pas ce que je ferai si/quand ? on viendra m'emmener pour la crucifixion...
Si seulement nous ne jouissions pas en vidant la baignoire avec l'eau et le bébé dedans, nous atteindrions au sommet de la Raison, mais... ce n'est pas pour demain, et puis, je ne crois pas que ce serait souhaitable, non plus.
Notre monde résiste à notre projet d'en faire un paradis...