Quel exploit ! Parti du Mont Blanc le 14 juillet 2011
et revenu 15 mois après une périple suivant scrupuleusement les frontières de
l’hexagone, passant par Ouessant en ce qui concerne la position la plus à l’Ouest
et la Corse pour le Sud, nous suivons le natif de l’Anjou établi dans les
Hautes alpes sur 320 pages.
Alpiniste de haut niveau, sans tous ses doigts de pieds, il va
utiliser tous les moyens à l’exception des véhicules à moteur pour mener son
entreprise périlleuse:
vélo, voilier, kayak, allant jusqu’à suivre des frontières
souterraines dans les Pyrénées.
Depuis Frison Roche dans l’adolescence, je n’avais pas lu de
tels récits :
« Nous plongeons
dans cette arête des Hirondelles, 700
m d’un vertigineux toboggan, entrecoupé de blocs plantés
comme des herses. Tout à coup nous nous sentons lents et pesants, engoncés dans
nos armures d’homme »
Il n’est pas toujours tout seul : des sherpas le
rejoignent, des amis l’accompagnent, sa femme le suit en camping car et assure
la logistique : des histoires d’amitié et d’amour, de ravissements et de
dangers.
« Les pointes
émoussées des crampons couinaient sur la roche au travers d’une couche de neige
inconsistante, je swinguais dans une danse macabre, passant d’un précaire
équilibre à un autre. »
Mais s’il y a matière à impressionner le sédentaire aux
horizons Windows, il va à l’essentiel sans insister dans des louanges à la
nature et récolte volontiers des paroles de compatriotes heureux de vivre où
ils sont.
Le bonhomme dur au mal, maigre comme un clou, sait apprécier
les plats régionaux et les alcools locaux, les beautés des paysages, sans ignorer
les espaces abîmés.
« La
transylvestre, promenade à travers les richesses naturelles d’un territoire
transfrontalier, me ravit par ses paysages d’une nature paisible et surtout par
les citations distillées sur des panneaux explicatifs. Comme si, parce que la
frontière a synthétisé de nombreux évènements par trop tragiques, le doigt est
mis sur l’essentiel, imposant par là une prise de conscience, et l’urgence d’un
changement :
« A l’échelle
cosmique l’eau est plus rare que l’or » (Hubert Reeves) ou encore
« Ecoutez la
forêt qui pousse et non l’arbre qui tombe » (Friedrich Hegel) »
Il apporte des références historiques indispensables, des
précisions sur les sols et les natures de roches. Homme complet, le sportif est
aussi littéraire, sociologue sans prétention, écolo sans surplomb, philosophe
sans baratin, authentique, en colère et en harmonie, il avait arpenté bien des
sommets de la planète, là il chante souvent « Douce France » par
monts et par vaux.
Il apporte de jolies nuances et une tangible force à la
définition d’identité, en finissant par ces trois mots : « Fraternité, Egalité, Liberté ».
Merci, ça a l'air intéressant ; je note.
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