Il faut bien 20 minutes pour descendre le Napo dont
nous voyons plusieurs affluents. Nous apercevons des pêcheurs qui lancent leurs
filets et deux orpailleurs qui travaillent. Nous sommes les premiers visiteurs
au refuge encore fermé, où une jeune allemande nous confie à un étudiant en
école de commerce à Lille, l’un des 12 volontaires employés dans le sanctuaire.
Tous les animaux soignés ici proviennent du marché
noir ou ont été abandonnés par leurs propriétaires plus ou moins licites. Le
but est de pouvoir relâcher le plus de pensionnaires dans la forêt, sans mettre
en danger la vie sauvage en transmettant
des bactéries contractées chez les humains, sans réinsérer non plus ceux qui en sont
incapables physiquement (un ara aux ailes coupées par exemple) ou ne sachant se
nourrir seuls.
Nous avons ainsi la possibilité de voir des bêtes dans des cages
adaptées et dans leur milieu naturel, que nous ne pourrions apercevoir
autrement : des singes écureuils en liberté s’élancent de branches en
branches, ce sont d’anciens
pensionnaires relâchés qui se sont multipliés et trouvent plus pratique de
continuer à se nourrir ici. Nous avons vu deux toucans à ne pas approcher, des aras de différentes couleurs, des perroquets verts, des singes araignées avec le dénommé Rétro, triste et affectueux, des singes avec une tête proche des ursidés, des pécaris dont l’un tète avec bonheur le bout de mes chaussures, des tapirs dont on apprend l’appartenance à la famille du cheval, des ocelots, un anaconda, des tortues partagent leur bassin avec un petit caïman.
Les aras et les perroquets s’agrippent aux grilles aussi bien avec leur bec qu’avec leurs pattes et les aras s’élancent parfois en déployant leurs ailes dans un vol majestueux. Ils sont capables de produire un vacarme puissant.
Les singes se servent de leurs membres et de leur queue pour se suspendre et progresser. Dans une cage un « serial killer » ne peut supporter la présence d’un autre mâle qu’il provoque et qu’il tue : il n'accepte la société que de ses femelles et de ses fils.
Nous avons reçu la consigne de ne pas parler aux animaux notamment aux oiseaux et de ne pas les nourrir.
Le coût de l’entrée permet entre autres de financer la nourriture des bêtes. Une maison sans eau ni électricité tenue par deux personnes a été conçue plus profondément dans la jungle pour mieux acclimater les animaux et les habituer à l’absence de l’homme.
Notre jeune guide se laissera peut être
tenter par l’expérience. Cette association créée par des suisses, fonctionne
grâce à des volontaires du monde entier.
Nous reprenons la pirogue qui nous dépose à
l’embarcadère où nous retrouvons notre chauffeur.
Il faut refaire le chemin jusqu’à Baños et c’est sans scrupule que
certains s’accordent un petit temps de sommeil. Nous faisons halte à Las
Américanas dans un restau où nous découvrons le cevice et nous calons face à un
plat de riz aux fruits de mer spécialité du coin.
Nous reprenons la route pour Riobamba où nous arrivons vers 18h avec quelques hésitations pour
trouver l’hôtel Estacion situé à côté d’une gare désaffectée. Il n’existe plus
de chemin de fer en Equateur depuis l’arrivée des voitures made in USA, hormis
ceux restaurés pour les touristes.
L’hôtel est une bonne surprise d’ailleurs
recommandé par le Routard. Après avoir appuyé sur une sonnette, on
pénètre dans un couloir bordé de vitrines d’expositions : sculptures
précolombiennes, fers à repasser vapeur… qui nous conduit à la réception. De là
part un escalier en bois qui mène à chaque étage à un petit salon, entre deux
chambres. Le proprio aime la brocante avec de vieilles machines Singer,
d’antiques radios disposées sur les étagères de la cage d’escalier. C’est
cosy : peu de lumière mais beaucoup de charme. Nous ne nous attardons pas
cependant car en chemin nous avons aperçu le grand marché du samedi. Nous n’en voyons que la fin car les marchands remballent, les machines à coudre sont à l’arrêt et attendent d’être pliées.
Nous nous promenons dans une ville paisible où les gens s’habillent élégamment les hommes portant costume et cravate pour aller manger. Une limousine telle un « corbillard » fleuri attend devant une église la sortie des mariés.
Nous n’avons pu entrer car deux invités surveillent l’entrée de la nef. Il y a plusieurs parcs dotés de bancs, écrins de statues en bronze. Nous déambulons jusqu’à 7h et rentrons à l’hôtel où nous devons prendre contact avec notre nouveau guide, José, remplaçant d’Edgar, envoyé par l’agence de Quito suite à nos récriminations. Il est barbu et sous sa casquette a tout du style révolutionnaire sud américain tel qu’on l’imagine. Il joue d’emblée son rôle en faisant un petit topo. Nous allons manger et nous nous en remettons à notre Commandante pour le restau. Nous ne sommes pas déçus : menu à 2,50 $ : soupe aux tripes ou consommé de poulet, jus de fruits, plat de carne avec riz et macédoine, gâteau marbré. Pendant que nous mangeons, un jeune s’approche de nous et nous demande si nous sommes français : il est haïtien et adore la France qu’il fréquente quand il peut, amateur de foot et amoureux de Paris …
Nous rentrons vite nous coucher, le réveil doit
sonner à 4h 30. Aïe !
Nous avons fait nos adieux à notre guide Edgar, en
tenue relax/maison, fatigué, qui nous souhaite bon voyage avec sincérité et réaffirme
son amour de la langue française. Mais il ne peut s’empêcher une nouvelle
(ancienne) blague grivoise :
« Quel est le
comble pour une musicienne ?
Mettre le do sur le sol
pour l’introduction du morceau … »
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