Depuis que je vais au théâtre, il m’arrive de me sentir blasé face à des scènes annoncées à
grands coups de buccin ; alors quand je découvre totalement, un spectacle
neuf à mes yeux, mon plaisir est multiplié.
A « L’heure bleue » à Saint Martin d’Hères, j’ai
vu, mis à nu, un nouveau talent dont la malice, la finesse remue les émotions
et la réflexion bien autant que des machineries complexes et ambitieuses.
Il parait qu’il est sur France Inter que je n’écoute plus
que parcimonieusement, agacé, justement par la rigolade permanente, le
ricanement systématique, le mélange des genres qui sape les politiques et la
politique. Je ne l’ai pas vu non plus à la télé avec Yann Barthès qui me lasse aussi en
bonimenteur cynique.
Bref, en dressant
vivement son autobiographie tendre et drôle, le jeune homme renouvelle
le genre stand up. Il a joué « très tôt avec les tréteaux », après
avoir été touché par la grâce en regardant Muriel Robin. Il se permet de mettre
tous les degrés de son côté en un emboîtement familier du théâtre dans le
théâtre tout en nous surprenant souvent. Il s’amuse de nous et nous rions dans
les tunnels, il se dispense de chute à ses sketchs dans un spectacle dont on reprendrait
bien sans fin, une tranche.
Il revient sous les applaudissements nourris et son bonheur
d’être là est sincère, alors que sa promenade sur le fil de l’impudeur et de la
pudeur a été très professionnellement ciselée.
Nous nous sommes senti respectés dans les mêmes termes
qu’Ariane Mnouchkine qu’il cite dans une interview :
« Il ne faut
jamais oublier quand on monte sur scène qu’il y a des gens qui viennent au
théâtre pour la première fois et d’autres pour la dernière fois. »
On a croisé Marguerite Duras, Alice Sapritch, son papa et sa
maman adoptifs: c’est fort et profond, on sourit et on est aux aguets. Merci.
« On naît, on vit, on meurt, »… c’est donc mieux « s’il
se passe quelque chose »… d’où le
titre.
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