mardi 13 décembre 2016

Peut-on rire (encore) de tout ? Cabu.

Un militaire, un rappeur, un policier, un juge, un psy, un cuisinier, un travailleur du nucléaire,  et bien sûr tous les ministres des cultes ouvrent leur sinistre bouche pour dire en couverture : 
« NON ! »
Et Cabu dans cet album de 150 pages au Cherche Midi disait 150 fois oui.
Depuis, il ne dit plus rien, et toutes ces gueules hurlant le silence et la mort ont gagné avec celui dont on voit pointer deux petites oreilles diaboliques qui le rendaient presque plus attendrissant que l’original : Sarko et tout ceux dont il fut le nom.
On serait déçu s’il n’y avait pas quelques classiques parmi les personnages caricaturés dans ce recueil : Johnny, Madame de Fontenay, Berlusconi… mais on mesure les dégâts du temps à pressentir ce que tant de non lecteurs répondraient à la question : peut-on rire de la burqa, des tapeurs, de la laïcité, de Dieu, du droit des femmes en Iran, du made in France, de la banlieue ?
Les cortèges  d’un jour derrière Charlie sont oubliés, celui des indifférents, des violents ont pris de l’ampleur avec ceux qui considèrent que c’est… la laïcité le problème.
Quand les méthodes de la mafia  sont appliquées au débat d’idées avec Mehdi et Badrou, en vedettes dans les colonnes du Monde, auraient souhaité en un tweet qu’on « casse les jambes » de Finkielkrault, là le rire s’arrête.

1 commentaire:

  1. Tu sais, Guy, maintenant, que je lisais Charlie Hebdo bien avant les événements récents.
    C'était un journal où il y avait de la matière. Je lisais Oncle Bernard avec plaisir, et intérêt. D'autres encore. (Maintenant j'ai déserté le journal...ça doit être l'âge, le conservatisme.)
    Mais... certains dessins... je ne dirais pas qu'ils me choquaient. Parce que, finalement, je suis bien plus libre que beaucoup de mes concitoyens qui se pensent "libres". Dans les années '70, j'avais gouté à la drogue, à la fameuse "liberté" sexuelle, et je cultivais une marginalité qui a fini par me coller à la peau. Je ne m'en défais pas.
    Mais, malgré tout cela, les dessins de Charlie, surtout ceux qui, de mon point de vue.. se foutaient de la gueule de personnes professant une foi et une pratique religieuse, cela me semblait la preuve... tangible de l'intolérance de ce qu'on qualifiait de laïcité à la française.
    Et ça me mettait mal à l'aise. (A-t-on le droit de se foutre.... de la République ? de l'école ? des professeurs ? du service public ? du Président de la République ? Se foutre de la gueule de, c'est le B.A. Ba de l'humour ?)
    Non pas spécialement par peur de représailles, à l'époque, mais mal à l'aise avec le sentiment qu'il y avait, qu'il y a encore une sorte d'impunité qui n'est pas si bon enfant que ça. (Et après tout, ce serait...une excuse, que ce soit "bon enfant" ?...)
    La "liberté" de TOUT dire, de TOUT penser ? De se penser.. "libre", parce qu'on dit, fait, pense... TOUT ?
    Je pense que le danger réside.. comme toujours... (!...) dans le mot "tout" qui est un mot qui rassemble, totalise, et unifie.
    Je crois que nous devrions être convaincus maintenant qu'il y a de graves inconvénients dans... trop de rassemblement, trop de total, qui verse vite dans le totalitarisme, et trop d'unité, comme il y a des inconvénients dans pas assez.
    Moi, je ne les ai jamais trouvé rigolos, ces dessins...
    Laids, vulgaires, provocants, mais pas rigolos.
    Et si les Français se rassemblent pour clamer leur droit de... TOUT dire dans leur attachement à ces dessins provocants, comme emblème de la "liberté" d'expression, je trouve cela triste. En tout cas, ça ne ME rassemble pas...il y en a d'autres que ça ne rassemble pas, je le sais...
    Et quand on a dit cela, on a le moyen de commencer à penser ce qui s'est passé lors des élections présidentielles américaines.. pour ceux qui ont envie de penser au delà de l'idéologie, et la désinformation médiatique dont nous ne souffrons pas tant que ça, manifestement, en France.
    Et pourquoi pas ? cela POURRAIT donner à penser pour ce qui RISQUE de se passer lors des prochaines élections présidentielles.. françaises...

    RépondreSupprimer